SEPANG (AFP) - Ce n'est pas encore une révolution, mais le vent de révolte qui souffle sur la Formule 1 depuis le début de saison a fait vaciller le monarque absolu Ferrari, bien décidé à réagir après sa mauvaise performance dimanche en Malaisie pour conserver son trône.

Une septième place (Michael Schumacher) et un abandon (Rubens Barrichello): il faut remonter au Grand Prix de Hongrie 2003 pour retrouver trace d'une aussi piètre performance du sextuple champion du monde en titre des constructeurs. Schumacher avait terminé 8e et Barrichello avait déjà abandonné.

Et pour pousser le parallèle encore plus loin, dans les deux cas, les monoplaces rouges ont pâti de pneus mal adaptés à la piste.

"Il n'y a pas un seul élément à mettre en cause pour expliquer notre mauvaise performance", estime cependant Schumacher, qui n'a pas connu un aussi mauvais début de saison (deux points lors des deux premières courses), depuis qu'il a commencé en Formule 1 au Grand Prix de Belgique en août 1991.

"Aucune excuse"

Comme son pilote vedette, Jean Todt vole au secours de son manufacturier. "Bridgestone nous a fait gagner six Championnats du monde, donc on ne peut être que contents de leur travail", souligne le directeur général de Ferrari.

Il reconnaît néanmoins que la monoplace souffre "probablement d'un manque d'appuis aérodynamiques et d'adhérence au sol".

"Pendant tout le week-end, il y a eu une température excessive qui ne correspond pas à notre ensemble mécanique et pneus donc nous avons tourné presque tout le temps une seconde et demie moins vite", ajoute-t-il, tout en assurant qu'il "n'y a aucune excuse à trouver après une telle course".

Et s'il concède avoir reçu un "petit coup de bambou", après la première course en Australie malgré la deuxième place de Barrichello (Schumacher avait abandonné), le directeur général de la Scuderia vit cet échec à Sepang comme "une bonne motivation".

"On traverse une période difficile et on va relever le défi, assure-t-il. Il ne faut pas paniquer. Nous devons faire les bons choix."

En clair, décider d'aligner ou non la nouvelle F2005 dès le prochain Grand Prix à Bahreïn le 3 avril. L'hypothèse envisagée vendredi par le directeur technique de l'écurie italienne Ross Brawn a été confirmée par Jean Todt.

La F2005 plus rapide

"On décidera en fonction des essais des prochains jours", a-t-il précisé.

Schumacher et Barrichello doivent en effet prendre en main le bolide pour la première fois cette semaine à Mugello, l'un des deux circuits privés appartenant à la Scuderia.

Au vu des difficultés de la F2004M, version modifiée du modèle 2004 adaptée aux nouveaux règlements, notamment en qualifications, où les deux pilotes ont concédé près de quatre secondes au premier Fernando Alonso (Renault), vainqueur dimanche, la tendance plaiderait plutôt pour un changement à Bahreïn.

D'autant que d'après les simulations et les premiers essais, la F2005 va une demi-seconde à une seconde plus vite au tour que sa devancière, selon Ross Brawn.

"Ferrari et Michael seront des adversaires bien plus redoutables pour tout le monde, quand ils en auront fini avec leurs problèmes actuels", se méfie Alonso.

D'autres veulent en revanche croire à un changement de régime. "C'est évident qu'ils (Ferrari) ne sont plus l'équipe la plus rapide comme ils l'ont été ces dernières années et je pense que c'est une situation différente à laquelle ils ne sont pas habitués, estime Nick Heidfeld (Williams-BMW), 3e dimanche. Ce sera intéressant de voir comment ils la gèrent."