SEPANG, Malaisie - L'Allemand Adrian Sutil, de retour en Formule 1 chez Force India après un congé forcé d'un an provoqué par des soucis judiciaires, a entamé de manière « très positive », selon lui, un nouveau chapitre de sa carrière, dimanche en Australie, en menant la course pendant 11 tours.

« J'en ai bien profité, j'étais concentré sur mon pilotage, je ne pensais pas à un podium, pour éviter de faire une erreur. C'était bon de voir P1 sur le panneau et je voulais que ça dure le plus longtemps possible », a raconté Sutil jeudi dans le paddock du circuit de Sepang.

À 30 ans, ce fils de musiciens connaît déjà bien la F1, pour avoir disputé 91 Grands Prix depuis 2007, chez Spyker et Force India, sans jamais monter sur le podium (4e à Monza en 2009). Le 91e, c'était dimanche à Melbourne, avec à la clé une jolie 7e place au bout d'une course très encourageante pour un revenant.

Car Sutil revient de loin, lui qui a été condamné en janvier 2012 à 18 mois de prison avec sursis et 200 000 euros d'amende pour avoir blessé, avec une coupe de champagne, Eric Lux, l'un des actionnaires luxembourgeois de Lotus F1, en avril 2011 dans un bar de Shanghai, après le Grand Prix de Chine.

Redevenu titulaire en F1, l'Allemand n'évoque pas cette bagarre qui aurait pu virer au drame, la coupe cassée passant à quelques centimètres de la carotide de Lux, mais plutôt ses conséquences pour lui : « C'était un coup dur mais c'est du passé. Je suis toujours resté positif. J'ai beaucoup appris et c'était important pour moi. Rien n'arrive jamais par hasard », juge-t-il.

« La vie est une aventure »

Très soutenu par Mercedes pour revenir chez Force India, l'Allemand a déjà marqué de gros points dimanche à Melbourne. « Je m'étais préparé à ce que ça marche, mais je ne pensais pas que cela arriverait dès la première course, que je mènerais pendant 11 tours », sourit ce fils d'un violoniste uruguayen émigré en Allemagne.

En 2012, après sa condamnation, Sutil a fait profil bas, refusant de courir dans d'autres catégories où il n'aurait pas forcément brillé « faute d'expérience ou de disposer de la voiture pour gagner ». Il a passé du temps avec sa famille, ses amis, il a lu des livres d'art et de culture, il s'est promené en voiture avec sa petite amie.

« Il faut toujours tirer le positif de chaque situation. Si on n'arrive pas à résoudre ses problèmes, on ne peut pas réussir, atteindre ses objectifs. Nous ne vivons pas dans un monde parfait, il y a des hauts et des bas, la vie est une aventure », estime le nouveau philosophe du paddock.

Dernière épreuve avant le retour en F1, cet hiver a viré au feuilleton à rallonge, jusqu'à ce que Force India le choisisse plutôt que le Français Jules Bianchi, pilote de réserve soutenu par Ferrari, à dix jours du départ pour Melbourne. « C'était long. J'avais du mal à m'endormir, sans savoir de quoi demain serait fait. Si ça n'avait pas marché, je serais allé voir ailleurs. »