Vous avez bien lu. Le Tour d’Italie s’amorce vendredi à Jérusalem. Pour la 1re fois de l’histoire, un Grand Tour s’amorcera hors du continent européen.

Douze millions de dollars US. C’est ce que le gouvernement de Benjamin Netanyahu aurait déboursé pour convaincre RCS Sports. Et cette idée farfelue, c’est un Québécois d’origine, Sylvan Adams, qui l’a eue.  

Donc, trois étapes en Israël : un court contre-la-montre de 10km en ouverture, suivi de deux étapes destinées aux sprinteurs.

Le Pape François a même été invité!

Aucun doute, ce sera historique.

Étapes à surveiller

S’en suivra un long et complexe transfert vers la Sicile. Après un jour de repos, trois étapes y seront disputées, dont une étape sur le Mont Etna. Cette 6e Étape sur le volcan sera le premier vrai test pour les prétendants au général. Certains paieront-ils les frais du long transfert?

9e Étape. 224 km. Arrivée au sommet de Gran Sasso d’Italia. Les 50 derniers kilomètres sont en ascension. Et c’est le type de montée qu’affectionne particulièrement Froome et sa bande. On voit déjà le scénario : le train Sky devant le peloton qui met tout le monde à mal, décourage tout coureur d’attaquer et décroche même certains rivaux. Pas de grands écarts, pas de grandes attaques mais des secondes gagnées... ou perdues.   

14e Étape. Le terrifiant Monte Zoncolan (10 km à 12%). L’une des ascensions les plus difficiles d’Europe avec ses passages à 20% et 22%. La journée sera souffrante avec l’enchaînement des ascensions, dont Passo Duron et son mur à 18%. On ne sera pas totalement frais au pied de Signor Zoncolan. Et on ne sait jamais ce qui peut se produire, vous vous souvenez de ce «champion du monde» en 2014...

15e Étape. Lendemain de veille pas de tout repos. Peu ou pas de plat au menu dans les Dolomites. On monte ou descend sans arrêt. Les 30 derniers km sont propices aux attaques, surtout que c’est jour de repos le lendemain.
 

 16e Étape. CLM de 34,2 km. Les rouleurs pourront s’exprimer. C’est plat, peu technique et la route est large. Dumoulin et Froome devraient écarter Aru et cie ce jour-là. Sauf Rohan Dennis, s’il est toujours dans le coup. Attention au «jour sans», fréquent au lendemain d’un jour de repos. Lors d’un CLM, ça ne pardonne pas. 

19e Étape. L’Étape Reine. Au menu, le Cima Coppi (sommet le plus élevé du Giro) : Colle de Finestre. 18 km à 9%, dont les 9 derniers km sur une route de gravier. 45 virages en épingle. La descente est très technique et mène vers l’ascension de Sestrière (16 km à 4%). Descente rapide vers Bardonecchia où s’amorce la dernière montée, Jafferau (7 km à 10%, dont 12% dans les 500 derniers mètres).  Ça va faire mal!

20e Étape. Dernière chance pour le général. 3 longs cols de 1re catégorie dans les 90 derniers kilomètres. 4000 m de dénivelé (montée et descente). Certains rêveront d’y voir de grandes envolées… avant la procession dans les rues de Rome pour conclure le lendemain.

« Un départ de Jérusalem et une arrivée finale à Rome, la symbolique est forte. Ça lance un message de paix et de fraternité », Sylvan Adams, à Cyclingmagazine.ca.

Polémique

Quoi? Une polémique en cyclisme? Du jamais vu!

Ça n’a rien à voir avec le départ en Israël.

C’est plutôt la présence d’un coureur. Chris Froome.  

Ce qui dérange, ce n’est pas le cachet de 1,4 million d’Euros que lui auraient versé les organisateurs pour sa participation, comme le veut la rumeur, mais ce fameux cas de test antidopage anormal, datant du 7 septembre, sur la Vuelta.

Cette histoire n’est toujours pas réglée.

Quand le sera-t-elle? Le président de l’UCI, David Lappartient, déclarait au journal L’Équipe, le 11 avril : « J’espère qu’on aura une décision avant le Tour. »

Favori : Froome ou Dumoulin?

Bonne nouvelle! Le vainqueur du Giro 2017 semble avoir réglé ses problèmes intestinaux. Personne n’a oublié ces images de Tom Dumoulin soulageant un urgent besoin, au pied du Stelvio

Malgré tout, il avait gagné.

Cette fois, en plus de ses intestins, il devra se méfier de Chris Froome et l’armada Sky.

Même si le Giro et Sky ne semblent pas compatibles (Sky n’a jamais remporté le Giro. Le seul podium de l’équipe est la 2e place de Rigoberto Uran en 2013), Froome et sa bande seront favoris.

Mano a mano, Dumoulin peut rivaliser avec Froome. Il est tout de même le champion du monde du contre-la-montre et le vainqueur du Giro. Mais a-t-il l’équipe pour l’aider à battre Froome?

Prétendants... au podium

Vous le savez, tout peut arriver sur un Grand Tour. On attend un duel Froome – Dumoulin, mais d’autres seront en embuscade.

Thibaut Pinot (Groupama-FDJ)
Le Français est en grande forme, lui qui vient de remporter le Tour des Alpes devant Pozzovivo, Lopez, Froome, Bennett et Aru. L’an dernier, il a terminé au pied du podium à son 1er Giro, en plus de remporter une étape. Il est de retour cette année pour faire une grande course.

Fabio Aru (UAE-Team Emirates)
En l’absence de Vincenzo Nibali, il est l’espoir italien. En 2017, il a dû faire l’impasse sur le Giro en raison d’une blessure à un genou. Il veut retrouver son éclat de 2015 où il avait remporté la Vuelta et terminé 2e du Giro.  

Miguel Angel Lopez (Astana)
Beaucoup repose sur lui chez Astana. Avec le départ d’Aru, il est devenu, à 24 ans, le leader de l’équipe pour les Grands Tours. Jakob Fuglsang sera leader de l’équipe sur le Tour mais est-ce que ce sera encore le cas en 2019. L’avenir est brillant pour Lopez… s’il parvient à éviter chutes et blessures.

Simon Yates et Esteban Chaves (Mitchelton-Scott)
Dans un passé pas si lointain, l’équipe australienne ne jouait jamais le général sur les Grands Tours. La voici avec 2 cartes. Qui est le véritable leader? Si l’on se fie au début de saison, le choix est Yates sans hésiter. Si l’on en juge par le palmarès, Chaves sera le leader, ayant terminé 2e du Giro en 2016. Tous deux ont travaillé sur le CLM cet hiver, leur grande faiblesse par le passé.

Michael Woods : 1 Étape et top-5

C’est une prédiction. Aucunement scientifique. Purement émotive. Michael Woods vient de marquer l’histoire du cyclisme canadien en terminant 2e sur Liège-Bastogne-Liège; un monument du cyclisme.

Sur la Vuelta 2017, son 2e Grand Tour, il a terminé 7e au général. Mais surtout, il a grimpé aux côtés des meilleurs : Froome, Contador, Nibali.

Il a prouvé sur La Doyenne que son virus de début de saison était du passé et qu’il était un bien meilleur coureur qu’à ses deux premières saisons.

Une victoire d’étape? Aucun doute qu’il peut le faire.  Un top-5 au général? Pourquoi pas! 

Guillaume Boivin et son équipe... à domicile

Non seulement le départ se fait en Israël, mais une équipe israélienne y sera : Israel Cycling Academy. Pas un hasard.

Guillaume Boivin a pris un risque en se joignant à ce projet d’équipe, il y deux ans. Pari gagné. Il retourne sur un Grand Tour pour la première fois depuis la Vuelta 2014.

Boivin aura un rôle de coéquipier, entre autres, celui de poisson-pilote au sprinteur italien Kristian Sbaragli.

-------

Pourrez-vous voir le Giro à RDS? Malheureusement, non. Pourquoi? Demandez-vous combien coûtent les droits de diffusion vs combien rapporte une telle course à RDS? Si vous avez un commanditaire prêt à investir, on fait la course, avec le plus grand des plaisirs!