La F1 soulève une pluie de questions après la « farce » du Grand Prix de Belgique
Formule 1 lundi, 30 août 2021. 09:20 jeudi, 12 déc. 2024. 10:28SPA-FRANCORCHAMPS, Belgique – En consacrant Max Verstappen vainqueur du Grand Prix de Belgique après deux tours seulement au ralenti, derrière la voiture de sécurité, sous le déluge qui s'abattait à Spa-Francorchamps, la Formule 1 s'est décrédibilisée aux yeux du public et a soulevé nombre de questions.
Le départ de la 12e manche de l'année a été donné avec plus de trois heures de retard, derrière la voiture de sécurité, car la visibilité était nulle, empêchant tout dépassement, et pour deux tours seulement: une « farce » selon le meneur du championnat, Lewis Hamilton, pour qui l'annulation aurait été préférable.
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Que dit le règlement?
Selon le règlement de la Fédération internationale de l'Automobile (FIA), « la moitié des points sera attribuée si le meneur a effectué plus de deux tours mais moins de 75 % de la distance initiale de la course ». Il n'est pas stipulé que cela doit se faire sans voiture de sécurité. La F1 a donc pu désigner un vainqueur et distribuer des points aux dix premiers.
Selon un autre point du règlement, le classement est entériné à l'avant-dernier tour avant une interruption de course. Ce qui s'avère particulièrement cocasse dans ce cas précis : le GP de Belgique, très officiellement, n'a duré qu'un tour et 3 minutes 27 secondes et 71/1000e. Ce qui en fait, de loin, le plus court de l'histoire.
Pourquoi ne pas avoir annulé la course?
Jamais un Grand Prix n'a été annulé le jour de la course et la F1 ne voulait probablement pas créer ce précédent. D'autant plus que la discipline vise cette année à organiser un nombre record de Grands Prix. Comme elle a déjà dû se résoudre à baisser le total à 22 courses contre 23, à cause de la pandémie, l'annulation aurait pu signifier tirer une croix sur ce record (actuellement à 21).
« Nous avons fait de notre mieux, mais la météo a eu raison de nous », a estimé Michael Masi, directeur de course. « Nous sommes en contact permanent avec notre fournisseur de services météorologiques et il y avait une fenêtre où il semblait que le temps permettait de démarrer (...) mais la météo a eu raison de nous. »
Faut-il changer le règlement?
Les pilotes eux-mêmes ne comprennent pas : « C'est une blague. Je croyais qu'il fallait faire 25 % de la course pour avoir des points », a déclaré Sebastian Vettel (Aston Martin).
« C'est choquant. Comment pouvez-vous donner des points pour une non-course? », a interrogé un autre ancien champion du monde, Fernando Alonso (Alpine).
« Nous avons besoin d'une meilleure solution pour notre sport. Nous devons tous ensemble revoir la réglementation pour tirer les leçons de cette journée », a estimé le patron de l'écurie McLaren, Zak Brown.
La F1, la FIA et les équipes ont indiqué vouloir s'asseoir autour d'une table pour discuter d'un possible changement.
N'était-il pas possible de courir le lundi?
« Il n'y a aucune possibilité de reporter la course à demain », a affirmé dimanche Masi. Pourquoi? « La liste serait longue », a-t-il éludé, sans évoquer le cas des nombreux commissaires de piste, la plupart bénévoles... et salariés.
En cause aussi, la logistique monstre qu'engendre le déplacement du paddock gigantesque à temps pour être prêt pour la prochaine course, aux Pays-Bas voisins, cette fin de semaine.
La météo restait également un point noir lundi à Spa-Francorchamps selon les prévisions.
Des raisons financières expliquent-elles la décision?
Pour Hamilton, cette « farce » était le « mauvais choix ». Le septuple champion du monde de Mercedes a jugé que « l'argent a parlé » : « Ces deux tours pour commencer la course, c'est un scénario pour l'argent ».
Le président de la F1, Stefano Domenicali, a réfuté : « Quand j'entends dire qu'il y a eu des discussions commerciales derrière cela, c'est totalement faux ». Selon l'Italien, la F1 aurait tout de même reçu ses revenus du promoteur de la course si les voitures n'avaient pas quitté les puits pour la tentative de départ.
Existe-t-il des précédents?
Jamais un Grand Prix n'avait désigné un vainqueur sans réel tour de course. Mais certains avaient déjà donné la moitié des points à cause de la pluie : en Malaisie en 2009 (victoire de Jenson Button), en Australie en 1991 (Ayrton Senna après seulement 14 tours et moins de 25 minutes), ou à Monaco en 1984 (Alain Prost).