Une chaude lutte derrière Vincenzo Nibali
Tour de France mardi, 15 juil. 2014. 09:49 samedi, 14 déc. 2024. 21:58BESANÇON - Les places sont à prendre dans le Tour de France privé de ses favoris et anciens vainqueurs, derrière l'Italien Vincenzo Nibali, solide maillot jaune à la sortie des Vosges.
Le Sicilien a bouclé la première partie de la course, quasiment la première moitié (1782 km sur 3661 km), avec plus de deux minutes d'avance. Il a gagné deux étapes, rivalisé d'adresse sur les pavés du Nord pour creuser l'écart et affirmé sa supériorité dans la première arrivée au sommet (La Planche des Belles Filles). Bref, un sans-faute jusqu'à présent.
« Il court bien, toujours devant », estime Bernard Hinault, le quintuple vainqueur du Tour (entre 1978 et 1985), qui ne voit que la chute pour mettre en danger l'Italien.
Les chutes, dont la litanie scande régulièrement la première partie du Tour jusqu'à la montagne, ont éliminé cette fois les deux favoris d'un Tour présenté au départ de Leeds comme un match entre Chris Froome et Alberto Contador. Mais le Britannique, trois fois à terre, n'a même pas vu les premiers pavés (5e étape) et l'Espagnol est lourdement tombé dans la descente glissante du Petit Ballon (10e étape) lundi.
Contador a expliqué avoir été surpris par un trou en formation sur la chaussée qu'il a vu tardivement. Manque de vigilance? Les routes du Tour sont le plus souvent impeccablement revêtues, à l'inverse des voies empruntées par le Giro, et les dangers liés aux aménagements routiers (virages dangereux, ronds-points, îlots directionnels), sont signalés.
Avant la haute montagne
En une seconde, le Tour a basculé une nouvelle fois. Au profit de Nibali, porte-drapeau d'un cyclisme italien qui ne compte - constat inouï pour le pays-phare de ce sport - que deux victoires dans le Tour durant le dernier demi-siècle (Gimondi en 1965, Pantani en 1998). Mais aussi de quelques autres coureurs pour lesquels la route du podium s'est ouverte.
Promu chef de file de son équipe après le retrait forcé de Froome, Richie Porte conduit l'opposition. C'est l'Australien qui a mené la chasse dans la montée de la Planche des Belles Filles, c'est lui aussi qui présente les meilleures références en vue du contre-la-montre de Périgueux (20e étape), le 26 juillet, à la veille de l'arrivée à Paris. Nibali le sait, qui a tenu à accroître son avance dans les Vosges pour la porter à 2 min 23 sec. Par sécurité.
Avant de songer à ce rendez-vous, l'ensemble des grands cols de cette 101e édition est à franchir. Le programme séduit la jeune vague française (classe 1990), idéalement placée avant l'entrée en haute montagne.
Romain Bardet, s'il garde la même clairvoyance, a tout pour briller dans les prochains jours et prendre date pour un avenir étincelant. Thibaut Pinot, s'il résiste à l'emballement, doit jouer les tout premiers rôles. Jusqu'au podium? L'éventualité qui paraissait folle au départ du Tour a pris corps au vu de son parcours vosgien et de son potentiel de grimpeur, en progrès aussi dans les contre-la-montre.
Le risque de la chaleur
À Besançon, le cyclisme français n'en revient pas de rivaliser si bien avec le reste du monde. Trois représentants (Bardet 4e, Gallopin 5e, Pinot 6e) dans les six premiers. Et le vétéran, Jean-Christophe Péraud (37 ans), peut-être le mieux placé dans une position d'attente (8e)!
À partir de l'Espagnol Alejandro Valverde (3e), qui voit se profiler un podium s'étant toujours refusé à lui jusque-là, les écarts sont très resserrés. Huit candidats, dont l'Américain Tejay Van Garderen et le Portugais Rui Costa (dans l'ombre mais toujours là jusqu'à présent), se tiennent dans une fourchette d'une minute et demie. Tous sont en droit de rêver en vue des deux rendez-vous alpestres qui rythment la semaine jusqu'à la prochaine journée de repos, Chamrousse (vendredi) et Risoul (samedi).
« Le Tour se jouera dans les Pyrénées », prévoit Valverde. « Mais il peut se perdre tous les jours », rappelle Pinot. La chute, le problème de santé (maux d'estomac pour Mollema dans les Vosges), guettent toujours. La météo aussi, qui se dirige vers le beau temps après dix premières journées souvent pluvieuses. Avec, pour conséquence, les difficultés d'adaptation à la grosse chaleur et les risques afférents (tendinites, gastro-entérite).
Ce Tour, qui multiplie les coups de théâtre, a tout pour étonner et ravir le public. Il bouleverse les statistiques, s'octroie toutes les fantaisies. À mi-course, il n'a plus dans son peloton de rescapés aucun de ses vainqueurs ou dauphins des précédentes éditions. Pour la première fois depuis plus d'un siècle (1904).