La classique du Daytona 500 signale le début de la saison NASCAR depuis 1959.

La grande fête autour de cette course, surnommée « Speed Week », débutera cette année le 10 février et se terminera le 21 février lors de la présentation de la course principale, le Daytona 500, qui sera retransmis en direct à RDS à 13 h.

Nous avons donc pensé vous fournir plus d’information sur NASCAR et ses héros, sur la piste à Daytona et sur les évènements qui ont marqué son histoire.

Trois papiers vous seront présentés sur le RDS.ca dans la semaine qui précède la grande course, commençant avec la création de NASCAR et de la piste de Daytona.

NASCAR – La conception

Bill France aimait déjà les courses lorsqu’il décida de délaisser le New Jersey et de venir installer son commerce de mécanique automobile à Daytona en 1935.

Daytona BeachIl participa en 1936 à la première édition d’une grande course courue sur la plage de Daytona vers le nord, avec le retour vers le sud sur la route A1A. Il termina 5e des 27 participants et en reprit presque immédiatement l’organisation et la promotion, convaincu du bel avenir des courses d'automobiles dans cette région.

France décida en 1947 de former le « National Championship Stock Car Circuit », qui devint la « National Association For Stock Car Automobile Racing », c’est-à-dire NASCAR, une année plus tard. L’objectif principal de la nouvelle association était de créer une structure légale sérieuse avec des règlements clairs et qui honorerait ses engagements avec les pilotes.

Les débuts

France publia pour 1948 un livre de règlements et un calendrier de quelques 40 courses, de février à Daytona jusqu’à décembre à Jacksonville, deux heures au nord de Daytona. Fonty Flock remporta le trophée de champion et 1000 $ d’une bourse totale de 4000 $ pour le championnat, un énorme montant à l’époque. Le grand Bill France venait de créer ce qui deviendrait un sport professionnel sérieux sur des bases financières logiques.

La classe « Modified » pour voiture loin de la série s’avéra populaire dès la première année de NASCAR, qui n’organisa rien de moins que 52 courses sur des pistes de terre en 1948.

Les goûts du public évoluaient cependant vers les voitures de série, dites « Stricly Stock ». C’était le début de la catégorie de voitures basées sur l’apparence des voitures de série et sur laquelle NASCAR allait bâtir son empire.

Deux concurrents lors de la course de plage à DaytonaLe règlement ne permettait aucune modification aux voitures au début, mais NASCAR comprit les dangers encourus par les pilotes à plus haute vitesse et modifia les règles pour alléger et solidifier les voitures dès les premières années. Cette nouvelle catégorie reine prit le nom de « Grand National » en 1950, et le conserva jusqu’à la création de la « Winston Cup » avec l’arrivée du premier grand commanditaire en 1971.

La première phase de croissance

NASCAR a vécu une croissance vertigineuse lors des années 50s. En organisant des saisons de 50 courses ou plus, courir en NASCAR devint une activité à plein temps, avec des courses groupées par région pour trois ou quatre soirs ou journées par semaine, alors que les plus importantes courses étaient tenues le samedi et le dimanche.

Concentrés sur la côte est des États-Unis, les coureurs s’établirent dans la région de Charlotte (NC), alors que la série décida aussi de s’y établir tout en gardant des services administratifs à Daytona.

L’idée derrière l’ovale de Daytona

D’un autre côté, les choses n’allaient pas très bien à Daytona, où la course sur plage perdait de l’argent chaque année.

Daytona International Raceway au débutBill France saisissait bien le problème depuis 1953, et imagina un plan pour faire de Daytona un centre mondial de courses. Il voulait battre Indianapolis, la piste aux 4 virages à peu d’inclinaison, couvrant 2,5 miles, et qui dominait les courses aux États-Unis à l’époque. France et un petit groupe d’investisseurs peu argentés louèrent pour 50 ans un terrain de 181 hectares juste à l’ouest de Daytona et préparèrent des plans.

Une piste de course de chiens établie depuis longtemps sur le terrain refusa de bouger, empêchant la construction d’une piste avec les mêmes dimensions et dispositions que les 4 virages qu’Indianapolis. Les concepteurs durent alors inventer le tri ovale, un compromis inconnu à l’époque et reconnu aujourd’hui comme génial, offrant un terrain de jeu idéal pour ces grosses voitures.

La construction de la piste débuta en 1956, avec le drainage du marais au centre du terrain, puis le creusage d’un lac pour fournir la terre nécessaire pour créer l’inclinaison de la piste sur toute sa longueur, avec les principaux virages montés à 33 degrés.

Le bol rendait Daytona beaucoup plus rapide qu’Indianapolis avec des voitures identiques, que ce soit des « Grand National » de NASCAR ou des « Champ Car » qui courraient normalement à Indianapolis.

La grande ouverture de la piste eut lieu en février 1959 avec la tenue du premier Daytona 500. Nous en sommes cette année à la 59e édition de cette classique.

Le premier Daytona 500

Bill France montait NASCAR d’un cran en bâtissant le complexe du Daytona International Speedway et y lançant sa saison 1959.

Ce premier Daytona 500 se termina avec Lee Petty et Johnny Beauchamp au coude-à-coude au fil d’arrivée. Les officiels ont d’abord déclaré Beauchamp vainqueur. Bill France a alors refusé d’officialiser cette décision, laissant patienter les médias jusqu’au mercredi avant d’annoncer la victoire de Lee Petty, le père de Richard, après avoir « bien analysé les images et les phénomènes optiques en jeu. » Dans les faits, la photo de l’arrivée montrait clairement que Petty avait gagné, mais France avait obtenu trois jours de visibilité additionnelle dans les médias…

Explosion de pistes rapides

Des années 60 à 90, NASCAR et des promoteurs indépendants se lancèrent dans la construction de pistes, toujours dans l’espoir d’attirer une ou deux courses NASCAR Winston Cup chaque année. La liste est longue : Martinsville, Richmond, North Wilkesborough, Talladega, Pocono, Ontario Motor Speedway, Fontana, Texas Motor Speedway, Kentucky, Chicago, Homestead, Charlotte, Rockingham, Iowa, Atlanta, Las Vegas, Disney (à Orlando), Phoenix, Dover, Kansas, Michigan, New Hampshire International Raceway.

La télévision, les médias sociaux et les gros commanditaires

Tout coûte très cher en NASCAR : voitures, équipes, ateliers, déplacements, officiels et équipement de gestion de course, bourses, mise en ondes. Après un départ lent, la popularité grandissante du sport à travers l’Amérique et le reste du monde a augmenté la valeur des images, permettant à NASCAR de signer un contrat mirobolant à partir de 2015. On parle d’ententes avec NBC et Fox d’une valeur de 4,4 milliards $ US pour huit années de retransmissions en direct des séries Sprint et Xfinity, quelque 560 courses, et donc de 7 millions $ US par course.

Les budgets et la technologie

Les grandes équipes bâtissent au moins 15 châssis par saison, et travaillent avec des budgets annuels qui dépassent les 10 M$ par voiture.

Arrivés de la F1, des outils informatisés d’analyse et de simulation sont maintenant essentiels pour les meilleures équipes, qui y consacrent des salles d’ordinateurs de plus de 10 M$ et des équipes de 10 à 20 ingénieurs et mathématiciens. Inutile d’ajouter la prolifération d’ingénieurs dans les équipes et surtout de méthodes d’ingénieries adoptées par les membres clés, ingénieurs comme autodidactes.

La Royauté NASCAR – une affaire de famille

On dit qu’une passion passe souvent d’un parent à ses enfants. Ajoutez dans le cas présent la concentration géographique et vous créez des conditions idéales pour l’émergence de familles à la NASCAR, la progéniture suivant les traces du père vers les courses, plus que dans tout autre grand sport américain.

NASCAR a toujours été une affaire de famille, commencée par Bill France Sr. qui créa NASCAR en 1948, suivi par son fils Bill Jr, puis son fils Brian et divers frères, sœurs et épouses ont aussi œuvré dans l’entreprise familiale.

Les affaires de famille imprègnent NASCAR depuis ses débuts. Lee Petty a crée un empire avec son fil Richard, puis Kyle et Adam (le fils de Kyle), en plus de Maurice, le motoriste et frère de Richard.

La liste est longue : Ralph, Dale Sr, Dale Jr, Kerry et Jeffrey Earnhardt. Terry, Bobby et Jeffrey Labonté. Darrell et Michael Walltrip, Bobby, Donnie, Clifford et Davey Allison. Rusty, Michael, Kenny, Chrissy et Matt Wallace. Kurt et le mirobolant Kyle Busch. Ned et Dale Jarrett. Bill et Chase Elliott. Elliott et Hermie Sadler.

Des pilotes sans liens familiaux ont aussi brillé depuis les débuts de NASCAR. Junior Johnson, Fireball Roberts, Curtis Turner, et Freddie Lorenzen, dont la mort dans un incendie en piste a mené au développement des réservoirs de sécurité (fuel cell) et à l’usage de combinaisons en Nomex, un matériel ignifuge aussi utilisé pour les intérieurs d’avions commerciaux. 

Chez les pilotes plus contemporains sans liens familiaux, on se doit d’ajouter Jeff Gordon, Jimmy Johnson, Kevin Harvick, Tony Stewart, et des dizaines d’autres.

Tous ces « jeunes » seront en piste dès le 13 février pour l’ouverture de « Speed Weeks », et RDS y sera en direct à compter de 19 h.