Même s’il y a eu peu d’action en piste, les histoires ont été nombreuses cette fin de semaine au Circuit Gilles-Villeneuve. À commencer par la victoire de Sebastian Vettel avec une voiture Ferrari, 40 ans après la première victoire de Gilles Villeneuve avec la Scuderia.

J’ai presque été surpris de voir à quel point Vettel semblait tenir à cœur d’honorer la mémoire de Gilles tout au long de la fin de semaine. On sentait à quel point cela représentait quelque chose pour lui. Évidemment, il ne faut pas se surprendre de voir que Villeneuve est reconnu comme l’un des plus grands de la Formule 1, surtout chez Ferrari. Par contre, qu’un pilote allemand né plus de cinq ans après la mort de Gilles soit si motivé par l’anniversaire de sa première victoire, il y a là quelque chose de spécial.

Après avoir obtenu la position de tête, samedi, Vettel a longuement évoqué Gilles dès la première question qui lui a été posée lors de la conférence de presse. Il a parlé de son héritage pour Ferrari, mais aussi pour le sport automobile au Canada... et le journaliste lui avait simplement demandé de lui parler de son tour de qualifications! Ça démontre bien l’importance que cela avait pour l’Allemand.

C’est à croire que le Grand Prix du Canada a toujours le sens du spectacle. L’an dernier, on a vu Lewis Hamilton égaler la marque de positions de tête d’Ayrton Senna. Alors que le Britannique recevait, sur le circuit où il avait obtenu sa première victoire, le casque de son idole de jeunesse en souvenir, on se disait que le scénario était parfait.

Cette année, le scénario était encore si bien écrit. Quarante ans après la victoire de Gilles, après avoir vu son fils ouvrir la marche au volant de la fameuse voiture Ferrari de 1978, Ferrari retrouve enfin la première marche du podium à Montréal après 14 ans d’attente, au grand plaisir des nombreux partisans de la Scuderia dans les gradins.

Comme si ce n’était pas assez, il s’agit de la 50e victoire de la carrière de Vettel. Il est le quatrième pilote à atteindre ce plateau. Finalement, ça permet à Vettel de reprendre la tête du championnat, un point devant Lewis Hamilton.

Mercedes ne peut défendre son château fort

Pour moi, la plus grande surprise du week-end, c’est le manque de rythme de Lewis Hamilton. Bien sûr, il a éprouvé des ennuis de refroidissement du moteur en course, ce qui lui a fait perdre du rythme. Par contre, Lewis a tellement eu de succès à Montréal qu’on pouvait tout de même s’attendre à mieux. En fait, c’est la première fois depuis 2013 à Montréal qu’Hamilton ne termine pas premier lors d’au moins une séance au cours de la fin de semaine, incluant celles d’essais libres. Hamilton n’a jamais trouvé le rythme et l’aisance qu’il avait au cours des dernières années.

Comme les autres motoristes, Mercedes croyait pouvoir compter sur une évolution moteur au Canada, mais des problèmes de fiabilité ont fait en sorte le motoriste a retardé l’arrivée de l’évolution. Difficile de savoir quelle aurait été la différence, mais c’est certain que les quelques dixièmes de seconde de plus auraient fait un grand bien aux flèches d’argent. Mercedes et Hamilton voient donc leur série de victoires dans la métropole s’arrêter à trois. Espérons pour eux que les problèmes seront réglés rapidement et que le nouveau moteur soit prêt dans deux semaines pour le Grand Prix de France.

Verstappen passe de la parole aux actes

Enfin, un Grand Prix où il n’y a que du positif à dire sur Max Verstappen. Le pilote Red Bull a clairement indiqué qu’il en avait assez de parler de ses mauvaises performances, menaçant les journalistes de donner des coups de tête lors de la conférence de presse du jeudi!

Toutefois, comme Christian Horner me le disait après la course, c’est sur la piste que Verstappen devait faire taire les critiques. Premier lors des trois séances d’essais, mais surtout troisième lors des qualifications et de la course, c’est exactement ce que Verstappen a fait. Comme le Circuit Gilles-Villeneuve est un circuit de moteur et que le moteur Renault concède encore un peu de puissance à ses rivaux, ce résultat est très encourageant.

Red Bull sera à surveiller d’ici la fin de la saison. Je crois qu’il leur en manque encore un peu pour vraiment lutter pour les titres des pilotes et des constructeurs, mais clairement, Ricciardo et Verstappen pourraient jouer les trouble-fêtes tout au long de la saison.

Déception pour les amateurs canadiens

Dans le cas de Lance Stroll, il aura vu beaucoup d’action dans les cinq virages qu’il a négociés en course. Encore une fois, un départ solide se faufilant entre les McLaren de Stoffel Vandoorne et de Fernando Alonso et devançant ensuite Brendon Hartley dans le virage Senna. Ensuite, il perd un peu la maîtrise de son véhicule et coince Hartley contre le mur, mettant fin à la course de deux pilotes qui auraient tant aimé obtenir un bon résultat.

Pour le reste, l’histoire est la même que depuis le début de la saison. Une voiture trop lente et difficile à conduire relègue les pilotes Williams en fond de peloton.

Autre déception pour les amateurs de courses canadiens, c’est la qualité du spectacle offert en piste. On était loin des rebondissements qui font la renommée du Grand Prix montréalais.

Toutefois, il est normal que certaines épreuves offrent plus d’action que d’autres. Pensez à votre sport favori, quel qu’il soit. Je suis convaincu que certaines fois, vous êtes sur le bout de votre siège, et que parfois, vous trouvez le match ou l’événement plus ennuyant. C’est normal dans le monde du sport.

Ça n’empêche pas Liberty Media de devoir réfléchir à des solutions pour augmenter le spectacle afin que ce genre de Grands Prix n’arrivent pas trop souvent. Plus d’arrêts aux puits? Des pneus moins durables? Des séances de qualifications sous forme de courses? Des grilles de départs inversées? Sans être en faveur de toutes ces solutions, je crois qu’il est temps d’en discuter et d’analyser ce qu’on peut faire pour améliorer le spectacle. Et vous, quelles sont vos idées?