SUZUKA (Japon), (AFP) - Par trois fois dimanche, sur le magnifique tracé de Suzuka dont il détient le record de victoires (6), le septuple champion du monde de Formule 1 Michael Schumacher (Ferrari) a dû céder sous les assauts de la relève, Fernando Alonso (Renault) et Kimi Raikkonen (McLaren-Mercedes).

Parti du fond de la grille, le trio des meilleurs pilotes du plateau 2005 a gratifié le public de quelques tours mémorables assortis d'attaques bien senties.

A plusieurs reprises, l'Allemand, 36 ans, a repoussé avec panache les estocades. Avant finalement de céder, à chacune des trois fois où il a eu dans les rétroviseurs Alonso, 24 ans et plus jeune champion du monde de l'histoire de la F1 depuis son sacre au Brésil, et Raikkonen, qui aura 26 ans lundi prochain au lendemain du dernier Grand Prix de la saison, en Chine.

Par deux fois, Alonso, qui avait déjà marqué les esprits en contenant Michael Schumacher les dix derniers tours du Grand Prix de Saint-Marin en avril, s'est débarrassé du Kaiser par des manoeuvres impitoyables.

L'Espagnol qui regardait avec admiration l'Allemand à son arrivée dans le paddock en 2001, le met dans le même sac que les autres concurrents!

"J'étais plus rapide que les gens devant moi, je les ai doublés, Michael et les autres, et..." Pour Alonso, Schumacher est presque devenu un quidam des circuits.

"Risqué"

"Depuis le début de la saison, j'ai effectué deux ou trois manoeuvres de dépassement et ici, j'en ai fait au moins quatorze et en particulier la première sur Michael Schumacher: j'étais bien plus rapide en ligne droite et il a fermé la porte à l'intérieur en entrant dans la courbe 130R (un des points clés du tracé de Suzuka précédant l'épingle). J'étais justement à l'intérieur, pied au plancher, et c'était vraiment très risqué, mais je n'avais rien à perdre!", a fièrement raconté le conquistador.

Raikkonen n'a pas eu plus de pitié pour l'ancien, profitant d'une "erreur" du pilote détenteur de la quasi totalité des records de la discipline reine du sport automobile.

"Après le ravitaillement, j'étais en position de le dépasser. Il a commis une petite erreur qui m'a permis d'être plus vite que lui dans la ligne droite des stands...", a simplement expliqué le Finlandais.

En 2003, il avait déjà poussé Schumacher dans ses retranchements, obligeant l'Allemand à attendre la dernière course, ici même au Japon, avant de coiffer sa sixième couronne.

L'an dernier, la Ferrari dominait tellement le plateau que Raikkonen n'avait pas eu l'occasion d'espérer un tant soit peu sa revanche.

"Talent"

Mais cette année, il n'y a plus de monoplace de type "arme absolue" -la McLaren-Mercedes aurait pu l'être sans d'importants problèmes de fiabilité- et la monoplace de Schumi n'est pas au niveau de celle de ses tombeurs.

"Je suis déçu de ne pas avoir été en mesure, contrairement au Brésil, de suivre le rythme des Renault", a commenté Schumacher, sans même évoquer le rythme des McLaren-Mercedes, imbattables si elles ne cassent pas. "Bien sûr, il est toujours amusant de livrer une bonne bataille sur la piste, mais ça aurait été encore mieux si j'avais été un peu plus compétitif", a-t-il ajouté.

Dans ces conditions, la performance du septuple champion du monde ne manque pas de relief, comme le souligne son patron, Jean Todt.

"Michael a dû puiser au plus profond de son talent pour terminer septième au volant de sa Ferrari chaussée de pneus Bridgestone", a reconnu Todt, désormais tourné vers le Championnat 2006.

Car même battu cette année, Schuminator n'est pas mort! Et lui-même a déjà annoncé que, loin de vouloir goûter à une retraite aussi dorée que méritée, il avait hâte de se mesurer de nouveau aux jeunots l'an prochain.