MONZA (AFP) - Le duel Fernando Alonso-Michael Schumacher pour le titre mondial des pilotes de Formule 1 a tourné au vinaigre dimanche avant le Grand Prix d'Italie, la rétrogradation de l'Espagnol sur la grille de départ étant souvent jugée comme une aide à Ferrari contre Renault.

"J'aime le sport, mais là, je ne considère plus la F1 comme un sport", a déclaré Alonso à trois heures du départ du Grand Prix d'Italie, visiblement atteint moralement par cette affaire.

Alors qu'il possède 12 points d'avance au Championnat sur son rival Michael Schumacher à quatre courses de la fin, l'Espagnol laisse ainsi entendre qu'il considère que la Fédération internationale de l'automobile (FIA) cherche à favoriser Ferrari et Schumacher.

"Il ne faut pas voir dans cette décision d'intention des commissaires sportifs de favoriser une équipe ou un pilote", a rétorqué le président de la FIA, Max Mosley.

"J'ai vu ce qui s'est passé et je suis sûr qu'il n'y avait pas d'intention de la part d'Alonso de gêner, mais je suis également convaincu, après avoir vu les données télémétriques, que Massa, innocent, a été gêné", a-t-il ajouté.

Mais l'incident s'est produit à Monza, le fief de la Scuderia, et cette course pourrait être le dernier GP d'Italie de Schumacher. On s'attend en effet à ce qu'il annonce après l'épreuve sa prochaine retraite.

"100 m"

Alors la décision des commissaires sportifs de la FIA de pénaliser Alonso pour avoir "gêné" mais "pas intentionnellement" la Ferrari du Brésilien Felipe Massa, ne semble pas neutre.

Pour le prouver, sans accuser directement la FIA de favoriser Ferrari, Renault a convoqué la presse dimanche pour lui montrer la vidéo du tour incriminé par Massa, où le Brésilien estime avoir été gêné par la R26 d'Alonso. Celle-ci roule "100 m devant" la Ferrari, selon le directeur de l'Ingénierie du Losange, Pat Symonds.

Et pourtant, la FIA a estimé qu'Alonso avait bien ralenti Massa (4e temps des qualifications) et décidé d'annuler les trois meilleurs temps de l'Espagnol, le reléguant ainsi de la 5e à la 10e place sur la grille alors que Schumacher s'élancera depuis la première ligne.

"Si ça c'est bloquer, comment courir aujourd'hui... si c'est ça la distance minimum?", a fustigé l'Espagnol.

"J'ai fait mon tour sans bloquer personne, je roulais le plus vite possible après de nombreux ennuis mécaniques: j'ai eu une crevaison, des casses à l'arrière et je n'ai bloqué personne intentionnellement", a-t-il poursuivi.

Massa "a levé le pied dans la Parabolique et perdu du temps", a commenté Symonds, selon qui le Brésilien a vraisemblablement "commis une erreur de pilotage".

"Guerre sale"

La presse espagnole de dimanche était plus virulente et plus directe: "Ferrari bénéficie de l'appui de la FIA et plusieurs décisions ont favorisé l'écurie de Schumacher au cours des derniers Grands Prix", accuse ainsi AS. Le quotidien fait référence aux deux secondes de pénalité infligées à Alonso en Hongrie pour "conduite dangereuse" lors des essais libres, ainsi qu'à la décision aussi soudaine que surprenante de la FIA de déclarer "illégaux", le 23 août dernier, les absorbeurs de vibrations (mass dampers) utilisés par Renault depuis septembre 2005 !

Aussi, à l'unisson avec son concurrent, le quotidien Marca assure qu'une "guerre sale" est menée contre Alonso.

"Deux des trois commissaires étaient italiens", souligne Marca, mettant en cause l'impartialité des juges, appointés par la FIA, qui ont décidé samedi soir de pénaliser Alonso.

Alors que l'Espagnol et Michael Schumacher auraient pu offrir aux amateurs de Formule 1 un duel de Titans, leur bagarre tourne à la mesquinerie et risque d'entâcher la fin de carrière du plus titré des pilotes de F1 si Schumacher annonce effectivement dimanche qu'il mettra un terme à sa carrière à l'issue du Championnat, le 22 octobre au soir du Grand Prix du Brésil à Sao Paulo.