MELBOURNE (AFP) - Après avoir obtenu de haute lutte l'accord des autres écuries pour faire rouler en Australie lors du 1er Grand Prix de Formule 1 de la saison des monoplaces non conformes à la nouvelle réglementation aérodynamique, Minardi en a finalement été empêché vendredi par la Fédération internationale de l'automobile (FIA).

Dans un communiqué très ferme, le collège des commissaires sportifs souligne qu'il est "inacceptable de modifier un règlement technique auquel tous les autres concurrents se plient dans le seul but de répondre aux besoins et aux demandes d'un concurrent unique", en l'occurence Minardi-Cosworth.

Les Minardi-Cosworth ont été jugées conformes en ce qui concerne les normes de sécurité, mais le patron de l'écurie, l'Australien Paul Stoddart, voulait aligner à Melbourne des monoplaces ne tenant pas compte des contraintes aérodynamiques édictées pour ralentir les F1 en 2005.

Et après de longues tractations, il avait obtenu l'accord unanime du reste du plateau pour que ses pilotes Christijan Albers et Patrick Friesacher puissent tourner.

Mais vendredi, le rideau du stand Minardi s'est refermé douze minutes avant la fin de la première séance d'essais libres, sans que les moteurs Cosworth n'y aient même vrombi une seule fois.

Minuit

Stoddart a toujours assuré que Ferrari, qui domine la F1 depuis six ans, était la seule équipe à l'empêcher de faire courir ses voitures, inoffensives pour la plupart du plateau. En réalité, les signatures de Jordan et Red Bull (ex-Jaguar) dataient d'avant leur rachat et étaient donc sujettes à caution.

Vendredi cependant, le patron de la Scuderia Jean Todt a écrit à l'Australien pour l'assurer que Ferrari signerait le document permettant aux Minardi-Cosworth de courir "si toutes les écuries l'ont signé".

La veille, "Stoddart m'a appelé à minuit et demi, il voulait venir me voir", raconte Todt pour illustrer l'état de nerfs dans lequel se trouvait le patron de Minardi.

Aussi, la décision de la FIA a-t-elle été bien accueillie dans le paddock, chacun saluant une décision juste.

A l'image du nouveau directeur général de Jordan-Toyota, Colin Kolles, qui avait renoncé à l'occasion d'éliminer facilement un concurrent.

"Nous, nous avons fait l'effort de mettre nos voitures en conformité", souligne-t-il.

Jean Todt, lui, regrette que "depuis des mois il soit dit que Ferrari est le méchant" car en réalité, "Ferrari a toujours aidé et respecté Minardi". La Scuderia a notamment fourni des moteurs à sa soeur italienne en 1991.

Appel

Même son de cloche chez Ferrari: "Les règlements sont faits par la FIA, qu'on soit d'accord ou pas (...) Il existe un jeu, si vous voulez y jouer, les règles sont les mêmes pour tous", selon Todt.

Peu menacé par les pilotes Minardi, le septuple champion du monde Michael Schumacher ne veut pas enfoncer l'écurie de Stoddart, mais n'en pense pas moins: "Accepteriez-vous que, si le football se jouait à dix, une équipe qui perd tout le temps se mette à jouer à onze ?"

D'autant que "Stoddart a le package aérodynamique 2005", souligne le patron de la Scuderia.

Alors pourquoi avoir fait autant de bruit, s'être lancé dans un tel bras de fer avec les écuries, les organisateurs et la FIA pour tenter d'utiliser ces voitures non-conformes ?

La réponse de Todt fuse: "Entre 2004 et 2005, on perd de la performance et c'est pour ça qu'il (Stoddart) voulait utiliser" une voiture aux critères aérodynamiques de la saison passée.

Les Minardi-Cosworth participeront-elles aux qualifications de samedi, au Grand Prix de dimanche ? Et si oui, seront-elles aux normes aérodynamiques 2005 ? Ces questions étaient en suspens vendredi soir à Melbourne.