SHANGHAI, Chine - La victoire de Nico Rosberg dimanche au Grand Prix de Chine, à la fois la première du jeune Allemand en Formule 1 et la première de Mercedes en Grand Prix depuis 1955, sont deux coups de tonnerre attendus depuis longtemps par le petit monde de la F1.

Certains commençaient à désespérer de Nico, 26 ans, beau, blond et doué mais toujours sans victoire après 110 GP. Il leur a répondu en bouclant un week-end parfait après deux premiers Grands Prix 2012 frustrants pour Mercedes : un seul point marqué, par Michael Schumacher, en Malaisie.

« C'est vraiment une journée spéciale et historique, a insisté le patron, Ross Brawn, dimanche soir à Shanghai. Je suis ravi pour Nico, qui méritait cette victoire depuis longtemps. Et désolé pour Michael, qui contrôlait bien, à la 2e place, quand il a dû abandonner après un arrêt au stand. Mais il est toujours le premier à dire qu'on gagne et qu'on perd en équipe. »

Par la même occasion, Mercedes est revenu dans le club très sélect des écuries capables de gagner en F1, grâce à un budget supérieur aux saisons 2010 et 2011, juste après le rachat de Brawn GP, champion du monde en 2009... avec des moteurs Mercedes.

Recrutement de trois ingénieurs haut de gamme pour aider Brawn, innovation technologique avec le "W-Duct" qui fait gagner quelques dixièmes au tour, confiance renouvelée à Schumacher et Rosberg pour assurer une continuité indispensable, et surtout beaucoup de travail.

Ca devait finir par gagner et c'est donc arrivé à Shanghai. Un succès net et sans bavure, avec 20 secondes d'avance pour la Flèche d'Argent numéro 8, un chiffre-fétiche (symbole de prospérité, ndlr) pour les plus d'un milliard de Chinois. Comme un clin d'oeil de l'histoire au jeune Nico, sur un marché automobile chinois qui pèse très lourd.

Suspense total

Les ventes de la marque à l'étoile ont progressé de 34% l'an dernier en Chine, et encore de 25 % au premier trimestre 2012. Certains administrateurs du groupe Daimler commençaient à s'interroger sur l'intérêt de continuer en F1, mais ils vont peut-être attendre avant de remettre le sujet à l'ordre du jour.

« Je n'avais qu'un an quand Juan Manuel Fangio a gagné à Monza en 1955, dans une Flèche d'Argent, et je vais me souvenir longtemps de cette victoire », a dit Brawn. Il souriait déjà dans sa barbe samedi, après les essais, en confiant que ses ingénieurs étaient en train de trouver la bonne fenêtre d'utilisation des pneus Pirelli.

C'est peut-être la saison de F1 la plus ouverte depuis longtemps. La preuve, samedi, au milieu des qualifications, douze F1 étaient regroupées en trois gros dixièmes de seconde, se battant pour accéder à la troisième séance de qualifications et viser la pole position. La bagarre a fait une victime de marque, Sebastian Vettel (Red Bull), éliminé en Q2.

Trois vainqueurs différents en trois courses, sur des F1 de trois marques prestigieuses (McLaren, Ferrari, Mercedes), 17 voitures classées dans le même tour dimanche en Chine, au terme d'une course folle, épargnée par la pluie. C'est aussi grâce au nouveau règlement technique de la FIA et aux nouveaux pneus Pirelli que, pour l'instant, le suspense est total à chaque Grand Prix.

Prochaine étape dimanche à Bahreïn. Pour l'instant, l'incertitude ne porte pas sur le vainqueur éventuel mais sur le déroulement ou non de cette 4e manche, sur fond de climat politique troublé, depuis un an, dans le petit Royaume du Golfe.