ISTANBUL (AFP) - Lieutenant dévoué de Michael Schumacher dont il sert les ambitions mondiales chez Ferrari depuis le début de saison, Felipe Massa a pris du grade en Turquie où il a signé sa première pole position avant d'entrer dans le cercle restreint des vainqueurs de Grands Prix de Formule 1.

Les larmes de ce petit Brésilien discret, né à Sao Paulo comme l'illustre Ayrton Senna, étaient touchantes à voir sur un podium de F1 où les habitués Michael Schumacher, Fernando Alonso et autre Kimi Räikkönen, ont souvent des réactions plus ou moins convenues, voire blasées.

"C'est fantastique", "c'est un rêve devenu réalité", "j'ai travaillé si dur durant toute ma carrière pour vivre ce moment", commente Massa en réprimant du mieux qu'il peut ses larmes et en cherchant même le regard de Schumacher comme il aurait cherché l'approbation silencieuse d'un grand frère.

Ce dernier, pourtant frustré de sa troisième place derrière son rival Alonso à Istanbul, n'a pas manqué de congratuler ce jeune coéquipier de 25 ans au moment où il vit enfin son jour de gloire après son 67e Grand Prix.

La tape amicale derrière la tête puis l'accolade en s'extirpant des monoplaces avaient tout des félicitations d'un maître à son disciple.

Famille

"Il n'a commis aucune erreur, a superbement ramené la voiture à bon port et c'est ça qui est bien dans notre équipe: si l'un d'entre nous a un week-end difficile, l'autre rattrape le coup. Bravo à lui", analyse Schumacher.

Car la Scuderia se veut une famille et Massa a pour agent Nicolas Todt, le fils du directeur général de Ferrari, Jean Todt.

Ce dernier ne tarit pas d'éloges au sujet du Brésilien qu'il avait engagé comme pilote essayeur en 2003.

"Massa est troisième du Championnat du monde pilotes, il l'était déjà avant cette course. Pour ceux qui ouvrent les yeux, ça veut dire que c'est un bon pilote", assène dimanche soir Jean Todt qui a toujours soutenu le Brésilien, même lorsqu'il a commis quelques erreurs de jeunesse en début de saison dues à la fougue et à la volonté de trop bien faire.

"J'ai toujours cru en lui. C'est pourquoi j'ai signé avec lui un contrat à long terme il y a plusieurs années", poursuit le patron des Rouges.

En 2002, puis 2004 et 2005, Massa a effectué ses classes chez Sauber-Petronas avec pour meilleur résultat deux 4e places. Et cette année il a été appelé en première ligne de la bataille avec pour mission de seconder le plus titré de tous les pilotes de F1 dans la conquête d'une huitième couronne mondiale. Ferrari compte également sur lui pour récupérer le titre constructeurs que l'écurie italienne détenait depuis 1999 avant de la céder l'an dernier à Renault.

Loup

Massa tient son rôle à merveille. Depuis le Grand Prix des Etats-Unis le 2 juillet, Ferrari avec Schumacher et Massa a inscrit 71 points contre 39 à Renault avec Alonso et Giancarlo Fisichella !

Mais si jusque-là le Brésilien avait décroché des accessits, dimanche il a enfin reçu le Premier prix avec félicitations du jury: à la manoeuvre sur le circuit stambouliote, le lieutenant s'est comporté en grand conquérant.

"Cette victoire est merveilleuse pour lui, note Jean Todt. C'est bon pour son moral et pour celui de l'équipe et donc pour notre bataille dans les deux Championnats."

L'intéressé, lui, est sur un nuage. "J'ai toujours rêvé d'être un pilote Ferrari alors remporter ma première victoire au volant d'une Ferrari est vraiment unique", balbutie-t-il, étranglé par l'émotion.

Néanmoins, tandis qu'officiellement son avenir n'est pas assuré au sein de la Scuderia -Ferrari doit annoncer ses pilotes 2007 durant le week-end du Grand Prix d'Italie-, Massa retrouve son sang froid pour reprendre sa place au sein de la famille. "Vivement les quatre prochaines courses pour placer nos deux monoplaces devant", lance-t-il.

La première occasion de mordre sera offerte au jeune loup le 10 septembre à Monza, sur les terres de Ferrari.