SAO PAULO (AFP) - Grâce à l'Espagnol Fernando Alonso, l'écurie française "mondialisée" Renault a enfin décroché, dimanche au Grand Prix du Brésil, une couronne mondiale en Formule 1 après laquelle elle courait depuis 1977, avec une pause de 1986 à 2002.

"Cette course du titre restera le meilleur souvenir de la saison car c'est après cela que nous courions", se réjouit la président de Renault F1, Patrick Faure.

La marque au losange pouvait certes déjà se targuer de cinq titres pilotes et cinq constructeurs, mais en tant que motoriste seulement, de Williams en 1992, 1993, 1996 et 1997 (Nigel Mansell, Alain Prost, Damon Hill et Jacques Villeneuve) et de Benetton en 1995 (Michael Schumacher). Aussi, le titre obtenu par Alonso est-il le premier de Renault en tant qu'écurie.

Depuis l'apparition de Renault en F1 en 1977 avec une seule monoplace pilotée par le Français Jean-Pierre Jabouille, qui avait offert à l'écurie sa première victoire en Grand Prix en France en 1979 au volant d'une monoplace au moteur révolutionnaire puisque turbocompressé, personne n'avait réussi cet exploit. Pas même les Français Alain Prost et René Arnoux lorsqu'ils pilotaient pour la marque française au début des années 1980, à l'époque où les monoplaces jaunes portaient haut les couleurs bleu-blanc-rouge.

Régie

Aussi, certains regretteront que les voitures soient devenues bleues -avec encore un peu de jaune il est vrai- et soient conçues en Angleterre par des ingénieurs britanniques, à l'exception du moteur qui est développé à Viry-Châtillon, près de Paris, par des ingénieurs français. Il est loin le temps de la Régie...

"Par rapport à la période Prost-Arnoux, le monde a changé en 25 ans. Renault était à cette époque essentiellement une entreprise nationale qui exportait un peu", confirme Faure.

Aujourd'hui, le constructeur français "est devenu une entreprise mondiale qui doit se faire connaître et vendre dans le monde entier", explique-t-il.

Donc plus question de verser dans le patriotisme forcené en alignant un pilote français. En fait, la politique est de mettre la marque en avant et non le pilote. Politique gagnante en communication interne de l'entreprise, mais discutable au niveau du public tant le résultat du pilote prévaut sur celui du constructeur chez les spectateurs.

"Personne ne reproche à Ferrari de ne pas aligner de pilotes italiens ou à McLaren de se passer de pilotes anglais !" s'esclaffe Faure, osant des comparaisons peu vraisemblables, tant ces deux écuries ont marqué la F1 en multipliant titres et victoires sans interruption depuis la création du Championnat du monde en 1950 pour la Scuderia, incarnation du sport automobile, et depuis 1966 pour McLaren.

"Mondialisation"

"Le fait d'avoir un pilote espagnol et un pilote italien (Giancarlo Fisichella, ndlr), voire d'autres nationalités dans l'avenir (comme le Finlandais Heikki Kovalainen, ndlr), correspond bien à cette mondialisation", poursuit Faure.

Quels que soient les regrets que peuvent nourrir l'Hexagone et certains pilotes tricolores qui auraient bien aimé profiter de ce retour au plus haut niveau, force est de constater que, sous la direction d'un patron d'écurie italien, le sulfureux Flavio Briatore, Renault a réussi en quatre ans avec des pilotes espagnol et italien ce qu'elle avait raté neuf années durant, lorsqu'elle était une écurie plus nationale.

"L'essentiel est d'avoir un titre, c'était l'objectif de Renault quand (le président directeur général) Louis Schweitzer nous a demandé de revenir en Formule 1 il y a quatre ans", se délecte Faure, avant d'ajouter: "Si nous pouvons avoir les deux (titres pilote et constructeur) c'est naturellement mieux, mais ce n'était pas l'objectif".

Cet objectif a été rappelé clairement par le nouveau pdg de Renault, Carlos Ghosn, en juillet dans le cadre du Grand Prix de France à Magny-Cours: la F1 est un bon investissement... tant qu'on gagne.