La règle générale en Formule Un veut que les deux pilotes d'une même écurie ne s'attaquent pas, après la dernière séquence d'arrêts aux puits.

Question d'éviter tout incident pour que les voitures rallient l'arrivée. Ce qui est d'autant plus important si les pilotes sont dans les points.

Sous cet angle, Villeneuve n'aurait pas dû attaquer Massa.

Par contre...cet incident aurait pu - aurait dû - être évité par une meilleure gestion de course de la part de l'écurie Sauber.

Les ingénieurs installés sur le muret des puits ont toutes les données pour diriger la course de leur pilote, qui eux travaillent fort pour conserver leur voiture intacte en roulant entre deux rails de sécurité.

La situation au 62e tour était la suivante:

Villeneuve était 9e et roulait derrière Massa, Montoya, Trulli et surtout Fisichella, qui ralentissait tout le monde, et qui d'ailleurs s'est fait passer par 5 voitures un tour plus tard que l'incident impliquant les deux Sauber.

Ajoutons à cela que Massa a avoué après la course que ses pneus arrière étaient extrêmement usés, ce qui avait d'ailleurs permis à Montoya de le dépasser quelques tours avant l'incident.

Villeneuve nous dit que l'écurie Sauber lui demandait d'attaquer. « Moi on m'a dit: les voitures qui sont devant, tu dois te battre avec, alors il fallait que j'attaque, surtout qu'à ce moment-là j'étais beaucoup plus vite qu'eux », a expliqué Villeneuve.

Si c'est le cas, Sauber aurait dû demander à Felipe Massa de laisser passer Villeneuve, afin qu'il puisse ensuite attaquer les voitures devant et grignoter quelques points de plus.

Vous allez me dire que les consignes d'équipe sont interdites ? Il y a moyen d'être subtil... Par exemple en disant à Massa: "tu dois préserver tes pneus...".

De telles instructions sont courantes en F1, alors que les intérêts de l'écurie passent avant ceux de chaque pilote, sauf s'il est impliqué dans une course au titre.

Et si l'écurie Sauber ne souhait pas voir Villeneuve tenter de passer Massa, il aurait fallu - encore là subtilement - demander aux pilotes de simplement conserver leur position.

Mentionnons en terminant que l'écurie Ferrari a connu une situation similaire à Monaco. En effet, dans le dernier tour, Michael Schumacher a porté une attaque sur son coéquipier Rubens Barrichello, qui a dû manoeuvrer pour éviter une collision, comme l'a fait Massa.

Barrichello était furieux après la course, et a fait connaître sa façon de penser à Schumacher et à Jean Todt.

Mais le statut de Schumacher chez Ferrari est tout autre que celle de Villeneuve chez Sauber.

"Transcription de la chronique F1 diffusée dans Sports 30"