Cette saison plus que jamais, on a l’impression qu’une nouvelle génération de pilotes s’installe en Formule 1. D’ailleurs, ceux qui ont suivi l’excellente série F1 : Drive to survive sur Netflix ont déjà vu ces statistiques impressionnantes. Cette saison, le plateau de pilotes est le plus jeune depuis 1950 alors que la moitié sont âgés de 25 ans et moins.

 

Ces jeunes loups ne sont pas seulement en Formule 1 pour faire de la figuration en fond de peloton. Au contraire, même au sein des écuries de pointe, on sent ce rajeunissement. Chez Ferrari, il y a des décennies qu’on n’avait pas confié un volant à un pilote aussi jeune et inexpérimenté que Charles Leclerc, et à 21 ans, il est assurément l’un de ceux qui vont attirer le plus l’attention cette saison.

 

Chez Red Bull, le nouveau venu Pierre Gasly a seulement 23 ans, et surtout, n’oublions pas que même s’il entame sa cinquième saison en Formule 1, Max Verstappen n’a que 21 ans! Ainsi, l’écurie autrichienne possède le deuxième plus jeune duo de pilote après McLaren.

 

Et chez Mercedes, les flèches d’argent possèdent le deuxième plus vieux duo de pilotes, après Alfa Romeo (disons qu’à 39 ans, Kimi Räikkönen aide à faire monter la moyenne!) Par contre, Mercedes compte dans ses rangs Esteban Ocon, qui fait assurément partie de cette nouvelle génération à 22 ans. Vous connaissez maintenant bien son histoire et les raisons pourquoi il n’a pas de volant, mais le Français devrait, du moins on lui souhaite, faire un retour en F1 au cours des prochaines saisons.

 

Par contre, les Verstappen, Leclerc et Gasly, nous avons appris à les connaître au cours des dernières saisons. Pour cette chronique, je propose de vous faire découvrir les quatre recrues sur le plateau cette année, soit Lando Norris, Alexander Albon, George Russell et Antonio Giovinazzi, quatre jeunes qui possèdent beaucoup de potentiel et qui pourraient, dès cette année, mettre de la pression sur leurs coéquipiers plus expérimentés.

 

Écrire son propre nom dans l’histoire

 

Habituellement, quand je parle de Lando Norris à quelqu’un, on me fait une référence soit à un personnage de Star Wars (Lando Calrissian), soit à un acteur qui n’a d’égal que sa réputation, Chuck Norris.

 

Par contre, la combinaison de ces deux noms pourrait donner des étincelles en piste, car le plus jeune pilote du plateau cette saison a tout ce qu’il faut pour devenir un excellent pilote en F1. D’ailleurs, il y a déjà un bon moment que McLaren place beaucoup d’espoirs en lui, Norris étant dans l’entourage de l’écurie lors des deux dernières saisons, notamment comme pilotes d’essai. Et McLaren n’est pas la seule à avoir décelé son talent. Déjà l’an dernier, alors qu’il n’avait que 18 ans, McLaren a dû refuser une offre de Toro Rosso qui souhaitait le promouvoir au sein de l’écurie à la place de Brandon Hartley.

 

Il faut dire que le palmarès de Norris est impressionnant. Il est notamment champion de karting, de Formule MSA, de Formule Renault 2.0 et de F3. Il était l’un des favoris pour remporter le titre lors de sa première saison complète de F2 l’an dernier, terminant finalement au 2e rang derrière George Russell.

 

En Australie, Norris a déjà montré une partie de son talent, prenant une belle huitième place lors des qualifications. Il n’a pas récolté de points en course, mais il peut désormais s’enorgueillir d’être le plus jeune pilote britannique de l’histoire de la Formule 1, devançant ainsi Jenson Button.

 

Norris devra donc continuer sa progression, car il a une très bonne référence à ses côtés en Carlos Sainz. Il devra aussi prouver qu’un jeune pilote peut s’épanouir au sein de McLaren, ce qui n’a pas été le cas de Stoffel Vandoorne, Kevin Magnussen, Heikki Kovalainen et Sergio Perez, par exemple.

 

Et finalement, comme quoi les milléniaux arrivent bel et bien en F1, Norris est aussi bien connu sur les réseaux sociaux pour son humour ou pour ses vidéos de lui s’amusant sur les jeux vidéo comme Iracing. D’ailleurs, si vous entrez le nom de Lando Norris dans la barre de recherche Google, l’une des premières suggestions que le moteur de recherche vous proposera sera d’associer son nom avec « Twitch », une plateforme qui permet aux joueurs de jeux vidéo de diffuser en direct leur session de jeu. C’est une nouvelle génération en piste, mais aussi à l’extérieur!

 

Une première depuis 1954

 

Alexander Albon est né à Londres et possède la nationalité britannique, mais il a choisi de compétitionner sous les couleurs thaïlandaises, pays d’origine de sa mère. Ainsi, Albon devient le premier pilote thaïlandais en Formule 1 depuis 1954.

 

Sa présence en F1 cette année peut représenter une certaine surprise. En fait, lui-même avait signé une entente afin de conduire en Formule électrique avec Nissan avant que l’opportunité avec Toro Rosso se présente soudainement. Il a donc dû être libéré de son contrat en FE, un beau problème à avoir.

 

Alexander Albon 2019Il est vrai que le palmarès d’Albon n’est pas aussi impressionnant que celui de Norris, par exemple. En 2016, il a terminé deuxième en GP3 derrière Charles Leclerc. Il a ensuite gradué en F2 pour les deux dernières saisons, terminant 10e en 2017 et 3e l’an dernier.

 

Toutefois, le départ de Daniel Ricciardo vers Renault, suivi du transfert de Pierre Gasly vers Red Bull, lui a ouvert une porte chez Toro Rosso. Albon est un pilote connu dans le giron de Red Bull, mais il n’avait pas particulièrement impressionné ses patrons à l’époque. Le programme junior de Red Bull l’avait en effet laissé tomber en 2012, mais sept ans plus tard, Helmut Marko et Red Bull lui donnent une deuxième chance de se faire valoir.

 

Ce qui est particulier dans le cas d’Albon, c’est que contrairement aux trois autres recrues, celui-ci n’avait aucune expérience en Formule 1 avant d’être embauché par Toro Rosso. Aucune séance d’essais, ni même de tests en simulateur. Albon a découvert la puissance des voitures lors d’un événement publicitaire en Italie en février, puis,  lors des essais hivernaux à Barcelone, également en février. Prenant cet élément pour compte, cela donne beaucoup de lustre à sa 13e place acquise en qualifications à Melbourne, faisant même mieux que son coéquipier Daniil Kvyat qui a pourtant de l’expérience en Grand Prix et qui était pilote d’essai chez Ferrari l’an dernier. En course, il a pris le 14e rang, éprouvant notamment des problèmes de surchauffe sur ses freins.

 

Bref, voici un pilote qui devrait s’améliorer à vitesse grand V cette saison alors qu’il s’habituera à conduire une Formule 1, même s’il faudra sans doute lui pardonner quelques erreurs de temps à autre.

 

Un potentiel gaspillé?

 

George Russell s’est vraiment illustré en Formule 2 l’an dernier. La lutte a été féroce jusqu’à la fin avec Norris et Albon, mais Russell a eu le dessus avec 11 podiums en 24 courses, dont 7 victoires, allant chercher le titre devant son rival britannique.

 

En fait, Russell suit un peu le chemin qu’a parcouru Charles Leclerc juste avant lui. Comme le Monégasque, il est champion de F2 à sa première saison après avoir remporté le titre en GP3 l’année auparavant. C’est un parcours qui confirme le potentiel de Russell qui fait son arrivée en Formule 1 à 21 ans.

 

C’est Mercedes qui a décelé son talent en l’intégrant à son académie. Profitant de son partenariat avec les Flèches d’argent, il a pu faire quelques essais avec Mercedes, mais aussi avec Force India et Williams, deux équipes profitant du moteur Mercedes.

 

Après son titre durement acquis en F2 l’an dernier, il était évident que la prochaine étape pour lui était la Formule 1, surtout que ses rivaux Norris et Albon ont aussi été promus. Le problème, c’est qu’il n’y a que peu de places pour les pilotes associés à Mercedes, surtout avec la décision de Racing Point d’y aller avec Perez et Stroll. Si Ocon n’a pas trouvé de volant, Russell doit se contenter de celui de Williams, une équipe qui éprouve des ennuis majeurs et qui devrait être loin derrière cette saison.

 

On a donc un peu l’impression que le talent de Russell sera gaspillé cette saison. On a hâte de le voir se battre en piste, de voir la rivalité avec l’autre Britannique, Lando Norris. On a aussi hâte de voir s’il pourra continuer de suivre les traces de Leclerc et se battre avec lui. Il faudra toutefois être patient. Cette année, ses objectifs seront de prendre de l’expérience et de battre Robert Kubica, ce qu’il a déjà fait en Australie.

 

L’Italie de retour en piste

 

Les tifosi italiens n’ont pas eu beaucoup à célébrer ces dernières années. Ferrari n’a pas remporté de titre depuis 2008 et aucun pilote italien n’a obtenu de volant régulier depuis 2011.

 

On verra si Ferrari remportera un titre ou non cette saison, mais au moins, il y aura un pilote italien en piste en 2019. À 25 ans, Antonio Giovinazzi est la plus vieille des quatre recrues en piste cette saison... et il a déjà un peu d’expérience en courses. Giovinazzi avait en effet remplacé Pascal Wehrlein chez Sauber pour deux courses en 2017, ne récoltant aucun point. Il avait obtenu une belle 12e place en Australie, mais en Chine, il avait perdu le contrôle de sa voiture en qualifications et en course.

 

Depuis, il a été pilote d’essais pour la Scuderia Ferrari et ses équipes partenaires comme Haas et Sauber. Il a maintenant la chance d’obtenir un volant régulier avec Alfa Romeo, une équipe en pleine progression qui devrait lui donner l’occasion de se battre en milieu de peloton. Il fera équipe avec Kimi Räikkönen, ce qui risque de rendre la comparaison difficile pour lui, mais il n’aura pas le choix de s’améliorer et de pousser au maximum pour suivre le rythme de son coéquipier champion du monde.

 

En 2016, en GP2, Giovinazzi avait terminé deuxième derrière Pierre Gasly et devant Sergey Sirotkin. C’est le dernier championnat auquel il a participé, alors il faudra voir comment le retour à la compétition se fera pour lui.

 

Et la suite?

 

C’est un bon moment pour parler de la nouvelle génération de pilotes, puisque le prochain sur la liste a reçu de bonnes nouvelles cette semaine. En effet, Ferrari et Alfa Romeo ont annoncé que Mick Schumacher, le fils de Michael, sera en piste lors d’essais tenus à Bahreïn lors de la semaine prochaine. Il s’agira alors d’une première expérience pour Schumacher au volant d’une Formule 1 (à l’exception d’un tour réalisé dans une Benetton de 1994, voiture dans laquelle son père avait remporté son premier titre mondial). À 20 ans, Schumacher est vu comme un pilote avec un grand potentiel qui pourrait faire son arrivée bientôt en Formule 1. D’ici là, il sera du championnat de F2 cette saison pour la première fois. La saison de F2 commence d’ailleurs ce week-end et Schumacher sera assurément le centre d’attention du championnat.

 

Bien sûr, les Formules 1 aussi seront de retour en piste ce week-end à Bahreïn, sur un circuit qui nous donne de plus en plus de bonnes courses. L’an dernier, c’était justement une recrue qui s’était illustrée. Pierre Gasly en avait surpris plusieurs avec une 6e place en qualifications et une magnifique 4e position en course avec sa Toro Rosso. On lui souhaite que ce circuit lui porte chance encore une fois après avoir raté ses débuts chez Red Bull en Australie.

 

Est-ce qu’une des recrues cette saison pourra imiter Gasly et nous surprendre dans le désert de Bahreïn? Ce sera à suivre sur les ondes de RDS samedi matin pour la séance de qualifications à 10 h 45, et pour la course, rendez-vous dimanche à 10 h 30 pour l’émission d’avant-course.