Les dominos se sont mis à tomber un après l’autre cette semaine et on a maintenant une bonne idée de la composition du plateau pour la prochaine saison. Évidemment, le grand gagnant de la semaine est George Russell qui a vu sa promotion chez Mercedes être enfin confirmée. Personne n’est tombé en bas de sa chaise, mais il reste que c’est un bon dossier de réglé pour le jeune pilote britannique.

 

Ce n’est pas une surprise, car Mercedes devait trouver une façon de faire progresser George Russell. Ses trois années chez Williams lui ont beaucoup appris et feront de lui un pilote plus mature et prêt pour le défi qui se présente devant lui, mais il n’avait plus rien à prouver chez Wiliams et il était temps de lui offrir un nouveau défi.

 

Il aura pleinement mérité sa promotion. Russell n’a toujours pas été battu en qualifications par un coéquipier chez Williams. Je sais que cette statistique est souvent répétée, mais c’est qu’elle est évocatrice. C’est une séquence de 50 Grands Prix sans être battu ni par Robert Kubica, ni par Nicholas Latifi. On connaît son potentiel, mais cela démontre aussi une constance exceptionnelle et une capacité à toujours tirer le meilleur de la voiture, peu importe les conditions et les circonstances. Cette année, il a atteint la Q3 à trois occasions et a été éliminé en Q1 seulement une fois!


En course, Russell vient aussi de vivre de beaux moments en récoltant d’abord ses premiers points avec Williams en Hongrie, puis son premier podium avec une deuxième place en Belgique. On convient tous que les circonstances très particulières de ce Grand Prix ont aidé Russell à obtenir ce résultat, mais il récompense tout de même un tour d’anthologie réalisé la veille en qualifications.

 

À quoi s’attendre de Russell en 2022?

 

Maintenant, on se demande tous comment Russell s’en sortira l’an prochain face à Lewis Hamilton. Peut-il vraiment venir embêter Hamilton dès sa première saison au sein de l’écurie allemande?

 

D’un point de vue rationnel, je pense qu’il faut tempérer ses attentes un peu envers Russell, du moins, à court terme. On a bien vu cette saison qu’un temps d’adaptation est nécessaire pour un pilote qui arrive dans une nouvelle équipe, alors imaginez lorsque vous arrivez dans l’écurie d’un septuple (et qui sait, peut-être d’un octuple) champion du monde. Lewis Hamilton est l’un des plus grands pilotes de l’histoire de la Formule 1, alors il serait bien injuste de demander à un jeune de 23 ans qui arrive au sein d’une équipe construite autour d’Hamilton de performer au même niveau que lui.

 

Il faudra lui donner du temps, accepter que l’écart entre les coéquipiers puisse parfois être un peu plus grand, et surtout, ne pas lui mettre une pression démesurée sur les épaules. Qu’il progresse à son rythme et qu’il soit prêt à prendre la relève le jour où Hamilton quittera l’écurie.

 

Ça, c’est d’un point de vue rationnel, mais je comprends les partisans d’être fébriles et de croire qu’il pourrait rapidement jouer les trouble-fêtes. D’ailleurs, n’a-t-on pas vu Charles Leclerc s’imposer rapidement face à Sebastian Vettel chez Ferrari? Il faut toutefois noter que Vettel avait connu quelques saisons difficiles avant l’arrivée de Leclerc, alors qu’Hamilton a remporté les quatre derniers championnats du monde.

 

Ce qui pourrait aussi jouer en faveur de Russell, c’est la nouvelle réglementation entourant les voitures pour l’an prochain. Les voitures seront bien différentes que lors des dernières saisons, ce qui fait en sorte qu’Hamilton aussi devra s’adapter à quelque chose de nouveau. Il ne retrouvera pas la voiture qu’il connaît si bien. Est-ce que cela pourrait permettre à Russell de rivaliser avec Hamilton encore plus rapidement, puisque les deux auront à découvrir une nouvelle ère de la Formule 1 en même temps?

 

De plus, on a aussi vu à quel point George a bien fait l’an dernier en remplaçant Hamilton le temps d’un Grand Prix. Il n’avait pas l’air d’un pilote qui avait besoin d’un long moment d’adaptation lorsqu’il menait le Grand Prix de Sakhir devant Valtteri Bottas!

 

Bref, il est bien ardu de faire des prédictions alors que la prochaine saison commence seulement en mars prochain et qu’elle sera le théâtre de changements techniques importants. Chose certaine, il faut éviter de placer de trop grandes attentes trop rapidement envers un pilote qui continue de progresser. Mais en même temps, il y a de bonnes raisons d’être enthousiaste face à l’arrivée de Russell au sein d’une écurie de pointe. Son potentiel est immense et ce n’est qu’une question de temps avant qu’il soit au plus fort de la course au titre.

 

Un parcours sous-estimé

 

De son côté, Valtteri Bottas doit se tourner vers Alfa Romeo pour poursuivre sa carrière en Formule 1. Le temps des victoires, des positions de têtes et des podiums réguliers est probablement derrière lui maintenant, mais il reste qu’il pourra continuer de se battre en milieu de peloton, et surtout, son expérience pourrait aider l’écurie italienne à progresser.

 

Je vois beaucoup de commentaires sur les réseaux sociaux qui sont très sévères envers Bottas et ce qu’il a accompli au sein de Mercedes. Pour moi, ces critiques sont injustifiées.

 

C’est vrai que Bottas n’a jamais été en mesure de suivre le rythme imposé par son coéquipier. C’est certain que ceux qui voulaient voir une lutte comme avec Nico Rosberg sont déçus. Sauf qu’au cours des cinq dernières saisons, Bottas a été le coéquipier parfait pour Lewis Hamilton et le numéro 2 parfait pour Mercedes.

 

Si je peux me lancer dans une comparaison boiteuse, c’est un peu comme un duo de gardiens de but dans la LNH. Ce n’est pas nécessairement un duo composé des deux meilleurs gardiens de la Ligue qui sera le plus efficace. Parfois, avoir un bon numéro 2 qui connaît bien son rôle et qui offre son soutien au numéro 1 est bien plus efficace. Et c’est encore plus vrai en F1, puisque les deux se retrouvent sur la piste en même temps. Une bonne collaboration entre les deux est donc primordiale.

 

Et c’est ce que Bottas a offert et continue d’offrir à Mercedes. Il l’a fait une fois de plus en ralentissant lors de son meilleur tour dimanche dernier à Zandvoort. On a eu l’impression qu’il avait fait un pied de nez à Mercedes en signant le meilleur tour, mais lorsqu’on regarde les temps, on constate qu’au dernier secteur seulement, Bottas a concédé plus d’une seconde au meilleur tour d’Hamilton.

 

Oui, Bottas a inscrit le meilleur tour à ce moment de l’épreuve, mais il a suffisamment levé le pied pour permettre à Hamilton de battre sa référence, ce qu’il a fait par plus d’une seconde et demie, un écart considérable. Chez Mercedes, on s’est d’ailleurs montré très satisfait du comportement de Bottas.

 

D’un point de vue personnel, en cinq saisons chez Mercedes, Bottas a récolté 9 victoires, 54 podiums et 17 positions de tête. Depuis son arrivée avec les Flèches d’argent, le Finlandais n’a jamais raté la Q3 en qualifications. C’est une séquence de 92 Grands Prix de suite en Q3, c’est bien sûr un record de la F1 qu’il améliore chaque week-end.


Et le plus important, c’est qu’il a permis à Mercedes de remporter 4 championnats des constructeurs.

 

D’ailleurs, même si Max Verstappen est le meneur au classement et que la Red Bull est la voiture à battre cette saison, Mercedes mène toujours le championnat des constructeurs par 12 points. Signe que Bottas continue de faire ce qu’on lui demande.

 

Albon de retour

 

En terminant, un petit mot sur Alexander Albon, qui fera son retour l’an prochain avec Williams. Je suis heureux de le voir obtenir une deuxième chance en Formule 1. Albon n’avait peut-être pas atteint les objectifs que Red Bull lui avait fixés, mais il avait très bien fait lors de sa demi-saison avec Toro Rosso. Quand on voit le succès que Pierre Gasly obtient malgré son renvoi de Red Bull, il n’y a pas de raison de croire qu’Albon ne pourrait pas lui aussi relancer sa carrière.

 

Il fera équipe avec Nicholas Latifi, qui a lui aussi été confirmé pour l’an prochain. Le pilote canadien amènera de l’expérience et de la stabilité à l’écurie qui voudra profiter de la nouvelle réglementation pour continuer sa progression en 2022, lui qui a inscrit ses premiers points lors du Grand Prix de Hongrie.