Son premier championnat du monde aux Jeux CrossFit, qu’elle a conquis en 2017 chez les Femmes 35-39 ans, est un peu venu comme une surprise aux yeux de tous… sauf des siens.

 

Surtout quand on fait partie des compétitrices les plus âgées, dans une catégorie féroce comprenant notamment la légende Becca Voigt, et l’ex-championne du monde Kristen Clever.

Alors de dire que Stéphanie Roy était établie comme grande favorite cette année, alors qu’elle passait chez les 40-44 ans, est un euphémisme. Pour la première fois de sa carrière, c’est elle qui partait comme grande favorite. Surprenamment, de se retrouver dans cette position a représenté un défi beaucoup plus grand que prévu.

 

« L’an dernier, j’ai grimpé le classement tout au long de la compétition. Cette fois-ci, j’ai commencé en première place. Alors je ne voulais pas me faire battre! Ça amène une tout autre perspective, et une pression additionnelle. En fait, je suis arrivée à Madison en tant que favorite, et j’ai réalisé que cela m’a mis beaucoup plus de pression que prévu… C’est d’ailleurs pour ça que j’étais si émotive après la dernière épreuve; c’est comme si je venais de m’enlever une tonne de pression sur les épaules, j’avais réussi l’objectif que je m’étais fixé », nous confie-t-elle.

 

De son propre aveu, elle a beaucoup travaillé tout au long de la saison pour se concentrer sur ses propres performances, au point où elle n’a aucunement étudié ses compétitrices (une chose facile à accomplir avec les médias sociaux aujourd’hui...), donc lorsqu’elle s’est retrouvée dans une course serrée avec deux d’entre elles, elle a dû utiliser beaucoup plus de stratégie et puiser au plus profond d’elle-même pour vaincre ces dernières au cumulatif.

 

Elle aura fini par remporter la médaille d’or par une marge de 50 points. Mais Stéphanie s’est battue jusqu’à la fin avec l’Anglaise Kelly Friel, et le championnat s’est décidé à la dernière épreuve.

« Au fil du week-end, je les avais beaucoup plus près de moi (NDLR: lors des championnats, la championne est placée dans la ligne du centre, et les compétitrices les plus près sont flanquées à ses côtés), alors je pouvais voir exactement où elles en étaient lors des épreuves. Mais on ne sait jamais quand une autre compétitrice peut faire une bonne performance et nous battre! Chacune d’entre elles était excellente  », ajoute-t-elle.

« Avant la toute dernière épreuve, mon entraîneur m’a donné un solide discours d’encouragement et de focus. Je me devais de battre ma plus proche compétitrice, et je le voulais tellement! J’étais confiante en mes moyens, car je savais que c’était une épreuve de gymnastique qui tombait dans mes forces, et moins dans les siennes. J’ai tout donné pour gagner. »

 

Avec deux championnats du monde en banque, et encore quatre années à compétitionner dans la même catégorie d’âge, on peut commencer à parler d’une dynastie qui s’installe. Cette médaille d’or lui aura permis de devenir une athlète plus complète, et beaucoup plus mature.

 

Pour reconquérir un autre championnat, elle devra continuer son travail avec ses préparateurs mentaux, Heidi Malo et Bob Fystro de « Mindgymforathletes » - qui ont d’ailleurs été présents tout au long de ces Jeux 2018.

 

Au niveau physique, l’objectif sera de travailler sur la constance, ainsi que sur la qualité de mouvement. De simples petites erreurs auront fait une grande différence entre arriver à la dernière épreuve avec 50 points d’avance et 8 points de retard.

Au fond, c’est ce qui distingue les championnes des autres: la virtuosité réside aussi dans une exécution parfaite. Ou comme on dit dans le monde du CrossFit: faire les mouvements communs inhabituellement bien.