En rallye, les événements ont généralement une bonne santé. Quelques épreuves au Canada ont dépassé le cap des 30 ans alors que plusieurs autres reviennent à chaque année depuis au moins 20 ans. C'est le cas du Rallye Sanair qui tient le coup depuis 1985!

Il y a pourtant quelque chose d'incongru entre rallye et Sanair : qui dit rallye suppose l'éloignement, la route de terre ou de neige, les grandes distances et les journées interminables. Par contre, qui dit Sanair pense bitume et chicanes, circuit routier, triovale et paddock, tout le contraire de ce que le rallye nous réserve habituellement.

C'est Jacques Guertin lui-même, le fondateur de Sanair, qui eut l'idée de l'épreuve au départ. Souhaitant ouvrir sa saison plus tôt, il proposa au Club Autos Sport La Licorne de présenter une telle épreuve en '85. Le circuit routier et le triovale furent mis à profit et l'idée d'installer des chicanes afin de ralentir les voitures aussitôt retenue.

Bon an, mal an, les éditions ont attiré leur lot de compétiteurs et le Rallye Sanair s'est vite imposé comme seul rallye sur piste en Amérique et a donné lieu à des luttes épiques en bien des occasions. On a déjà vu 40 voitures, 5000$ de bourses et une brochette d'Américains. Même le regretté Carl Merrill est venu faire son tour et qui ne se souvient pas des visites des jeunes malades pour la Fondation Rêves d'Enfants. L'épreuve a perdu de son lustre mais demeure partie intégrale de la Coupe du Québec, un must pour tout équipage qui aspire remporter ce championnat.

Facile le rallye Sanair ? Détrompez-vous. La mécanique est très sollicitée et les freins sont mis à l'épreuve comme jamais. Les équipes de service ne chôment pas entre les épreuves de classement. Compléter Sanair est un exploit comparable à terminer une épreuve nationale. Même des pilotes de circuit routier n'ont pu se justifier et ce sont toujours des pilotes de rallye qui l'ont emporté.

Ennuyant le rallye Sanair ? Pas question. Les épreuves de classement se succèdent toute la journée avec des poses qui permettent aux spectateurs de voir de près les voitures dans les paddocks tout près. Sanair est le rallye où l'action ne manque jamais. De plus l'admission est gratuite.

Avec les années '90 et la venue des rallyes-sprint, l'événement a été porté sur deux jours, avec école de pilotage et sprint pour les débutants. Il a donc fallu doubler l'organisation et les bénévoles. Mais le jeu en valait la chandelle. Pour les pilotes recrues en rallye, une école à Sanair est un premier contact avec la compétition automobile dans un encadrement sécuritaire. Il permet également de débuter avec un véhicule ayant peu de modifications avant de le préparer pour la terre.

On attend une cinquantaine de voitures les 26 et 27 avril. Certains pilotes font s'y amuser, même s'ils doivent déclarer forfait avant le départ puisqu'ils sont inéligibles. On y verra ainsi Sylvain Erickson et sa rutilante Lancer qui a gagné le Perce-Neige en janvier. Seule ombre au tableau, quelques compétiteurs de notoriété ne se présenteront pas à Sanair parce que la nouvelle formule de la Coupe du Québec ne leur donne pas le droit de marquer des points. Dommage pour le spectacle et pour ceux qui voudraient bien garder la forme entre le Rallye de Québec en février et celui de la Baie des Chaleurs en juillet.