MONTRÉAL - Les chances que les Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal soient présentés tel que prévu cet automne sont plutôt minces, a convenu le président de l'événement Serge Arsenault.

Arsenault a émis ces commentaires quelques heures après que l'Union cycliste internationale ait pris plusieurs décisions au sujet du remodelage de son calendrier 2020 en vidéoconférence. Il a d'ailleurs confié avoir discuté pendant une quarantaine de minutes mercredi matin avec le président de l'UCI, David Lappartient. Et avoir été quelque peu rassuré par ce qu'il a entendu.

« En affaires, la réussite dépend souvent de la vitesse de réaction. Hier (mardi), j'écrivais des colonnes de plus et de moins. Aujourd'hui, après avoir discuté avec David (Lappartient), mes collègues et mes partenaires d'affaires, j'ai réalisé que nous sommes des millions comme moi, qui sommes confrontés à une situation comme celle-ci », a d'abord déclaré Arsenault en entretien téléphonique avec La Presse canadienne.

« J'ai donc décidé de prendre la situation d'un côté positif, et d'adopter une position pour défendre le cyclisme mondial. Je dois donc défendre les GPCQM, mais aussi adopter une vision beaucoup plus large, qui va au-delà du 'me, myself and I' », a-t-il renchéri.

L'UCI a ainsi confirmé que le Tour de France 2020 sera déplacé du 29 août au 20 septembre, tel que le rapportaient L'Équipe et Le Parisien, mardi. Pour leur part, les GPCQM doivent se dérouler les 11 et 13 septembre.

« Si je maintiens ces dates, il faut que ça concorde avec toutes les planètes sportives. Et en Europe, il faut que les interdictions soient levées. Donc, je dirais qu'on a 25 pour cent de chances de poursuivre nos travaux selon nos plans initiaux », a déclaré Arsenault.

« Ce n'est pas seulement le calendrier cycliste; je ne ferai pas le Grand Prix cycliste de Montréal en même temps que le Grand Prix du Canada, si (François) Dumontier choisit la date du 4 octobre, par exemple. Et il ne faut pas oublier tout le calendrier culturel, que je respecte beaucoup. Donc, les dates des 11 et 13 septembre sont limites. »

L'organisme qui chapeaute les épreuves cyclistes sur la planète a précisé dans son communiqué que le plus grand nombre possible d'épreuves de l'UCI WorldTour - un circuit auquel appartiennent les GPCQM - seront reprogrammées plus tard dans la saison. Le problème, c'est que la fenêtre pour déplacer les GPCQM est assez courte, en raison de la réalité climatique québécoise.

« Je ne suis pas un organisateur de courses de 'fat bikes' sur neige. Ce n'est pas seulement pour les organisateurs et le public. Nous avons d'immenses privilèges de vivre au Québec, mais pour le vélo, à la fin septembre, il faut tourner la page. En 1992, le calendrier avait placé notre épreuve le 5 octobre, nous étions presque dans la neige - il faisait 4 degrés Celsius - et seuls huit pour cent du peloton a terminé la course. Ce qu'il faut, c'est donc de la transparence et de l'honnêteté », a martelé Arsenault.

Outre l'annulation, divers scénarios sont encore sur la table pour les GPCQM, a assuré le principal intéressé.

« On m'a offert de présenter les GPCQM en même temps que le 'Giro', puisqu'on l'a déjà fait en même temps que la 'Vuelta'. Il y a une possibilité, mais ce serait donc en octobre"», a mentionné Arsenault.

L'UCI a précisé qu'elle poursuit son travail, en parallèle et en collaboration étroite avec les différentes parties concernées, pour être en mesure d'annoncer au plus tard le 15 mai 2020 - la date butoir, selon Arsenault - une version remaniée du calendrier international.

Arsenault assure cependant que la survie de son événement, qui en serait à une 11e édition cet automne, n'est pas menacée.

« Nous gérons très, très bien nos finances. Nous avons dû mettre à pied une partie de nos employés, en attendant de savoir où nous nous dirigeons. Cependant, je suis certain que les Grands Prix seront encore là dans 25 ou 30 ans puisque tous les rapports économiques -  et je pèse mes mots - font état d'un ratio de 10 contre 1 en termes de retours sur les investissements », a-t-il évoqué.

"Nous, on a développé ça depuis 10 ans. Si tous les astres s'alignent, si la sécurité de tous les membres des équipes est garantie et si le transport aérien a repris de manière suffisamment efficace, alors nous tiendrons nos épreuves aux dates prévues. C'est pour ça que nous avons choisi la date du 15 mai pour rendre une décision. À la fin mai, nous serons dans l'obligation de dire: 'voilà où nous en sommes'", a-t-il résumé.

Pour ajouter à la complexité de la tâche qui pourrait attendre les GPCQM, l'UCI a également indiqué dans son communiqué que la Grande Boucle sera suivie des Championnats du monde de cyclisme sur route d'Aigle-Martigny, en Suisse, dont la plage horaire demeure inchangée du 20 au 27 septembre.

Le Tour d'Italie succédera immédiatement aux Mondiaux, et cette séquence infernale culminera avec la tenue du Tour d'Espagne _ même si les dates de ces compétitions restent à déterminer.

L'UCI a ajouté que les plus prestigieuses épreuves sur route d'un jour, c'est-à-dire Milan-San Remo (Italie), le Tour des Flandres (Belgique), Paris-Roubaix (France), Liège-Bastogne-Liège (Belgique) et le Tour de Lombardie (Italie) se dérouleront toutes cette saison,

à des dates encore indéterminées.

Ce calendrier restera toutefois conditionné à la situation sanitaire mondiale, en lien avec la pandémie de COVID-19.