Il aura fallu trente ans pour que le Canada parvienne à envoyer un premier Canadien participer régulièrement à des épreuves de championnat du Monde des rallyes. Une éternité. En effet, Patrick Richard, ce résident de la Colombie-Britannique, né à Sherbrooke, est du championnat pour les voitures de Groupe N en 2003. Grâce à Subaru Canada, il est assuré de prendre le départ d'au moins six des sept épreuves où les Groupe N sont en vedette américaine des redoutables Groupe A.

Ce ne sont pourtant pas les candidats qui ont manqué pendant ces trente ans. Walter Boyce d'Ottawa était un pilote Toyota en 1973 quand il a remporté le Press-On-Regardless au Michigan et il demeure le seul Canadien qui ait remporté une épreuve mondiale bien avant que le format ne devienne celui qu'on connaît maintenant.

L'Albertain Taisto Heinonen et le Québécois Jean-Paul Pérusse furent des champions canadiens talentueux et respectés : ils firent quelques apparitions en WRC sans que les résultats ne soient vraiment probants et les manufacturiers n'ont pas donné suite, que ce soit Toyota, Fiat ou British Leyland à l'époque.

On aurait cru que Frank Sprongl atteindrait le but tellement il dominait la scène nord-américaine à une certaine époque. Mais Audi n'avait aucune prétention en WRC. Tom McGeer était le pilote numéro un chez Subaru jusqu'à l'an passé : les circonstances ont fait qu'il n'a pas été appelé à graduer chez les pros. Pas davantage de veine chez nos voisins américains, alors que Buffum fut et demeure le meilleur de son époque. Les Millen, Choinière et autres n'ont pas eu plus de chance.

Venu de nulle part en 1999, Patrick Richard a connu une ascension fulgurante en accumulant des titres nord-américains jusqu'au championnat canadien en 2002. Libre et fortuné, il devenait le candidat idéal pour accéder au nirvana de la glisse, en Groupe N faut-il ajouter, dans l'antichambre des dieux que sont les Gronholm, Makkinen, Burns, McRae et Sainz et la nouvelle génération des demi-dieux que sont les Martin, Sollberg, Loeb, Loix et Duval.

La partie est cependant loin d'être gagnée pour le pilote que bien des jeunes recrues ont en admiration. Il faudra le laisser s'installer dans ce cirque qui vaut bien celui de la F-1 pour des hordes de spectateurs et d'amateurs à travers le monde avant de porter un jugement de valeur. Il n'en demeure pas moins le premier pilote canadien qui obtienne une vraie chance en WRC. Prochaine manche en Argentine du 7 au 11 mai prochain.