MELBOURNE (AFP) - Comptant sur un supposé retard de Ferrari en matière de développement et de pneumatiques, les adversaires de la Scuderia abordent le premier Grand Prix de Formule 1 de la saison, dimanche en Australie à Melbourne, bien décidés à prendre un maximum d'avance sur Michael Schumacher.

McLaren-Mercedes et Renault notamment, que le septuple champion du monde considère a priori comme ses plus dangereux adversaires, aligneront dès ce premier GP une monoplace entièrement développée en fonction de la nouvelle réglementation technique.

Celle-ci ayant été officialisée tard la saison dernière, Ferrari a préféré adapter pour les premières courses la F2004 qui a survolé le dernier Championnat (15 victoires en 18 GP).

"Une nouvelle voiture est par définition plus rapide qu'une ancienne et donc nous nous attendons à avoir des difficultés face à la concurrence en Australie", a commenté Michael Schumacher qui part à la conquête d'un 8e titre de champion du monde des pilotes, un sixième consécutif.

Mais outre la monoplace elle-même, les concurrents de Ferrari estiment avoir un autre avantage de taille: les pneumatiques Michelin.

"Allumé toute la saison"

Le manufacturier français, qui équipe tous les adversaires directs de l'équipe italienne, a pu travailler beaucoup plus que son concurrent japonais Bridgestone, du moins quantitativement.

"Je ne pense pas que Ferrari sera là tout de suite car Bridgestone ne peut pas faire autant de travail avec une voiture que Michelin avec cinq", estime le pilote essayeur de Renault Franck Montagny.

"Si on ne peut pas prendre l'avantage sur Ferrari en début de saison, je ne sais pas quand on pourra !", poursuit-il, rappelant que l'an dernier à l'intersaison la Scuderia avait paru en retrait et que malgré tout, ils "nous ont allumé toute la saison !"

D'ailleurs, Ferrari qui estime que la F2005, qui apparaîtra au plus tard au 5e GP en Espagne le 8 mai, est la meilleure monoplace de son histoire, refuse de tirer aussi simplement un trait sur les premières courses de la saison.

"Il ne faut pas préjuger du résultat du premier Grand Prix", a prévenu le directeur général Jean Todt, alors que son pilote fétiche Schumacher, déjà quatre fois vainqueur en Australie (record), a souligné que beaucoup d'écuries se satisferaient largement de la F2004M - M pour modifiée - durant toute la saison 2005.

Indicateur

Si le résultat de Melbourne ne sera pas forcément le reflet de la saison et de son résultat final, il n'en sera pas moins un indicateur très précis des forces en présence: valeur intrinsèque de la monoplace, efficacité des pneumatiques, mais également faculté d'adaptation de l'ensemble de l'équipe à la nouvelle approche stratégique dictée par la réglementation.

"La première course sera extrêmement difficile pour tout le monde car il faudra s'adapter aux nouvelles règles, mais ça ne fait que nous motiver encore plus !", commente le pilote japonais de BAR-Honda, Takuma Sato.

Et après quatre mois d'intersaison, les pilotes ont tous hâte de retrouver la compétition. Schumacher pour "continuer de gagner" car sinon, à 36 ans et après avoir déjà explosé la quasi totalité des records de la F1, il "ne serait pas là". Les autres, au premier rang desquels Kimi Raikkonen et Juan Pablo Montoya (McLaren-Mercedes) et Fernando Alonso (Renault), pour battre l'Allemand tant qu'il est en activité.

Restent les pilotes qui participeront à leur premier Grand Prix avec l'espoir de démontrer que leur argent n'est pas leur unique qualité. Il s'agit en particulier du Portugais Tiago Monteiro et de son coéquipier chez Jordan-Honda Narain Karthikeyan, premier Indien à accéder à la F1.