Courir... et chanceux d'être en vie !
En forme lundi, 13 déc. 2021. 06:29 samedi, 14 déc. 2024. 01:50Juste 30 ans le 4 juin dernier. Et pourtant, tout ce qu’il a vécu et traversé.
Une vie incroyablement mouvementée, composée de hauts et de bas. Natif de Drummondville, ceux qui ont connu Antonin Lauzière à bas âge doivent assurément être étonnés de la tournure des événements.
Durant son adolescence, le sport a pris toute une dégringolade au détriment du social comme il l’explique dans ses mots. Nageur, adepte de vélo, la course à pied lui semblait être un Everest à cette époque.
Avec son argent gagné à la cafétéria de l’école, il achète sa première guitare et se fracture le poignet peu de temps après. « Peut-être un test de la vie », dit-il, ancré dans son van life Dodge Caravan depuis le mois d’août dernier, stationné on ne sait où. « Je pense que j’ai une facilité pour me mettre dans la merde et en faire un spectacle. Quand il pleut, je suis du genre à chercher les rues où il y aura le plus d’automobiles pour courir. Tu vois le genre ! ».
La musique comble ses attentes. Le groupe Scream Out voit le jour. Dans le punk rock, il durera de 2005 à 2012. Chanteur au style Ninja, il sautait régulièrement dans les foules. Puis, pour des raisons hors contrôle, tout s’effondre. « J’accomplissais trop de choses dans ce groupe ce qui m’a conduit à un burn out. J’ai donné un ultimatum aux gars et ils ne m’ont jamais répondu. Pourtant, de belles opportunités s’offraient à nos yeux. »
UNE CHUTE D’UN TOIT
Quelques semaines plus tard, il tente de créer un nouveau groupe mais ça ne fonctionne pas. Il réalise rapidement qu’il se doit de canaliser ses énergies afin que ces dernières ne se retournent pas contre lui. C’est à ce moment qu’il fait la découverte de la course à pied.
Après s’être lancé dans un marathon avec peu de préparation, il décide d’enchaîner avec l’Ironman de Tremblant en 2018. « Je me suis aperçu que je pouvais compter sur moi-même pour relever des défis, que je n’avais pas besoin des autres. » Il a même donné quelques spectacles en solo et rêve un jour de partir pour les États-Unis et allier les spectacles avec les compétitions en trail.
Suivront d’autres compétitions intenses en trail dont le tour de la Gaspésie qu’il réalisa au printemps dernier sur une distance de 624 km en huit jours et douze heures, exploit qu’il rééditera cet hiver, en février 2022. On y reviendra.
Quelques jours après sa prouesse en Gaspésie, il retire de la neige sur un toit et malencontreusement, fait une chute. Il se fracture la malléole droite et se retrouve avec une plaque et six vis dans la cheville. Malgré une enflure, il devance son temps de guérison avec une intensité incontrôlable. Cinq mois plus tard, il s’inscrit à une épreuve.
Il vous dira que c’est son corps qui décide lorsqu’il en a assez, qu’il aura toujours le dernier mot. Or, avec son degré inouï de tolérance et cet acharnement à lever son cran de souffrance, il doit souvent traverser cette zone sombre qui parfois, peut lui faire payer le prix chèrement.
UN GRAVE ACCIDENT D’AUTO
Il me raconte alors son grave accident d’auto où on ne comprend pas comment il a pu survivre. « Je calcule que je conduisais avec les facultés affaiblies (extrême fatigue) sans m’en apercevoir car j’étais épuisé après des efforts physiques considérables, autant en entraînement qu’en compétitions. Une automobile qui roulait à 100 km/h est venue percuter ma portière sur mon côté à l’automne 2018. L’impact fut foudroyant et pourtant, je m’en suis sorti avec un trauma musculaire et une fracture à la hanche qui ne m’a pas trop affecté. »
Il revient alors sur sa chute d’une toiture. « Pour garder ma raison, je considérais cet accident comme un cadeau mal emballé. Je n’avais jamais ressenti autant de douleur. Je ne voulais pas décrocher de la pratique de la course à pied trop longtemps car je me demande si j’aurais pu reprendre. Je me rappelle régulièrement cette douleur et je l’utilise dans l’adversité comme point de repaire. Je me dis que ça ne peut être pire.»
Le fait de vivre dans son van life n’est pas toujours évident. « Je n’ai jamais autant couru en montagne. Je dois m’habituer à traverser des températures froides, mon corps doit conjuguer avec ce style de vie. »
Il prépare son prochain défi pour février 2022. Reprendre le tour de la Gaspésie mais dans des conditions hivernales. Un court métrage sera produit par Benoit Bisson, un photographe professionnel réputé en Gaspésie et Thomas Doucet, vidéaste. David Béru s’occupera des réseaux sociaux avec sa partenaire Chantal alors que Mathieu Jourjon verra à l’équipement ultraléger. Il veut réaliser cette aventure en 8 jours et peut-être moins si les conditions atmosphériques veulent bien collaborer.
JE VAIS PEUT-ÊTRE LE REGRETTER
Un gars de principe, il a dû décliner certaines invitations qui venaient contrecarrer ses idéologies. D’ailleurs, Antonin apporte un lien intéressant entre les deux mondes qu’il a connus, celui du spectacle et de la course à pied. « On parvient à créer une camaraderie et cohabiter avec des classes sociales différentes. Courir en compagnie d’un notaire par exemple ou le simple fait de se faire dépasser par une dame beaucoup plus âgée que toi, disons que ça vient ouvrir tes horizons. »
Afin de se préparer adéquatement à ce prochain défi, Antonin va parfois courir plus de 200 km par semaine. « Je sais ce qui m’attend pour cette 2e tentative en Gaspésie et j’ai confiance. Plusieurs adeptes auront la possibilité de courir avec moi.»
Il veut tester ses limites. Il ressent ce besoin de le faire. « Je vais peut-être le regretter à un moment donné ! », lance-t-il à la blague.
Puis, juste avant de mettre un terme à notre conversation, il m’a dit : « Notre entretien vient de me procurer une dose d’énergie pour aller courir. »
Pourtant, dehors, il pleuvait et il faisait froid. Il a certes dû souffrir comme il souhaite.
Voici le lien afin de soutenir Antonin dans sa mission.
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