Le duel au sommet entre Mercedes et Ferrari, ébauché en 2015 par la Scuderia, peut susciter l'intérêt et les audiences de la Formule 1 cette année, dans la foulée des essais hivernaux de Barcelone qui ont laissé peu d'espoir aux neuf autres écuries de F1.

L'armada allemande et la Scuderia italienne ont dominé la trêve hivernale de la F1. Dans les coulisses, en s'alliant pour enrayer toute tentative de modifier en profondeur, en 2017, un règlement technique qui leur est favorable depuis 2014 et l'arrivée des nouveaux moteurs V6 turbo hybrides. Sur la piste, grâce à deux nouvelles monoplaces visiblement bien nées, la W07 Hybrid et la SF16-H.

L'an dernier, il y a eu un début de match, une sorte de round d'observation entre les deux géants : 16-3 pour Mercedes au nombre de victoires, 18-1 au compteur des positions de tête, mais 32-16 au total des podiums. Un résultat plus qu'honorable pour Ferrari face aux intouchables Flèches d'Argent, ce qui a dopé durablement le moral des troupes à Maranello. Car le succès en F1 ne s'obtient pas en trois jours, plutôt en trois ans minimum, et Ferrari le sait.

Il n'y a eu que huit jours d'essais, répartis en deux sessions à Barcelone, avec une grande variété de réglages, de quantités d'essence dans les réservoirs, de dureté des gommes et autres variables confidentielles.

« Nous savons que Ferrari est tout près. Nous ne savons pas si nous serons devant ou derrière », a résumé Nico Rosberg (Mercedes), vice-champion du monde.

Les techniciens les plus optimistes, après avoir analysé les données de Barcelone, espèrent que Ferrari a réduit de moitié, cet hiver, son handicap chronométrique sur Mercedes : de cinq-six dixièmes à deux-trois dixièmes au tour, sur certains circuits, grâce notamment à un nouveau moteur plus puissant et à un châssis que Sebastian Vettel apprécie beaucoup.

Renault et McLaren, à la recherche du temps perdu

La menace se précise. C'est aussi l'avis de Lewis Hamilton.

« On va avoir une vraie bagarre. C'est ce que je veux dans ce sport, c'est ce qu'on veut tous en F1, et ça m'excite. Ferrari est sacrément monté en régime. Ils ont fait des chronos incroyables à Barcelone, dans leurs longs relais (en conditions de course, NDLR). Je pense qu'ils auront déjà des évolutions à Melbourne », a lâché le champion du monde vendredi à Stuttgart, lors d'une séance d'autographes.

Pour pimenter encore la perspective du premier départ, dimanche, le directeur exécutif de Mercedes-AMG Toto Wolff a annoncé, très sérieusement, que les consignes de course seraient « moins strictes » au sein de l'écurie allemande cette année.

« Nous allons le faire parce qu'on travaille de plus en plus facilement ensemble. Il y a beaucoup de respect entre nous, a-t-il souligné. Les nouvelles règles vont nous aider car il y aura moins d'interventions des ingénieurs (à la radio, NDLR) par rapport à la voiture et au pilote. »

« On ne pourra plus leur donner autant de conseils qu'avant en matière de stratégie, de gestion optimale des pneus, de pilotage, donc ils auront plus de contrôle sur leur performance, sur la piste. Ça nous oblige à prendre un peu de recul mais c'est bon pour la F1, car ça demande plus d'efforts de la part des pilotes. On va les laisser courir », a ajouté Wolff.

Derrière Mercedes et Ferrari, il y aura deux groupes d'écuries en bagarre dans le peloton, les unes pour des podiums, les autres pour les points du top-10 : Williams voudra défendre son 3e rang mondial, convoité par Red Bull et Force India; Renault et McLaren, à la recherche de leur gloire passée, devront écarter de leur route Toro Rosso et peut-être Haas, les deux équipes les plus excitantes, a priori, du plateau 2016.

Toro Rosso peut compter sur la meilleure recrue de l'an dernier, Max Verstappen. Haas arrive avec autant de moyens techniques (moteur Ferrari, etc.) que d'humilité devant le défi à relever. C'est aussi dans l'intérêt de la F1 qui n'a jamais réussi à percer durablement sur le marché américain, très lucratif, du sport de haut niveau.