C'est l'une des belles histoires de cette saison de Formule 1 qui démarre dimanche à Melbourne : Renault, de retour avec une écurie à part entière, très rajeunie, aura pour adversaire son ex-cliente, Toro Rosso, qu'elle avait failli racheter en 2015.

Finalement, Renault a repris Lotus. Mais au printemps 2015, Toro Rosso, la petite écurie de Faenza, a bien reçu la visite des cadres de la maison jaune alors qu'elle vivait sa 10e saison de F1 depuis le rachat de Minardi. Et les Italiens ont au moins montré l'exemple aux Français sur un point : les jeunes pilotes constituent un atout pour préparer l'avenir.

Côté Renault, les départs conjugués de Romain Grosjean, 29 ans, chez Haas, et de Pastor Maldonado, 31 ans, en panne de pétrodollars, ont singulièrement abaissé la moyenne d'âge de ce qui sera une saison de « reconstruction », dix ans après les deux titres mondiaux de Fernando Alonso au volant d'une Renault F1 (2005, 2006).

Kevin Magnussen, un Danois de 23 ans, et Jolyon Palmer, un Anglais de 25 ans, sont plus âgés que le tandem reconduit chez Toro Rosso : Max Verstappen, 18 ans, meilleure recrue de 2015, et Carlos Sainz fils, 21 ans. Et ils ont plus d'expérience que le duo de chez Manor, Pascal Wehrlein (22 ans) et Rio Haryanto (23 ans), deux débutants absolus... équipés de moteurs Mercedes.

Fort d'une saison complète chez McLaren, Magnussen sera le leader logique de Renault Sport F1, la nouvelle appellation de l'écurie d'Enstone. Il est tatoué, comme Lewis Hamilton et Fernando Alonso, blond comme Nico Rosberg, et il se dit très motivé par ce nouveau défi.

« Il a du charisme et il a vraiment une revanche à prendre, ça se sent, par rapport à McLaren... », confie Cyril Abiteboul, le directeur général de l'équipe française.

Quatre « fils de »

Ironie de l'histoire, les quatre titulaires de Renault et Toro Rosso sont tous des « fils de ». Car Jan Magnussen, Jonathan Palmer, Jos Verstappen et Carlos Sainz Sr ont tous couru au plus haut niveau, les trois premiers en F1 et l'Espagnol en rallye (double champion du monde), et ils n'ont jamais découragé leurs rejetons de se lancer sur leurs traces, bien au contraire.

Que ce soit chez un grand constructeur automobile comme Renault, ou au sein de la filière Red Bull (car Toro Rosso appartient au milliardaire autrichien Dietrich Mateschitz), les quatre jeunes loups sont dans des conditions idéales pour continuer à progresser. Ils ont tous gagné des courses, des championnats (karting, Formule Renault, GP2), ils ont de bonnes bases.

Le plus inquiet des quatre, pour le moment, c'est Palmer. Il débute en F1 et a beaucoup moins roulé que les autres à Barcelone, pendant les essais hivernaux, en raison de problèmes techniques.

« C'était un peu désastreux, mais la base de la voiture est raisonnablement bonne et nous allons continuer à travailler. C'est bien que Kevin (Magnussen) ait fait quatre jours sans aucun problème. Ça nous a donné une bonne compréhension de la voiture. »

Heureusement pour lui, et pour Renault, Palmer a beaucoup roulé en 2015 avec sa Lotus, comme pilote de réserve : 13 séances d'essais libres sur 19, le vendredi matin.

« Les voitures sont vraiment techniques maintenant, donc il est important d'avoir cette expérience, étant donné le manque de roulage (à Barcelone). Je ne me sens pas trop à la traîne », ajoute le champion 2014 de GP2.

Palmer se dit confiant, comme une majorité de Français, amateurs de F1 ou pas. Selon un sondage Odoxa diffusé dimanche par RTL, ils sont 63 % à penser que Renault Sport F1 peut « gagner au moins un GP en 2016 », et 84 % à juger que ce retour en F1 est « une bonne chose pour l'image » de la marque au losange. Magnussen et Palmer savent ce qui leur reste à faire.