SILVERSTONE, Royaume-Uni - Trois courses consécutives sans podium et une nouvelle erreur lors du Grand Prix de Grande-Bretagne dimanche : le quadruple champion du monde de Formule 1 Sebastian Vettel est l'ombre de lui-même, provoquant des spéculations sur son avenir.

« Difficile », c'est avec ce mot que l'Allemand, quatrième seulement du classement des pilotes à cent points du meneur Lewis Hamilton (Mercedes) et treize du troisième Max Verstappen (Red Bull), résume les dix premières manches de sa saison.

Pour la troisième fois de suite en fin de semaine, il a aussi été battu en qualifications et en course par son jeune équipier Charles Leclerc, qui dispute à 21 ans sa deuxième année parmi l'élite, la première chez Ferrari. 

En conséquence, le Monégasque, qui a été deux fois en position de gagner un GP (à Bahreïn et en Autriche) contre une seule pour Vettel (au Canada), fond sur ce dernier au Championnat : cinquième, il ne pointe désormais plus qu'à trois longueurs.

Depuis le rendez-vous de Montréal début juin, où une faute en piste, alors qu'il était sous la pression de Hamilton, a conduit les commissaires à le priver après l'arrivée de son premier succès de 2019 (pénalité de cinq secondes qui a permis au Britannique de s'imposer), le pilote de 32 ans apparaît par moment maussade, presque résigné.

« J'ai quelques difficultés dernièrement pour trouver de la performance sur un tour », admettait-il samedi après avoir dû se contenter du sixième temps des qualifications (contre le troisième pour Leclerc). « Pour être honnête, je ne saurais pas dire pourquoi », a-t-il ajouté dimanche.

« C'est mon erreur »

L'Allemand venait de se classer seizième et avant-dernier du GP après avoir percuté Verstappen par derrière alors que tous deux se battaient pour la troisième marche du podium. « C'est mon erreur », a-t-il reconnu par la suite, la première fois d'une voix étranglée.

« Erreur », un mot que Vettel a souvent refusé de prononcer ces deux dernières années, alors même que ses fautes et celles de la Scuderia l'ont empêché de lutter jusqu'au bout pour le titre mondial face à un Hamilton quasiment irréprochable.

Passage à vide ou passage de témoin? La situation n'est pas sans rappeler 2014, quand un autre jeune loup Daniel Ricciardo, alors âgé de 24 ans, le bousculait chez Red Bull. Le quadruple champion du monde en titre n'avait remporté aucun succès, pour la première fois depuis 2007, quand l'Australien, lui, en engrangeait trois.

Et pour retrouver un élan, Vettel était parti l'année suivante chez Ferrari.

L'histoire se répéterait-elle? « Pas vraiment, estime l'intéressé. Premièrement, c'était il y a longtemps. Deuxièmement, c'est vraiment différent. Le résultat final fait défaut ici ou là, mais je crois que nos courses auraient pu se terminer autrement. » 

« Pas trop inquiet »

« Ce tour (celui auquel il a percuté Verstappen, ndlr) n'était pas bon. Peu importe, ça arrive, poursuit-il. Les tours d'avant étaient assez bons. On a commencé sixième, on s'est retrouvé troisième à un moment et ça n'est pas par chance. »

ContentId(3.1328626):F1 : Hamilton est roi chez lui (course automobile)
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« Les autres courses aussi auraient pu être différentes, donc je ne suis pas trop inquiet », assure le natif de Heppenheim. « Mais je sais que je peux avoir de meilleurs résultats le dimanche, donc je regarde désormais vers l'Allemagne », où aura lieu le prochain GP le 28 juillet.

Un nouveau week-end sans alimenterait encore les rumeurs de retraite en fin de saison, que le pilote, père de deux fillettes, a démenties, ou de retour dans le giron de Red Bull.

Volant à son secours samedi, son patron chez Ferrari, Mattia Binotto, a tenté d'enfoncer le clou : « Seb est heureux en ce moment. Il le serait plus en gagnant des courses, mais il est entièrement impliqué et déterminé ».

Hockenheim serait l'endroit idéal pour le prouver. Vettel sera devant son public, mais surtout là où il a commis l'une de ses plus coûteuses erreurs l'an dernier, sortant de piste, surpris par la pluie, alors qu'il menait largement.

Faut-il y voir rétrospectivement un tournant dans sa trajectoire? Depuis, l'Allemand n'a plus gagné qu'une course. C'était en août dernier en Belgique.