« Tu es à 220 km/h! Tiens encore l'accélérateur… Freine fort, maintenant. Passe en 3e, prends le point de corde à droite, très bien! »

Mon instructeur, Miles Flood, assis à ma droite, semblait bien content de son élève. Les deux turbos de la Porsche venaient de fonctionner à merveille mais mieux encore, ses freins exceptionnels et sa boîte de vitesse tout en douceur nous avaient permis de ralentir sur une distance ridiculement courte!

Gonflé à bloc, je lance le bolide vers les dernières portions du circuit Mont-Tremblant. Je saute sur les freins sous la fameuse « porte en arc », je tourne beaucoup trop tard, je rate mon entrée et ma sortie de virage, la voiture est déstabilisée, je perds une vitesse inouïe, erreur que je traînerai jusqu'au fameux virage « Namrow », une épingle que je négocierai de façon boiteuse, traînant encore les séquelles de mon erreur précédente. Zut, alors!

Ainsi s'est donc déroulée cette formidable journée de familiarisation au programme « Trioomph », une journée remplie d'une multitude de moments palpitants et d'autant de moments de grande humilité. Une journée à l'issue de laquelle il ne restera, cependant, qu'une délicieuse griserie et…une forte envie d'y retourner!

« Trioomph », c'est l'idée de François-Charles Sirois, un jeune homme à la longue chevelure bouclée, dont les allures lui confèrent surtout un look d'artiste de cinéma ou de chanteur populaire. Pourtant son diplôme des Hautes Études Commerciales, la solide expérience acquise aux côtés de son illustre père (Charles Sirois, fondateur de Téléglobe) et ses nombreuses autres fonctions actuelles et précédentes en font un homme d'affaires solide et reconnu.

« Depuis que je suis tout jeune, je suis passionné de sport automobile », me confiait-il lors de notre somptueux souper de la veille, à l'hôtel Quintessence, de Tremblant. « Il y a deux ans, j'ai eu cette idée d'offrir à ceux qui le désirent de pouvoir faire la découverte de la conduite sportive, en toute sécurité, à bord des voitures de tourisme les plus exotiques et les plus reconnues au monde, sur l'un des plus beaux circuits en Amérique du Nord. Ce fut long et complexe, mais finalement, nous y sommes arrivés ».

M.Sirois et son partenaire, Martin Michaud, ont conçu rien de moins qu'un « 24 heures de rêve » pour ceux qui participeront à « Trioomph ». Le clou, bien sûr, ce sont ces quelques 20 tours du circuit du Mont-Tremblant, au volant, alternativement, d'une Ferrari F430, d'une Lamborghini Gallardo, d'une Porsche Turbo, d'une Aston Martin DB9 et d'une Dodge Viper! Non, vous ne rêvez pas, ce sont vraiment ces voitures qui sont mises à la disposition des participants qui, dès le départ, prennent place dans le siège du pilote, rien de moins!

« Puisque nous avons opté pour des voitures que l'on peut retrouver chez un concessionnaire (par opposition aux « formules » utilisées par des écoles comme Jim Russell), il est donc possible d'assurer la présence d'un instructeur chevronné aux côtés de nos clients. Cela procure un sentiment de sécurité additionnel et permet surtout d'enseigner beaucoup plus rapidement et directement les rudiments de la conduite sportive sur circuit fermé », explique M.Sirois.

C'est Gabriel Gélinas, dont la réputation n'est plus à faire, qui fait office de chef-instructeur et de directeur du programme. Lors du petit déjeuner qui précède la séance en piste, il apprend aux participants quelques bases élémentaires, comme le point de corde, les techniques de freinage et d'accélération en sortie de virage. C'est aussi lui qui, à bord d'une voiture de haute performance, dirige les quelques tours de familiarisation avant de se lancer à l'assaut du circuit.

Gélinas est appuyé par une équipe solide, faite de pilotes qui ont aussi suivi un programme spécialisé en enseignement des bases de la conduite. Les Marc Belcourt, Pierre Des Marais, Jean-François Dumoulin, Miles Flood, Philippe Létourneau, Martin Roy et Gaétan Saint-Louis partagent entre eux une expérience inestimable et surtout, ont en commun une attitude généreuse et patiente envers les apprentis pilotes. Assis dans le siège du passager, ils parviennent à maîtriser leur appréhension naturelle et à guider habilement les recrues, même s'ils commettent parfois des erreurs à faire dresser les cheveux sur la tête. Honnêtement, je ne sais pas comment ils font!

C'est au somptueux hôtel Quintessence de Tremblant que commence l'expérience, vers la fin de l'après-midi, la veille. Un souper gastronomique de cinq couverts attend les convives, qui iront au lit relativement tôt, vu l'horaire chargé du lendemain.

Bien sûr, il en coûte une petite fortune pour vivre une telle expérience d'un jour. Pas moins de $3,750.00 par personne, en fait! Vous et moi ne sommes donc pas, individuellement, le principal groupe-cible de l'entreprise!

« Nous visons surtout la clientèle d'affaires, les entreprises qui veulent faire vivre une expérience unique à leurs meilleurs clients. Cela semble coûteux, à la base, mais notre offre est vraiment exceptionnelle. Personne ne sort d'ici mécontent ou indifférent. Tous nous disent à quel point ils ont vécu quelque chose qu'ils n'oublieront pas de sitôt », conclut M. Sirois.

Si j'en juge par la réaction des mes collègues journalistes qui ont participé à l'activité, celle de Gino Rosatto, de l'écurie Ferrari, si j'en juge par ma propre sensation de « lévitation » après avoir complété mes tours de piste, on peut certainement dire que l'objectif est parfaitement atteint…quel qu'en soit le prix!