Alors qu’il approche la mi-quarantaine, Tony Stewart, l’un des grands pilotes de stock-car de sa génération a fait l’annonce mercredi qu’il prendra sa retraite de la compétition à l’issue de la saison 2016 de NASCAR.

À mon avis, Stewart représente l’un des plus beaux talents naturels de l’histoire de son sport. Il n’a jamais vraiment eu besoin de s’entraîner; il prenait place dans sa voiture et ses habiletés faisaient le boulot. De ce côté-là, j’entretiendrai toujours un grand respect pour lui, et pour ses accomplissements (trois championnats de la Coupe Sprint et un total de 48 victoires à ce jour, le troisième plus haut total derrière Jeff Gordon et Jimmie Johnson parmi les pilotes toujours actifs).

Malheureusement, la description qui sied le mieux à Tony Stewart est celle qu’a déjà proposée Dale Earnhardt fils à son sujet : « Il est l’homme caractériel au plus grand cœur qu’il m’ait été donné de rencontrer. » Autant il peut être bouillonnant à certains moments, Stewart est aussi l’un des premiers à proposer son aide à quelqu’un dans le besoin.

Il n’en demeure pas moins que sa personnalité explosive lui aura coûté cher à quelques reprises durant sa carrière en sport automobile. Le plus évident de ces incidents est évidemment celui remontant à l’été 2014, durant lequel il a happé à mortellement le jeune Kevin Ward lors d’une épreuve disputée sur terre battue.

C’est bien dommage de devoir l’admettre, mais cette tache à son dossier va vraisemblablement le suivre pour le restant de ses jours, et ce même si je suis persuadé qu’il ne l’avait pas fait intentionnellement. Mais la simple existence de ce souvenir douloureux qui lui est attaché laisse un goût amer.

Jeff GordonCompte tenu, c’est malheureux car il est vraiment l’un de ceux qui aura le plus donné pour son sport. Au fil des ans, il a acheté des circuits et investi pour développer des pilotes de la relève. Récemment, il a tout mis en œuvre pour venir en aide à sa manière à la famille du défunt Justin Wilson, mettant notamment à leur disposition son avion. Ce geste venant du cœur lui a valu beaucoup de témoignages d’appréciation, même si son intention était que la nouvelle ne s’ébruite pas.

Et parlant de grands pilotes dont la retraite approche, un autre futur membre de la Temple de la renommée du NASCAR a quant à lui établi une marque en prenant part à une 789e course consécutive la fin de semaine dernière au New Hampshire.

Depuis ses débuts lors de la saison 1992, Jeff Gordon, dont ce sont les derniers tours de piste, n’a jamais raté le moindre départ. C’est carrément ahurissant! De toutes ces années, jamais la maladie, une blessure, la naissance de ses enfants ou même les rigueurs du calendrier chargé en NASCAR (aucune série ne compte autant de courses à l’agenda) ne l’ont empêché de performer semaine après semaine. S’il conclue le calendrier sans manquer à l’appel, il quittera la série avec une séquence phénoménale de 797 épreuves d’affilée.

Son équipe n’a pas réussi à trouver les ajustements nécessaires cette année, sauf qu’il n’en demeure pas moins un pilote exceptionnel.

Harvick et les erreurs tactiques

Le deuxième chapitre de la Chase s’est déroulé sous nos yeux dimanche dernier au New Hampshire. Pour la quatrième fois de suite, et la deuxième en autant de courses depuis le début des éliminatoires, un pilote de l’équipe Joe Gibbs s’est hissé sur la plus haute marche du podium. Cette fois, Matt Kenseth a croisé la ligne d’arrivée en premier, suivi de son coéquipier Denny Hamlin.

Notre perspective pourrait toutefois être fort différente si Kevin Harvick, meneur pendant de larges portions de la course, n’avait pas fait une erreur de calcul impardonnable en choisissant de ne pas ravitailler. Ce faux-pas du champion défendant s’est avéré la différence entre un top-3 assuré et une décevante 21e place, après le désastre de la semaine précédente.

Matt Kenseth et Kevin HarvickJe ne comprends pas pourquoi sa stratégie de course est aussi agressive, si tôt dans la Chase. Seize pilotes sont en lice, et quatre seront retranchés ce dimanche à Dover. Pourquoi ne pas faire comme Ryan Newman par exemple, qui en jouant la carte de la prudence accumule les top-5 et les top-10, s’assurant pratiquement d’être repêché pour la deuxième étape.

Et parlant de résultat décevant, que dire des deux premières courses de Kyle Busch, victime de deux crevaisons jusqu’à présent? On dirait que la malchance s’acharne sur lui chaque fois qu’il entre dans la Chase. Tout comme Harvick, Busch est sérieusement en danger d’élimination, quoi que sa situation s’avère moins critique que celle de son rival.

Harvick et son équipe n’ont jamais été confrontés à une situation aussi délicate, et bien franchement je ne suis pas sûr qu’ils soient capables de sortir un lapin de leur chapeau. Ça prendra absolument une victoire à Dover, ou bien un scénario très improbable dans lequel Harvick obtient un excellent résultat jumelé à des performances exécrables de ses opposants au classement. Bref, ça ne tient pas à grand-chose!

Il serait difficile de prédire autre chose qu’une victoire d’une pilote Job Gibbs lors du troisième volet mais quelques jours, mais néanmoins, attention à Jimmie Johnson!

Johnson a réellement compris le système de la Chase. Il s’est assagi. Leur manière d’aborder le format éliminatoire, son chef d’équipe Chad Knaus et lui, n’est pas du tout comparable à ce qu’ils tentaient l’an dernier. Je pense sincèrement que cet ajustement pourrait payer. La constance est désormais le mot d’ordre. Avec sa stratégie de survie – ce que Newman fait déjà en quelque sorte –, ses chances de connaître du succès augmentent exponentiellement.

Tout compte fait, la Chase est encore une fois tout ce qu’il y a de plus imprévisible, et ça pimente le spectacle. L’incertitude est au rendez-vous et personne n’est à l’abri d’une déception… Parlez-en à Kevin Harvick!

J'aimerais conclure en félicitant le Québécois Martin Roy pour sa belle 22e position lors de l'épreuve NASCAR Xfinity, samedi dernier.

Roy prendra part à la dernière course de sa saison dans la deuxième division du circuit NASCAR au Texas, le 7 novembre.

* Propos recueillis par Maxime Desroches