Des sanctions ont été octroyées par les autorités de la série NASCAR après les débordements survenus la fin de semaine dernière entre Jeff Gordon et Brad Keselowski dans les instants suivant la fin de l’épreuve du Texas en Sprint.

Ainsi, seuls quelques membres des deux équipes impliquées (Penske et Hendrick) ont subi les foudres des dirigeants, tandis que les pilotes impliqués dans l’échauffourée s’en sont sortis indemnes (financièrement du moins!) Keselowski, Gordon, de même que Kevin Harvick, qui avait fait sa part pour mettre le feu aux poudres en poussant par derrière le premier, ont tous été blanchis. Sachant que Keselowski était sous probation après un premier incident du genre à Charlotte plus tôt cette saison, Harvick a essayé de jouer de ruse et de pousser son rival à commettre une bêtise. Celui-ci n’a pas poussé la note assez loin pour commettre l’irréparable, le type de geste qui aurait pu heurter son porte-monnaie et lui coûter des points au classement.

L'apocalypse la plus totale

Je me dois de saluer la clairvoyance de cette décision de NASCAR. Après tout, les pilotes ont l’habitude de régler leurs différends entre eux, sans avoir besoin de l’intervention de personne. Quant aux techniciens, leur participation à ces événements violents était exagérée, et c’est normal qu’ils en paient le prix.

Pour citer Dale Earnhardt Jr., qui s’est prononcé à ce sujet au cours des derniers jours : « C’est là qu’on voit que la formule de la Chase fonctionne réellement! » Les émotions sont à leur paroxysme alors qu’on se rapproche de l’ultime manche de la compétition, et ça se ressent autant en piste qu’à l’extérieur.

On pourra dire ce que l’on veut de cet incident, il n’en reste pas moins que la Chase n’a jamais bénéficié d’une aussi grande couverture médiatique aux États-Unis qu’en ce moment. Nul doute que le NASCAR doit s’en frotter les mains.

Le caractère imprévisible de chaque course rend le spectacle exceptionnel, semaine après semaine. Avec huit pilotes toujours en lice et l’élimination imminente de quatre d’entre eux ce dimanche, les équipes continueront de prendre des risques et c’est tout à l’avantage des amateurs de course automobile. Seulement 19 points séparent Joey Logano et Denny Hamlin, les détenteurs du premier rang sur un pied d’égalité, et Harvick, qui occupe le huitième rang avant l’épreuve de Phoenix. C’est infime comme disparité!

C’est assez ironique qu’avec une course à disputer avant la manche finale, Hendrick risque de ne compter aucun bolide parmi les quatre prétendants à la couronne. Dire qu’il n’y a pas si longtemps, on se préparait à la possibilité que les quatre positions soient occupées par des bolides Hendrick! Comme quoi la donne change ultra rapidement grâce aux changements apportés aux règlements…

Une échauffourée entre les clans de Jeff Gordon et Brad KeselowskiPour revenir à Gordon, si ce dernier constate qu’il est sorti de la course au championnat à un moment ou l’autre de l’épreuve, je ne serais pas du tout étonné qu’il choisisse de se venger aux dépens de Keselowski. Il a un historique dans ce genre de réaction. Sur cette même piste de Phoenix, en 2012, il avait amené Clint Bowyer tout droit dans le mur en guise de représailles pour un accrochage survenu quelques semaines plus tôt.

On nage dans l’inconnu

Sachant qu’une victoire s’accompagne d’un bond de 48 points, on peut affirmer sans se tromper que d’autres rebondissements viendront chambouler le portrait et que personne ne peut prétendre être à l’abri d’une élimination. Puisque c’est une piste beaucoup plus courte que les deux précédentes, la marge d’erreur sera infime. Au Texas par exemple, un départ raté est plus facile à racheter. La remontée de Kyle Busch, qui a fait fi d’un début de course désastreux pour terminer quatrième dimanche dernier, n’est qu’un autre exemple de cette réalité.

À Phoenix, les choix stratégiques effectués par les équipes – qu’ils soient en lien avec le pilotage, le choix des pneus ou les arrêts aux puits – seront plus névralgiques que jamais. Sur un circuit d’une distance d’un mille, les erreurs sont amplifiées, donc les pilotes ne peuvent pas se permettre la moindre erreur de concentration.

Les temps sont durs

Un petit mot en terminant sur la délicate situation de quelques écuries moins nanties de la Formule 1, qui souffrent au plan financier par les temps qui courent. Les Marussia, Caterham, Lotus et autres de ce monde ne l’ont pas eu facile, c’est le moins qu’on puisse dire. Le fait que les deux premières aient dû renoncer à une participation au Grand Prix des États-Unis devrait sonner l’alarme.

Ce n’est pas un secret : les équipes de fond de grille n’ont pas la même part du gâteau que les riches écuries comme McLaren-Mercedes, Ferrari et Red Bull Racing. Les recettes provenant des droits de télévision ne se rendent pratiquement pas dans leurs poches.

Pourtant, dans un passé pas si lointain, McLaren était sur le point de se retrouver dans un état financier précaire, mais un soutien économique lui a permis de remonter la pente, avec les résultats qu’on connaît.

C’est un peu le phénomène de la pendule qui se produit. La F1 doit arrêter de se mettre la tête dans le sable et s’apercevoir qu’il y a un urgent besoin de partage afin de répartir de manière plus équitable les revenus et assurer la survie de ces écuries. On a beau nous faire croire qu’on est à la recherche de solutions, des actions concrètes devront être mises en place avant que la situation ne s’envenime. Quand le groupe du bas finira par se révolter, celui du haut devra porter une oreille attentive. Il en va de la légitimité de l’organisation.

* Propos recueillis par Maxime Desroches