MONTRÉAL - Joëlle Numainville considère qu'un différend entre elle et Cyclisme Canada pourrait expliquer la décision de l'organisation de l'écarter de son équipe de 19 cyclistes qui participera aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro, du 5 au 21 août.

Sans entrer dans les détails, Numainville a indiqué qu'elle avait peut-être eu un différend avec l'entraîneuse de l'équipe féminine de cyclisme sur route, Denise Kelly, lors des derniers Championnats du monde, qui se sont déroulés en Virginie, aux États-Unis, du 20 au 27 septembre 2015. L'équipe canadienne n'avait pas de stratégie particulière pour la course, et malgré cela Numainville avait terminé 11e.

« Je ne suis pas la mauvaise fille dans cette histoire-là; je ne suis pas P.K. Subban quand je parle », a-t-elle d'abord évoqué, la mine sombre.

« Ça arrive que tu aies des différends avec certaines personnes, et c'est normal, a poursuivi Numainville. Les athlètes, ce sont des personnes qui veulent gagner et moi, quand je me présente à une course, j'y vais pour ça. J'ai eu la course de ma vie aux Championnats du monde. Ceci étant dit, peut-être que l'entraîneuse (Denise Kelly) n'était pas nécessairement contente, je ne sais pas, mais ça ne devrait pas affecter une sélection.

« On parle strictement de résultats ici, on ne s'en va pas en vacances ensemble, a-t-elle poursuivi. [...] Peut-être (qu'on a un conflit de personnalités), je ne sais pas, mais il y a clairement quelque chose qui a affecté ma sélection parce que ce n'est pas normal. J'ai quand même été championne canadienne sur route (en 2015). »

Les critères de sélection afin de faire partie de l'équipe olympique canadienne étaient soit de réaliser un top-12 aux Mondiaux en contre-la-montre ou dans une épreuve sur route, un top-8 d'une étape de la Coupe du monde UCI entre le 1er janvier 2015 et le 15 juin 2016, ou encore de faire partie du top-100 au classement de l'UCI au 15 juin dernier.

Mercredi, Cyclisme Canada avait justifié sa décision d'écarter Numainville en indiquant que « le comité de haute performance a réalisé une révision approfondie des performances internationales et une analyse des données physiologiques et d'autres facteurs déterminants » afin de sélectionner les membres de son équipe.

Pour sa part, Jacques Landry, directeur haute performance à Cyclisme Canada, a précisé que son organisation, en compagnie des entraîneurs, avait évalué les athlètes qui pouvaient donner les meilleures chances de médailles du pays compte tenu des sites de compétitions.

« En ce qui a trait à la course sur route, le circuit utilisé favorise davantage les grimpeurs, d'où nos choix », avait-il mentionné.

Selon la principale intéressée, ce critère de sélection ne tient pas la route, même si elle convient qu'elle n'est pas la meilleure grimpeuse du groupe.

« Oui, on m'étiquette d'abord comme une sprinteuse, mais je pense que je me débrouille quand même bien un peu partout, a-t-elle affirmé. Je me débrouille bien au contre-la-montre et dans les courses d'un jour. Ça, je l'ai déjà prouvé. »

Numainville, qui s'est dit « bouleversée » par la décision de Cyclisme Canada jeudi, ne lâchera donc pas le morceau. Christine O'Doherty, la porte-parole de la Lavalloise de 28 ans, a indiqué qu'elle a déposé un appel de la décision de Cyclisme Canada le 21 juin. L'audience devant l'arbitre aura lieu vraisemblablement autour du 11 ou 12 juillet, puis une décision de l'arbitre sera rendue autour du 17 ou du 18.

Si celle-ci est négative, Numainville aura toujours l'opportunité d'aller en appel de la révision devant le Centre de règlement des différends sportifs du Canada (CRDSC). Cette autre instance pourra, à son tour, nommer un arbitre qui tranchera sur la décision de l'arbitre précédent. Si celle-ci est maintenue, alors Numainville devra faire une croix sur son rêve de participer à ses deuxièmes Jeux olympiques en carrière, après ceux de Londres en 2012, où elle avait terminé 12e de la course en ligne.

« Ce que le CRDSC nous a dit, c'est qu'il a présentement de l'espace pour étudier le dossier, a expliqué O'Doherty. En conséquence, une décision pourrait être rendue aussi rapidement qu'en 24 à 48 heures, ce qui nous rapporte au 22 ou 23 juillet. Évidemment, le CRDSC est conscient de l'urgence de la situation, donc c'est quand même rassurant. On espère que la situation ira en faveur de Joëlle. »

Les compétitions olympiques de cyclisme pour Rio 2016 se tiendront à différents sites. Le cyclisme sur route aura lieu les 6 et 7 août au fort Copacabana, et le 10 août, à Pontal.