SAKHIR (AFP) - "C'était une course de champion !" crache la radio de Fernando Alonso après que le champion du monde eut remporté devant Michael Schumacher (Ferrari) le premier Grand Prix de la saison 2006, faisant honneur au numéro 1 peint sur le nez de sa Renault.

"Excellent ! Très très bon ! Bien joué !", poursuit l'ingénieur de l'Espagnol, Rod Nelson, à la radio, alors qu'Alonso effectue son tour d'honneur.

Le champion, qui vient de jouer un bon tour à Schumacher dont les espoirs étaient immenses après avoir décroché la position de pointe, tient à associer immédiatement les mécaniciens de l'équipe grâce auxquels il a passé la Ferrari dans les stands.

"Merci beaucoup à vous", répond l'Espagnol dans son casque, avant d'en rajouter en conférence de presse. "Je voudrais dédier cette victoire aux mécaniciens et à l'écurie pour les ravitaillements fantastiques et pour avoir élaboré la bonne stratégie", déclare Alonso, vainqueur pour la seconde fois d'affilée sur le circuit de Sakhir.

Car c'est grâce à un second ravitaillement éclair qu'il a pris le meilleur sur la Ferrari de Schumacher.


Chance

"Aujourd'hui, nous avions tout ce qu'il fallait pour gagner, peut-être avons nous juste manqué d'un peu de chance", confirme le directeur général de Ferrari, Jean Todt.
A l'arrivée, un peu plus d'une seconde sépare Schumacher d'Alonso qui a pu contrôler les derniers tours sans être réellement inquiété.

Ce duel prometteur rappelle celui d'Imola l'an dernier, où, pour le quatrième GP de la saison, Schumacher avait fait subir dix derniers tours d'enfer au jeune prodige espagnol.

Mais en 2005, cette fin de course du septuple champion du monde n'avait été qu'un feu de paille, sa F2005 se montrant par la suite incapable de taquiner la Renault ni la McLaren-Mercedes de Kimi Räikkönen.

En revanche, cette année, "il n'y a pas de raison de ne pas croire" à la possibilité de lutter contre Alonso toute la saison, prévient l'Allemand.

L'an dernier, Renault et Alonso avaient construit les bases de leurs titres mondiaux constructeurs et pilotes en début de saison: quatre victoires en quatre courses dont trois pour Alonso, alors que Räikkönen peinait et que Schumacher était distancé. Là, Alonso gagne d'entrée, mais ses deux principaux adversaires terminent dans son sillage.

L'Espagnol est donc prévenu: rester sur son trône sera bien difficile.

D'autant que sa victoire dans l'un des plus beaux GP de ces dernières années a été ternie par les ennuis mécaniques survenus sur la monoplace de son coéquipier Giancarlo Fisichella.


Exprès

Comme par un fait exprès, c'est de nouveau l'Italien qui concentre les problèmes de l'écurie au losange, comme en 2005.

Samedi en qualifications, son moteur RS26 a soudain perdu une cinquantaine de chevaux, empêchant Fisico d'obtenir mieux qu'une 9e place sur la grille. Toute la nuit, les ingénieurs ont étudié les données télémétriques pour savoir s'il fallait changer le moteur et partir en fond de grille, ou si le dommage était réparable.

Diagnostic: problème électrique, cause indéterminée. Les mécaniciens ont alors changé tout ce qu'ils pouvaient sur le moteur de l'Italien sans qu'il soit pénalisé, tenant à sa disposition la troisième monoplace au cas où.

Finalement, le Romain a pris le départ avec sa monoplace d'origine, mais rapidement son RS26 a de nouveau perdu de la puissance, avant qu'une fuite hydraulique ne contraigne Fisichella à l'abandon.

"Nous ne pouvons que nous excuser auprès de Fisico", reconnaît le directeur de Renault F1, Flavio Briatore.

"Le début de la course s'est déroulé normalement et puis j'ai soudain perdu de la puissance à tous les régimes et la voiture était beaucoup plus lente dans les lignes droites", raconte un Fisichella dépité qui veut néanmoins "rebondir en Malaisie" dès dimanche.