On parle vraisemblablement d’une référence dans le milieu de la course à pied au Québec.

Mais qui est Dorys Langlois ? Je le connaissais de réputation mais à vrai dire, l’opinion que je me faisais du personnage se voulait bien différente.

Âgé de 59 ans, ce travailleur autonome,  instructeur en course à pied originaire de Pohénégamook dans le Bas Saint-Laurent, fut diplômé de l’université de Sherbrooke en 1985 et comme il le précisera durant l’entrevue, il s’agit complètement d’une autre époque dans cette sphère sportive.

On parle d’un coureur élite avec des performances à faire dresser les cheveux sur la tête. Et pourtant, il évite pratiquement le sujet quand je veux qu’il me rappelle ses meilleurs chronos. « Le plaisir, je ne le retrouvais pas nécessairement avec des prouesses. Le simple fait de courir en peloton, rejoindre les gars, me plaisait.»

Durant son enfance, quatre sports s’offraient aux jeunes dans ce milieu en retrait : Le hockey, le baseball, le badminton et la course à pied. Rapidement, il a tassé les Dory's Langlois #2trois premiers, optant pour l’ultime avec lequel il se sentait comme un poisson dans l’eau. Né d’une famille de quatre enfants, Dorys a deux sœurs et son frère Jeannot, quatre ans son cadet, entraîne également des coureurs à Rimouski. Il ne se gène pas pour le surnommer son cobaye car il fut le premier à bénéficier de ses conseils.

Rapidement, nous bifurquons pour apprendre que durant dix ans, il fut entraîneur de chevaux de course dans Lanaudière. Des chevaux ? « Jadis, le père de ma conjointe possédait des chevaux. » À ce moment, on se situe avant son arrivée à Montréal en 1999 avec le club Montréal Amateur Athlétique où tout a démarré avec un premier membre, Ouidiou Chiupu, qui d’ailleurs court toujours aujourd’hui.

Présentement, le MAA regroupe aux alentours de 600 adeptes alors que plus d’une centaine disposent d’un programme personnel dont Yves Boisvert et Marie-Claude Lortie, journalistes à La Presse. Les journées s’échelonnent sur plusieurs heures pour Dorys, Elles partent tôt le matin vers 6h30 et se rendent parfois jusqu’à 21h. Souvent, il doit répondre à ses nombreux courriels et le reste du temps appartient à la planification des entraînements.

Quand on parle de Dorys Langlois, on pense immédiatement à des coureurs de performance. Complètement faux comme affirmation car il me précisera que cette caractéristique devient personnelle à chacun. « Oui, il en existe des coureurs qui veulent améliorer leur temps mais il y a aussi celui en difficulté, qui veut baisser son niveau de stress, qui se retrouve dans une situation précaire, bref, de tous les genres », commente-t-il.

Dory's Langlois #3Il faut savoir que chacun y va à sa vitesse et prévaut le bonheur de se retrouver en communauté. Il peut se targuer d’être à la maison à tous les soirs et il le dit avec fierté car depuis maintenant cinq ans, le voilà papa d’une belle petite fille qui se prénomme Béatrice. « Dans le passé, les circonstances d’avoir un enfant ne se présentaient pas. Aussi, il fut un temps où je n’acceptais pas de mettre un enfant au monde dans la vie difficile que nous traversons. »

Or, avec Marylène Lebeau, sa conjointe actuelle âgée de 42 ans, se présentait une belle opportunité de procréer ce beau rayon de soleil. Il me montre alors une épinglette greffée sur son manteau. « À chaque matin, elle me remet un souvenir avant de quitter la maison. » Le couple a dû délaisser le centre-ville de Montréal suite à cette naissance pour s’installer à l’Île des Sœurs.

Vous ne le verrez jamais participer à une course. Il préfère être disponible pour ses coureurs, il se sent alors plus utile, mais ça ne l’empêche pas de s’entraîner régulièrement. « Ça ne me manque pas tellement de ne plus faire de la compétition ». En fait, il faut remonter dans le temps pour son dernier marathon. « Lors de mon 50e anniversaire de naissance, sans vraiment d’entraînement, j’avais couru la distance Nice-Cannes, J’ai terminé avec un temps de 2h58, identique à mon premier marathon à vie ! »

C’est à Houston en 1998 qu’il a récolté son record en marathon avec un 2h20. A-t-il déjà pensé qu’il pouvait abaisser la marque de 2h14 d’Alain Bordeleau ? « Jamais, il était beaucoup plus fort que moi. »

L’objectif personnel de Dorys Langlois présentement est de s’organiser pour courir le plus longtemps possible. « Comme Alice Cole ! Je ne cherche pas à me surpasser car je désire éviter les blessures qui pourraient me freiner. »

Il a investi énormément pour mener à bien sa carrière d’entraîneur. Il peut vivre actuellement de cette responsabilité et dispose même d’un comité qui le guide Dory's Langlois #4lorsqu’il doit prendre des décisions. Les personnes impliquées sont tous de ses anciens élèves sur la piste !

Depuis 2002, il bénéficie d’une entente avec l’université McGill, ce qui lui permet d’utiliser les installations douze mois par année moyennant un don annuel.

Lorsque je lui ai demandé quelle fut la plus grande satisfaction qu’il pouvait retirer de ses vingt dernière années, la réponse fut immédiate et sans hésitation. « Certes les gens qui par l’entremise de la course à pied, arrivent à relancer leur carrière et même à se sentir mieux dans leur peau. Souvent, ils se sont présentés à moi en détresse après avoir perdu leur emploi par exemple, le moral dans les talons. J’ai reçu et je reçois encore de nombreuses confidences du genre. »

 Alors, s’installe une confiance réciproque qui plus souvent qu’autrement, mène à des jours meilleurs. Dorys Langlois est beaucoup plus qu’un coach de course à pied. On parle d’un psychologue, d’un coach de vie hors du commun.