De La Porte Saint-Denis à RDS, en passant par l'hôtel de ville, CKVL, Dimanche Matin, Montréal-Matin et le Journal. Et j'en passe. On peut dire que Jean-Paul Chartrand Sr, le patriarche du Réseau des Sports, en a fait du chemin au cours de sa brillante carrière ponctuée de mille et un souvenirs. Certains inoubliables. D'autres qu'il préférait peut-être oublier. Malgré ses 78 ans --il aura 79 le 11 janvier 2010-- le paternel ne songe nullement à la retraite.

"Jamais de la vie. Je suis encore bon pour 20 ans. Naturellement si Dieu le veut, comme dirait Edouard Carpentier, ainsi que mes patrons, pour lesquels j'ai une admiration sans borne", de dire Jaypee.

Avant d'entreprendre cette étincelante carrière, notre héros a oeuvré dans le monde des cabarets et clubs de nuit, grâce à son beau-frère, Jean Ladouceur, l'oncle de Pierre Ladouceur, journaliste sportif à La Presse. Il a aussi touché à un domaine fort différent comme fonctionnaire à l'hôtel de ville de Montréal durant onze ans. Puis ce fut le Six Jours cyclistes organisés par Jean Ladoueur au Centre Paul-Sauvé, de l961 à l963. Il a ensuite paradé au "Montréal-Matin", "Dimanche Matin", CKAC, CKVL, le Journal de Montréal, le Forum comme remplaçant de Claude Mouton à titre d'annonceur maison aux matchs du Canadien et il en passe. Mais il a toujours été convaincu, semble-t-il, que dans la vie, il faut deux jobs pour arriver à arriver.

"C'est Guy Desormeaux qui m'avait embauché à RDS....en "attendant". Pour quelques jours. Cré moé, cré moé pas, j'suis encore là. Je me souviens de ma première émission. Un festival national de fer à cheval. Oui, oui. Ce fut un succès retentissant. Puis j'ai touché à tout avant de me concentrer sur les sports de combats. À ce sujet, j'aimerais souligner mon admiration pour Yvon Michel avec qui j'ai travaillé dans l'harmonie depuis plusieurs années. L'un de mes meilleurs amis avec Jean Pagé, un expert de chasse et pêche que j'ai connu à "Montréal-Matin" et qui a ensuite fait ses preuves à RDS. Yvon et Jean, deux gentlemen.

Des amis d'enfance

J'ai personnellement connu Jean-Paul Chartrand Sr au Jardin de l'Enfance dans les années "30, angle des rues Berri et Demontigny, où se trouve aujourd'hui l'Université du Québec à Montréal. On a fait notre première communion ensemble à l'église St-Jacques, flanqué de feu Robert Rivet, anciennement de CKVL et du canal 10. C'est Jaypee qui m'a appris que les bébés ne venaient pas des sauvages. Ce n'est pas soeur Médard-Marie qui m'aurait annoncé une telle nouvelle.

Un jour, au Journal de Montréal, Jacques Beauchamp lui avait fait des remontrances, parce qu'il l'avait aperçu dans la décapotable de CKVL, en train de faire la description du défilé de la coupe Stanley remportée par le Canadien, alors qu'il aurait dû couvrir le camp d'entraînement des Alouettes. L'argument a été de courte durée. Jaypee a "crissé" son dactylo par la fenêtre en bas du deuxième, soit sur le terrain de stationnement, et a "décâlissé". Du Chartrand tout craché.

Dans cette longue et palpitante carrière, Jaypee a surtout côtoyé du bon monde, mais il y en a un qu'il n'oubliera jamais. "Pierre Gobeil a poignardé Jacques Barrette pour finalement obtenir son poste de directeur des sports à "Montréal-Matin" aux débuts des années ‘70, soit après le départ de Jacques Beauchamp pour le "Journal". Celle-là, je l'ai toujours eu sur le coeur. J'ai compris pourquoi on surnommait alors Gobeil le poignard", de raconter le "père". Gobeil, à propos, est décédé l'hiver dernier.

Éloges de son fils

Tout le monde connait Jean-Paul Jr, qui a déjà 25 ans sous la ceinture à TVA. "Mon père a du métier. Du vécu. J'ai su profiter de sa vaste expérience en plusieurs occasions. C'est un phénomène. Un bourreau de travail. J'en suis très reconnaissant. Mais soyez assurés que je n'ai nullement l'intention d'éclipser ses records de longévité dans le métier. Quand l'heure de la retraite aura sonné je n'hésiterai pas à passer mes hivers en Floride, les deux pieds dans le sable ou encore sur les terrains de golf", de révéler junior.

Faudrait bien demander au paternel s'il caresse les mêmes ambitions. "Alors Jaypee, la retraite et la Floride, c'est pour quand?"

"Je veux mourir sur la job. Et puis à bien y penser, es-tu fou? Ça prend de l'"argin".

J'y avais pas pensé.