MONTRÉAL - Quand Sebastian Vettel (Red Bull) est en position de tête et prend un bon départ, ce qui est déjà arrivé souvent dans sa jeune carrière, il n'y a pas grand monde parmi les pilotes de Formule 1 actuels capable de rattraper le triple champion du monde, et en général il gagne.

Vettel a remporté le Grand Prix du Canada, dimanche, pour la première fois de sa carrière. « Ça, c'est fait », a dit le jeune Allemand sur le podium, visiblement ravi. C'était la 29e victoire de sa carrière en F1 et la troisième cette saison (Malaisie, Bahreïn, Canada) en sept manches, alors qu'il n'a pas arrêté de se plaindre des nouveaux pneus Pirelli.

Cela donne une idée de la marge qu'il possède sur ses rivaux et du potentiel sans fin d'une équipe comme Red Bull Racing dont la spécialité avérée est de tuer le suspense, même si son patron autrichien, Dietrich Mateschitz, dit adorer la course, la vraie, et les bagarres sur la piste. Une affirmation qui ne saute pas aux yeux.

Au classement du Championnat du monde, Vettel a désormais 36 points d'avance sur Fernando Alonso (Ferrari), grand bénéficiaire de ce week-end des quatre saisons (pluie, soleil, vent, etc.) au pays du sirop d'érable, et seul pilote assez fou pour croire qu'il peut empêcher le roi Vettel de coiffer une quatrième couronne fin novembre au Brésil.

L'Espagnol, parti sur la 3e ligne, a encore fait une démonstration de pilotage sur le circuit Gilles-Villeneuve, comme un hommage au grand champion québécois trop tôt disparu. Le père de Jacques, champion en 1997, avait porté très haut les couleurs de la Scuderia Ferrari, jusqu'à son accident mortel de 1982 à Zolder. Alonso lui a fait honneur et le public québécois a apprécié, le fêtant comme un vainqueur.

Alonso ne lâche rien

« Cette 2e place a un goût de victoire », a dit Alonso après coup, « car nous avons vécu un week-end difficile ». C'est justement parce qu'il ne lâche jamais rien, même quand les circonstances se liguent contre lui, et qu'il ne renoncera jamais face à Red Bull Racing, que l'Espagnol est à la fois le mieux payé (30 millions d'euros par an) et le plus populaire (1,5 million d'adeptes sur Twitter) des pilotes actuels.

Dauphin de Vettel en 2012, pour trois malheureux points, Alonso continuera à courir en F1 jusqu'à ce qu'il arrive à conquérir un troisième titre de gloire, car il veut à tout prix rejoindre Jackie Stewart et Ayrton Senna, entre autres seigneurs, au panthéon de la F1. À tout prix, ça veut dire qu'il met toute son intelligence, toute son expérience au service de cet objectif, toute l'année.

La grosse différence avec la saison 2012, c'est qu'Alonso peut compter, avec la Ferrari F138, sur une arme remarquable en course, le dimanche. C'est grâce à elle que, parti 6e, il a pu monter sur le podium pour la 4e fois de la saison. Avec le même outil à sa disposition, Felipe Massa est remonté de la 16e place sur la grille à la 8e place sous le drapeau à damier.

Alors qu'on vient d'en vivre un tiers, cette saison 2013 ressemble de plus en plus à un duel sans merci entre Red Bull (trois victoires pour Vettel) et Ferrari (deux victoires pour Alonso), arbitré selon les circonstances plus ou moins favorables par Mercedes (victorieux à Monaco) ou Lotus (lauréat à Melbourne). Avec deux stratégies différentes : l'objectif des Autrichiens est de tuer le suspense, les Italiens adorent faire durer le plaisir.