Alex Vigneault : le revenant
En forme mercredi, 3 juil. 2019. 14:21 jeudi, 12 déc. 2024. 12:22Listen to "Les Jeux CrossFit 2019 avec Michèle Letendre - 11 juil. 2019" on Spreaker.
Il y a peu de choses que l’on peut prendre pour acquises lorsque l’on choisit de compétitionner dans le sport du fitness. Surtout: réussir à se qualifier aux championnats mondiaux, année après année.
Alex Vigneault a pris d’assaut la planète CrossFit en 2014. En échappant sa qualification pour les Jeux CrossFit sur un bris d’égalité à ses premiers régionaux du Canada Est en 2014 - battu par Paul Tremblay - l’athlète de CrossFit Québec City a brillé au East Regional l’année suivante en terminant 2e derrière… un certain Mat Fraser.
À son année recrue aux Jeux CrossFit, il excelle avec une 11e position. Rang qu’il améliorera dès la 2e année, enregistrant le meilleur résultat d’un québécois avec une 9e place.
Une étoile était née, et rien ne semblait vouloir arrêter le jeune Vigneault. Sauf que les choses changent vite, dans le petit monde des courses d’exercices.
Après une excellente performance dans le Open en 2017 - 3e au monde - Alex se déchire partiellement le muscle pectoral droit quelques jours avant le championnat régional, lors d’une pratique des épreuves à venir. Rendu à Albany, il doit déclarer forfait après 2 épreuves, mettant fin à ses espoirs.
Puis, en 2018, il est frappé par une sinusite/bronchite dans la semaine avant ces mêmes régionaux. Les contrôles anti-dopage l’empêchant de prendre des antibiotiques, il terminera au 25e rang, lui que l’on voyait chauffer Patrick Vellner pour la tête.
Dans un sport où les carrières sont courtes et où l’on doit encore composer avec les aléas du quotidien (Alex est toujours aux études pour devenir policier), perdre 2 ans de compétition sur le plus gros plateau est relativement considérable.
“Je n’ai jamais arrêté de m’entraîner dans ces 2 années-là. Ce sont des circonstances en dehors de mon contrôle, mais je savais que cette année, je ne devais pas laisser des circonstances extérieures me sortir des Games pour une 3e fois. La flamme aurait été dure a aller rechercher pour moi, de rester motivé pour atteindre mes buts.” confie le principal intéressé. “J’ai adapté mon entraînement aussi, je le fais plus intelligemment, plus axé sur le CrossFit en tant que tel, et aussi sur ma récupération et nutrition. Je vieillis moi aussi!” dit-il avec le sourire.
Le grand retour
Pour utiliser une expression mythique: “c’est jamais fini tant que c’est pas fini”. Ou quelque chose de semblable.
Le changement de format annoncé en août dernier par les autorités des Jeux CrossFit a vraisemblablement donné un nouveau souffle à Vigneault, lui donnant l’occasion de s’entraîner chez lui, et d’obtenir son billet pour Madison en conjuguant ses études, au lieu de se préparer pour des championnats régionaux, ou des évènements sanctionés à l’international pour lesquels il n’aurait pas pu obtenir congé de l’école.
“J’ai du faire mes 5 semaines du Open en même temps que mes certificatives à l’École Nationale de Police! Historiquement, j’ai une constance dans le Open année après année, mais cette fois-ci c’était différent, j’étais complètement en dehors de ma zone de confort. À la dernière semaine, je me sentais complètement vidé! Mais au final, c’est à Madison que ça compte… Je voulais simplement me qualifier, peu importe le rang.”
Mission accomplie, donc. Maintenant qu’il est de retour, désire-t-il reprendre là où il a laissé en 2016, ou encore s’attend-il à une réadaptation?
“Quand j’ai fini 11e et 9e à mes deux premières années, je ne pensais pas trop à ma stratégie sur chaque épreuve. Je compte faire mieux que ma dernière année aux Jeux: j’analyse et décortique beaucoup mieux mes performances que dans le passé. J’aimerais me rapprocher du podium, mais c’est certain que pour atteindre ça, tu as besoin d’un parcours sans fautes.” ajoute-t-il, avec une certaine sagesse et humilité dans la voix.
Parlant de sagesse, quand on discute du futur, la réponse vient spontanément: “L’an prochain, je serai policier à temps plein. Je ne pourrai donc plus mettre les mêmes heures et la même énergie sur mon entraînement. De réussir à conjuguer mon nouvel emploi et rester compétitif comme athlète aux Mondiaux serait tout un accomplissement! Je veux vraiment atteindre ça.”
Bonne nouvelle. C’est ce qu’on souhaite, nous aussi.