SAO PAULO - L'écurie Red Bull devra choisir entre stratégie d'équipe ou liberté totale dimanche lors du dernier Grand Prix de la saison à Abou Dhabi, pour permettre à l'un de ses deux pilotes, Mark Webber ou Sebastian Vettel, de décrocher le titre au détriment de Fernando Alonso (Ferrari).

Les trois hommes se tiennent en à peine 15 longueurs. L'Espagnol Alonso, meneur du Championnat avec 246 points, devance l'Australien Webber (238) et l'Allemand Vettel (231) qui, grâce à sa victoire au Brésil, revient en toute fin de saison dans la course au titre.

La 19e et dernière course de l'année 2010 sera donc décisive. Le trio s'embarque dans une lutte serrée rappelant le dénouement de la saison 2007, quand Kimi Räikkönen, sur Ferrari, avait soufflé pour un point le sacre aux coéquipiers ennemis Lewis Hamilton et Fernando Alonso.

À l'époque, la rivalité entre les deux hommes, qui avaient multiplié les coups bas l'un envers l'autre à longueur d'année, avait mené McLaren à sa perte. Red Bull, qui connaît une situation plus ou moins identique, bien que moins ouvertement déclarée, ferait bien de se méfier.

L'écurie austro-britannique a, officiellement, choisi de ne privilégier aucun de ses deux pilotes. Webber reproche pourtant à demi-mot à sa formation de favoriser Vettel, pur produit de la filière Red Bull.

"La perception est que Sebastian est le nouveau gars qui arrive, qui casse tout, boum boum. Donc il y a beaucoup d'énergie pour le soutenir. C'est normal. Parce que je suis un vieux monsieur, (34 ans ndlr) que je n'ai plus 24 ans, c'est un peu différent", soupirait-il avant le Grand Prix d'Interlagos, dans un entretien avec l'AFP.

Une analyse qui s'est vérifiée au Brésil. Alors que Vettel, en tête devançait Webber, 2e, et Alonso, 3e, les deux pilotes Red Bull n'ont pas inversé leurs positions, ce qui aurait pourtant permis à l'Australien de revenir à un petit point de l'Espagnol au classement.


"Leur décision"

"Nos deux pilotes ont reçu un soutien exceptionnel et égal cette année. Il aurait été mauvais d'intervertir leur position à Interlagos, vu qu'ils ont tous les deux une chance de remporter le Championnat", a justifié le patron de leur écurie, Christian Horner.

Un raisonnement difficile à saisir. Grâce à sa victoire, sportivement irréprochable, Vettel revient certes à 15 longueurs du pilote Ferrari. Mais un tel écart paraît énorme à combler, alors que seule une course reste à disputer.

Fernando Alonso, parti 5e sur la grille, ne s'y trompe pas: "Je n'ai perdu que 3 longueurs sur mon poursuivant le plus immédiat. Si (dimanche) matin on m'avait dit que ça se finirait comme ça, j'aurais signé tout de suite !"

"Maintenant, si Mark gagne, j'ai besoin d'une 2e place (à Abou Dhabi) pour être champion. Et d'une 5e si Sebastian s'impose", calcule-t-il.

Problème: les Red Bull semblent largement supérieures aux autres monoplaces, parmi lesquelles la Ferrari d'Alonso, qui semble voué à la 3e place sur la grille à Abou Dhabi. Dans ce cas, les mathématiques, ou plutôt les décisions de l'équipe Red Bull, apparaissent inéluctables dimanche prochain.

Vettel laissera-t-il alors passer Webber s'il devance l'Australien et l'Espagnol à quelques tours de la fin, ce qui lui barrerait toute chance de titre, contrairement à son coéquipier ?

"Personne n'a de boule de cristal. Mais s'ils se trouvent dans la situation où l'un, parce qu'il ne peut pas gagner, a besoin d'aider l'autre, je ne peux qu'imaginer qu'ils le feront. Mais cela devra être leur décision", affirme Horner.

Interrogés sur le sujet lors d'une conférence de presse commune, Vettel a laissé planer le doute. Webber a encaissé le coup. Et Alonso a esquissé un sourire.