Un casque de pilote posé sur un cercueil : le gotha de la F1, dont Lewis Hamilton et Alain Prost, a dit adieu mardi à Nice à Jules Bianchi, le jeune Français qui s'est éteint vendredi, neuf mois après son dramatique accident au Grand Prix du Japon.

Bianchi, grand espoir de la F1 issu d'une lignée de pilotes, aurait eu 26 ans le 3 août, et aurait pu rejoindre l'an prochain la prestigieuse écurie Ferrari, mais ce destin doré a été brisé par l'accident de Suzuka en octobre, qui lui a coûté la vie après neuf mois de coma.

Ses obsèques ont eu lieu dans la matinée à Nice, sa ville natale, dans laquelle il est décédé. En présence de nombreux pilotes de tous âges, dont la quasi-totalité de ses collègues pendant ses deux saisons de F1 au sein de l'écurie Marussia.

À la fin de la cérémonie, le cercueil est sorti de la cathédrale Sainte-Réparate. Image saisissante : il était porté par Sebastian Vettel (que Bianchi aurait pu rejoindre au sein de la Scuderia l'an prochain), ainsi que d'autres pilotes, Romain Grosjean et Felipe Massa. Deux grands portraits du jeune Français en combinaison de course ornaient la façade de la cathédrale.

Tous les coureurs ont défilé devant le cercueil sur lequel était posé le casque du jeune homme. Parmi eux, de grands anciens, comme Alain Prost et Olivier Panis, des champions confirmés, comme les vedettes de Mercedes, Lewis Hamilton et Nico Rosberg (venus en voisins de Monaco), et des jeunes qui rêvaient déjà de suivre les traces de Bianchi, pourtant à peine plus âgé qu'eux, comme Adrien Tambay et Norman Nato.

« Adieu, beau jeune homme »

Une heure plus tôt, le cercueil était entré dans la cathédrale, là aussi porté par des jeunes pilotes, ses « frères de course », selon le père Sylvain Brison. 

Seuls la famille et les proches ont pu entrer dans l'édifice pour cette cérémonie voulue très intime par la famille. Sur l'esplanade, une grosse centaine de personnes venues rendre un dernier hommage à celui qui est le premier pilote mort en F1 depuis le triple champion du monde brésilien Ayrton Senna en mai 1994.

Cette foule recueillie et émue a applaudi lentement l'entrée du cercueil, avec en fond sonore Hotel California, le tube des Eagles, joué sobrement à la guitare sèche. « Adieu, beau jeune homme », a griffonné une dame sur le registre de condoléances.

Le maire de Nice, Christian Estrosi, le président de la Fédération internationale de l'automobile (FIA), Jean Todt, le Secrétaire d'Etat aux Sports, Thierry Braillard, étaient également présents.

« La mort de Jules est profondément injuste », a rappelé le prêtre. Il a été « heureux, car il a fait de son rêve une réalité ». La course automobile, « c'était sa vie, sa vocation ». Il était « un champion doté d'un rare talent, mais aussi un jeune homme à la stature aussi haute que la profondeur de son humilité ».

« Jules n'a jamais pu monter sur un podium de Formule 1, alors je vous demande de l'applaudir maintenant », a lancé le prêtre à la fin de la célébration, ce que la foule émue, dans et en dehors de l'église, a fait pendant quelques minutes. Mistral Gagnant, la chanson de Renaud, a clôturé ce moment d'adieu aussi triste que beau.

Sous tous les regards, le casque numéro 17. Un numéro que personne ne portera jamais plus, comme l'a décidé la FIA lundi dans un ultime hommage.