« Jeune, j’étais timide. Je me suis amélioré avec le temps ! »

On doit lui tirer les vers du nez. Peu bavard, il s’impose difficilement. Ce qui explique de courtes réponses à nos premières questions. Il se devait de s’établir, prendre le temps nécessaire. Rien n’empêche qu’il a pris sa place, et royalement ! Grâce à sa persévérance et surtout, à son immense talent.

Jérôme Bresson, 36 ans, né à Toulouse en France, a passé son enfance et son adolescence à Pau, l’une des étapes du Tour de France. Alors, on devine son acharnement pour le vélo. Voilà, sa façon de s’exprimer, de s’intégrer.

En vacances en Gaspésie en 2004, il croise par hasard Joëlle Gauthier qui le ramasse sur le pouce. Puis, quelques jours plus tard, ils se revoient par un concours de circonstances Il tombeJérôme Bresson #2 sous le charme de cette Québécoise qui changera sa vie…pour le mieux !

Il termine ses études en ingénierie électronique, un domaine qu’il ne touchera jamais. « Je ne me voyais pas, enfermé dans un bureau ». En 2012, il réussit un BAC en kinésiologie et part à l’aventure, là où il se sent le mieux, le plus à l’aise, soit dans l’activité physique.

« Dès mes premiers instants au Québec, je me suis senti à l’aise, sauf  que les montagnes, on les cherche un peu ! », dit-il, sourire en coin. Il se procure des rollers, question de reprendre la condition physique. Son premier marathon, il complète celui de La rochelle en France et l’année suivante, il obtient un 2h53 au même endroit.

Toutefois, il optera pour le triathlon, sûrement à cause de son aisance en vélo. Il parcourait des distances de plus de 100km pour se rendre à l’école. En 2006, à son premier, il sort l’avant dernier de l’eau mais termine dans les premiers rangs au fil d’arrivée.

Motivé, il s’inscrit à l’ironman à Lake Placid où il réussit à se classer pour le championnat du monde à Hawaii. Il y retournera à cinq reprises où il récoltera son meilleur temps l’an dernier avec une 64e position au classement général.

Jérôme se donne à l’effort, tout en respectant ses capacités. Il cite son abandon au 160 km de Bromont cette année où il a dû abdiquer après 130km, souffrant d’une bronchite. « Je crachais mes poumons ! J’accepte. Je comprends quand il faut arrêter. »

Puis, une tuile lui tombe dessus en 2010. Il ressent des douleurs à une cuisse. L’artère iliaque lui créera même des séquelles au niveau psychologique. Il traversera deux chirurgies et devra prendre le temps nécessaire pour se guérir avant de rebondir admirablement bien trois ans plus tard.

Frustrant car de 2008 à 2010, il concurrençait chez les professionnels, tout en conjuguant avec la pression…et vole la galère !

Apparaissent Anaïs, 8 ans et Bastien, 3 ans, qui forcément, ralentiront la cadence, sans toutefois affecter son grand talent.

Depuis 2012, Jérôme agit comme instructeur. Des débuts à Drummondville avec Trio-Max en 2015 mais depuis l’an dernier, c’est davantage de responsabilité avec le Club de triathlon de Sherbrooke qui agonisait. Depuis son incursion, le regroupement renaît de ses cendres. Il compte 28 jeunes de 5 à 12 ans et une centaine d’adultes. Il projette d’établir un sport-étude pour l’an prochain avec la polyvalente Le Triolet.

Jérôme Bresson #3Malgré toutes ses occupations, il parvient à soutirer à chaque semaine une douzaine d’heures pour son entraînement. Il vient d’établir un record de parcours pour le Canada Man au Lac Mégantic avec un 10h59 et terminé en 7e position en Norvège en trail. Pour ce dernier événement, la plate-forme Podium de Radio-Canada lui a même consacré un reportage ! « Ce fut un immense partage avec mon équipe de soutien. Terminer la compétition avec Joëlle fut également très particulier et exceptionnel.» Ce qu’il ne dit pas cependant c’est le niveau de difficulté pour le Norseman qui regroupait les meilleurs compétiteurs au monde, ce qui vous donne une idée de son calibre.

Trouver l’équilibre dans la vie, voilà un défi important pour cet athlète d’exception. « J’espère procurer une belle hygiène de vie à toutes les personnes qui m’entourent car la mienne tourne réellement autour de ces valeurs. Je n’ai rien à prouver, mes temps sont devenus secondaires, je désire tout simplement grandir avec ces expériences », reconnaissant qu’il ressent parfois le besoin de se détacher de cet univers qui comble son bonheur.

 Le 3 août 2019, il retournera en Norvège et le 29 juin, il risque de se retrouver au Méga Trail de 100km du Mont Sainte-Anne, qui constitue à la fois, le championnat canadien.

 Jérôme n’a pas encore épuisé ses ressources. Il regarde le futur avec entrain et croit qu’il lui reste plusieurs autres moments d’extase à vivre dans cette sphère.

PS : Jérôme a participé au défi 12 heures de Triathlon Québec, un événement qui amasse des fonds Jérôme Bresson #4pour promouvoir le triathlon dans le milieu défavorisé du monde scolaire. L’objectif est d’accomplir le plus grand nombre de mini triathlon (375m de natation, 10km de vélo et 2,5km de course). Il en a fait 18 pour une somme de 850$.