C’était aux championnats régionaux du Canada Est 2013, à Toronto. Le dernier évènement vient de prendre fin, confirmant une autre certitude: Albert-Dominic Larouche demeure le roi de la région, et retourne aux Jeux CrossFit pour la 3e fois. Il sort de l’aire de compétition pour retrouver son père, Yves, qui le prend dans ses bras en sanglots et lui mentionne à quel point il est fier de lui.

À une époque où le CrossFit était encore marginal au Québec, celui qu’on surnomme Capitaine Canada dominait allègrement la région, et devenait une force tranquille sur la planète. À sa première année aux Jeux, il remportera une épreuve, et à sa deuxième, il terminera au 12e rang cumulatif. On ne le saura que plus tard, mais il inspirera les jeunes prodiges qui ont du succès en ce moment: Samuel Cournoyer, Alexandre Caron, Jean-Simon Roy-Lemaire et Jeffrey Adler.

Sa feuille de route reste impressionnante: 5 présences à Carson pour les Mondiaux, 2 victoires en équipe au Wodapalooza (2016 et 2018), 1 victoire aux Granite Games en 2015, et une victoire avec équipe Canada au CrossFit Invitation en Allemagne, en 2013.

 

Après une « fin » de carrière individuelle abrupte en 2017 à cause d’une blessure importante au dos, le voici, près de 3 ans plus tard, de retour; il a accepté l’invitation du prestigieux Wodapalooza de Miami, pour compétitionner dans la catégorie élite.

 

 

Le retour

 

Rien n’annonçait un retour dans le cas de Larouche, lui qui pratiquait plutôt la dynamophilie dans la dernière année. Puis, une cascade d’évènements a fait en sorte que celui-ci décide de reprendre du collier. Premièrement, la naissance de son fils William. Deuxièmement, cette invitation inusitée de Miami.

« Au début, Lili (Barassin, sa conjointe) et moi faisions des blagues avec ce retour potentiel. Puis, William est né et j’ai recommencé à faire du CrossFit durant mon congé parental. On en a discuté ensemble, et c’est quelque chose qu’on avait le goût de vivre en famille; la préparation, la compétition, le voyagement. On va le faire tous les trois. Alors j’ai dit oui sur un coup de tête, à 6 semaines de la compétition », explique-t-il.

 

Les attentes sont plutôt modestes de son côté. Il gardait un souvenir amer de comment les choses se sont terminées au East Regional de 2017 (la blessure), et voit cette opportunité de retour comme une 2e chance de tomber en amour avec ce sport.

 

« Je n’avais plus de plaisir à toujours m’entraîner et je n’arrivais plus à apprécier le moment, à cause du stress. Maintenant, c’est différent. Si je n’ai pas de plaisir dans la prochaine compétition, je tire la plogue. Et si ça va bien et qu’on aime ça, bien il y en aura d’autres. Je ne me fais pas d’attentes de performance, mais une fois qu’on nous donnera le “3-2-1-Go”, je vais tout donner. Et qui sait ce qui peut arriver, avec le nouveau système de qualification… », ajoute « ADL », qui ne ferme d’ailleurs pas la porte de prendre le plancher aux Atlas Games, évènement sanctionné CrossFit prenant place à Montréal en mars.

 

On l’a dit plus tôt, sa dernière année a été principalement focalisée sur la force et la puissance. Au passage, il aura ajouté 15 livres à sa charpente, qu’il devra faire fondre un peu avant Miami, afin de ne pas trop nuire à sa gymnastique. Par contre, le gain en force pourrait grandement aider, lui qui n’était pas particulièrement spécialiste dans ce registre.

 

S’il n’y a qu’une certitude sur la planète CrossFit, c’est qu’on n’en a aucune, justement. Mais il fera certainement plaisir de revoir un des pionniers québécois sur la scène compétitive, que ce soit pour un week-end ou quelques années.