Lance Stroll ne connaît pas un mauvais début de saison. Il a inscrit des points dans deux des quatre épreuves (c’est autant que pendant toute la saison l’an dernier). Il a battu son coéquipier Sergio Perez en course en Australie. Il a eu de bonnes courses, effectuant des dépassements en piste pour gagner quelques positions. Et il continue de s’adapter à une nouvelle équipe, un nouvel environnement et une nouvelle voiture.

Pourtant, on a tout de même cette impression que son début de saison est quelque peu décevant, qu’il a ce qu’il faut pour faire mieux. Et ce sentiment provient principalement de ses performances en dessous des attentes lors des séances de qualifications. On savait déjà que cet aspect de son pilotage devait s’améliorer. Le principal intéressé l’avoue d’ailleurs lui-même. Sauf que dans une voiture plus compétitive, avec un coéquipier expérimenté, la comparaison est plus percutante que l’an dernier.

L’épreuve de Bakou a vraiment mis en relief la différence entre les deux pilotes sur un tour. Alors que Perez s’illustrait avec une spectaculaire cinquième place en qualifications, Stroll était encore une fois incapable de passer en Q2 (Stroll a toutefois officiellement pris le 14e rang en raison des disqualifications à Kimi Räikkönen et Pierre Gasly).

D’ailleurs, Stroll a discuté de cet enjeu devant les médias en Espagne jeudi, avouant ne pas trop s’en faire avec ces résultats, estimant que la chance n’avait pas été de son côté.

Stroll a notamment évoqué le Grand Prix d’Australie, où il a été ralenti par la voiture de Romain Grosjean lors de son tour lancé en fin de Q1.

Il est aussi vrai qu’à Bakou, le Québécois a souffert du fait qu’il n’a pu réaliser que sept tours lors des essais du vendredi (drapeau rouge lors de la 1re séance, puis il a tapé le mur lors de la 2e séance). Cela lui a fait perdre beaucoup de temps pour pratiquer ses tours de qualifications. Sauf qu’à la fin, c’est lui qui a fait l’erreur qui lui a coûté du temps de piste le vendredi après-midi.

C’est vrai qu’il y a eu un peu de malchance, mais si on regarde ses huit derniers Grands Prix (les quatre en 2019 et les quatre derniers Grands Prix chez Williams en 2018), Stroll n’a jamais réussi à passer à la Q2 et il n’a battu son coéquipier qu’une seule fois au cours de cette séquence. Des statistiques qui commencent à peser lourd pour le pilote canadien.

Présentement, seulement trois pilotes n’ont pas battu leur coéquipier cette saison en qualifications. Stroll fait partie du lot avec Pierre Gasly chez Red Bull (il a toutefois été disqualifié à Bakou et il n’avait pas participé à la Q2 puisqu’il était déjà assuré de partir en fond de grille) et Robert Kubica, battu quatre fois par George Russell dans leur lutte en fond de grille.

À Barcelone, Racing Point, comme plusieurs autres équipes, espère faire un bond en avant avec quelques évolutions sur la voiture. Si en plus Stroll parvient à faire mieux en qualifications, on pourrait vraiment commencer à voir les deux voitures roses dans les points de façon régulière. Stroll connaît de bonnes courses, ses départs sont fidèles à sa réputation, il effectue des dépassements... mais il se donne une pente souvent trop grande à remonter pour terminer parmi le top-10. Depuis sa première saison avec Williams, Stroll avoue vouloir améliorer cet aspect, mais les résultats se font toujours attendre. À lui de changer la donne et de se donner une chance de bien faire dès le samedi, car on a l’impression que c’est tout ce qu’il lui manque pour atteindre un autre niveau.

Bottas brouille les cartes

Un qui fait écarquiller bien des yeux depuis le début de la saison, c’est Valtteri Bottas... et ça fait du bien! Le Finlandais avait connu une saison difficile l’an dernier, se contentant du 5e rang au championnat des pilotes avec 161 points de retard sur son coéquipier. On pouvait s’attendre à beaucoup mieux.

Bottas a donc commencé la saison dans des conditions difficiles. Plusieurs observateurs et amateurs voyaient déjà Esteban Ocon prendre sa place l’an prochain avant même le Grand Prix d’Australie. Aucun doute qu’il entamait cette année 2019 avec une épée de Damoclès au-dessus de sa tête, avec la pression constante qui si les résultats n’y sont pas, un autre n’attend que ça pour prendre sa place. Sauf que pour l’instant, il répond à cette pression avec brio.

Et cette victoire en Azerbaïdjan ne fera que lui redonner encore plus confiance. L’an dernier, sa saison avait pris un tournant dans les rues de Bakou. Il aurait pris la tête du championnat à ce moment avec une victoire, mais une crevaison avec trois tours à faire lui en à priver. Un an plus tard, sur ce même circuit, voilà que Bottas s’impose d’un bout à l’autre en signant d’abord une deuxième position de tête de suite, puis avec une victoire qui lui permet de reprendre les commandes de la course au titre. Est-ce que Bakou sera encore une fois le point tournant de sa saison, mais cette fois, dans la bonne direction? On ne peut que lui souhaiter.

Déjà, après quatre Grands Prix, certains commencent à évoquer la saison 2016 lors de laquelle Nico Rosberg avait surpris Lewis Hamilton pour aller chercher le titre. C’est peut-être encore un peu tôt pour penser que Bottas pourrait accomplir le même exploit. Lewis Hamilton est dans une forme exceptionnelle depuis quelques années, surtout quand la lutte s’intensifie en fin de saison, et pour l’instant, je ne vois pas encore Bottas être capable de suivre le rythme de son coéquipier.

Par contre, je crois que Bottas peut offrir une bien meilleure opposition que lors des deux dernières années, et surtout, j’ai l’impression que Bottas pourrait brouiller les cartes et placer Mercedes dans une position très difficile lorsque viendra le temps de confirmer qui fera équipe avec Hamilton l’an prochain. Il l’a dit lui-même, il n’a pas l’intention d’aller nulle part ailleurs. La meilleure façon d’y arriver, c’est de continuer à performer comme il le fait présentement.

Il aura cependant fort à faire pour y arriver en Espagne, un circuit que les équipes et les pilotes connaissent comme le fond de leur poche en raison des essais hivernaux qui s’y déroulent. La majorité des écuries arriveront également à Barcelone avec des évolutions au moteur ou à l’aérodynamisme. Ce sera donc à suivre sur les ondes de RDS avec la séance de qualifications samedi à 8 h 45 et la course, dimanche, dès 8 h 30.