PARIS - La Fédération internationale de l'automobile a été désavouée. Le tribunal de grande instance de Paris a décidé, mardi, d'annuler la radiation à vie de la F1 de Flavio Briatore décidée par la FIA, estimant la sanction "irrégulière".

La cour a notamment relevé que l'Italien n'avait pas été en mesure de se défendre correctement lors de la procédure disciplinaire. LA FIA pourrait faire appel.

L'ex-patron de l'écurie Renault, qui demandait 1,4 million $ US de dommage et intérêt, percevra 21 500 $ d'indemnité.

Le tribunal note que "M. Briatore a constamment contesté, lors de la procédure d'enquête interne diligentée par la FIA, toute implication dans l'accident délibérément provoqué. Les investigations n'ayant pas abouti à une éviction définitive sur ce point", celle-ci "est intervenue sur la base d'un témoignage anonyme de dernière minute, sans que le conseil de M. Briatore ait pu poser la moindre question à ce témoin."

En outre, le tribunal estime que "si la FIA est fondée à émettre des normes générales de sécurité ou prendre des décisions de gestion, si elle peut sanctionner ses licenciés, ses dirigeants, elle ne peut prendre, à l'égard des tiers, des mesures équivalentes à une sanction".

"Je tiens à exprimer mon immense joie après la décision rendue par le Tribunal de grande instance de Paris, déclare Flavio Briatore dans un communiqué. La décision rendue aujourd'hui (mardi) me rend à la fois la dignité et la liberté dont on avait arbitrairement prétendu me priver".

Briatore a toujours démenti tout rôle dans le scandale du Grand Prix de Singapour 2008. Lors de la course, le pilote de Renault, Nelsonino Piquet, avait reçu l'ordre d'envoyer délibérément sa voiture dans un mur afin de favoriser la victoire de son coéquipier Fernando Alonso. La FIA, dont le siège est à Paris, avait estimé en septembre dernier que Briatore avait organisé l'accident, l'excluant alors à vie de la F1.

"En terme de sanction, c'est pratiquement la totalité de ce qui avait été demandé", s'est félicité Me Philippe Ouakrat, avocat de l'Italien pour qui c'est "un résultat pratiquement exceptionnel".

"La volonté de M. Briatore était d'être libre de ses décisions et de ne pas se voir imposer une décision tout à fait scandaleuse rendue à son encontre. C'était une décision de boycott", a ajouté l'avocat.

L'ancien directeur technique de Renault F1, Pat Symonds, qui avait été suspendu pour cinq ans, a également vu sa peine annulée par le tribunal. Il percevra 7200 $ US d'indemnité, alors qu'il en demandait 722 000 $.

Me Jean-François Prat, avocat de la FIA, a estimé que la justice n'avait pas tranché "sur le fond". Le conseil ne savait pas encore si son client allait faire appel à la sortie du tribunal mais que "cela était très probable".

"C'est difficile de ne pas voir derrière la décision de la FIA le conflit entre Briatore et (Max) Mosley", patron de la FIA à l'époque, avait reconnu Me Ouakrat lors du procès fin novembre. "N'oubliez pas que Briatore a menacé la FIA de lancer un championnat du monde parallèle de F1", avait-il lancé.

Selon le jugement, la FIA doit notifier cette décision de justice à ses membres et aux 13 équipes du championnat du monde de F1.

Mardi matin, Renault avait confirmé le remplacement de Flavio Briatore par Eric Boullier en tant que patron de l'écurie F1. Le Français âgé de 36 ans occupait le même rôle pour l'équipe de France en championnat A1GP entre 2007 et 2009.