L’aveu de Magali Audet !
En forme jeudi, 21 janv. 2021. 08:24 samedi, 14 déc. 2024. 18:59« Je n’ai qu’un marathon à mon actif, mais voilà ce que j’avais écrit sur un petit groupe de course de mon patelin. »
Dès lors, j’ai trouvé que Magali Audet nous ressemblait, nous les mordus, les adeptes de la course à pied. Reflet honnête de la situation, sincère dans ses propos qui peuvent être énoncés par plusieurs, je vous offre le petit texte qu’elle m’a fait parvenir d’un passage unique dans sa vie et qu’elle avait adressé à sa meilleure amie. Vous vous reconnaîtrez sûrement.
Juste pour toi ma belle Marianne!
Ce n’est pas dans mes habitudes de partager ces moments-là, mais le groupe est petit et ça me convient. Mon premier marathon à Ottawa en 2019. Je suis très nerveuse. Depuis quelques jours, je dis à mon cerveau qu’il s’en va faire une balade dans le pré. En entraînement, mon fessier coinçait mon nerf sciatique après les 28 km. J’appréhende de souffrir.
Moment de panique, je n’ai pas mis mon autre barre de jujubes dans ma valise. Bon, on va faire avec ce qu’on a ! Je suis prête à partir de l’hôtel, mon amie est à mes côtés, elle me prend par les épaules et me dit : « Je te l’ai déjà dit et je te le répète, t’es folle en maudit, mais tu t’es entraînée, t’es capable, tu vas le faire. » Les larmes me montent aux yeux.
En route, je lis un message d’un ami qui me dit : « Bonne chance pour ton marathon, ça va bien aller ! » Une belle pensée, ça fait du bien. Arrivée au départ, je regarde autour de moi pour trouver des visages connus, je retrouve mon ami JD, ensuite Kim et JF. Et bien sûr, ma belle Annik et Sébastien. Nadia et Mélanie me souhaitent bonne chance et se déplacent pour voir le départ. Toujours pas de trace de Pat avec qui je suis sensée partir. Je n’aime pas ça, je suis nerveuse, je ne veux pas me retrouver seule. Ouff ! Je la retrouve à la dernière minute.
Et c’est un départ ! L’objectif est en moins de 4h pour Patricia, ce qui me convient. La stratégie, faire les 22-25 premiers km plus rapidement pour se permettre de ralentir par la suite. J’ai toujours aimé partir en lion et finir en mouton dans mes entraînements. On décide de marcher aux points de ravitaillement pour bien s’hydrater, il faut prendre le temps et ne pas négliger cet aspect. On court, tout va bien, je reçois un premier texto ! Ma belle Christine qui me dit : « Go Mag go !! Bientôt au km 10. » Wow ! C’est agréable de lire ça sur ma montre. Survient une petite montée. Dans ma tête, j’entends la voix d’Annik qui dit : « Penche-toi par en avant, pas sur les talons ! Mets-toi sur le gros bœuf.» LOL ça me fait ça à chaque dénivelé.
Ça continue de bien aller, on boit, on mange des bananes et des jujubes ! On traverse le pont Gatineau ! Deuxième texto de Christine : « Moitié de fait !! Continue comme ça !! » Je vois une mascotte, je lui tape dans les mains. (Oui, je suis fo-folle, j’ai le sourire, tout va bien). On revient à Ottawa, on prend la fourche marathon et non celle du demi, là on m’a dit que c’était le bout ennuyant. Je regarde le paysage et je me dis que je suis chanceuse de pouvoir faire ça, de pouvoir vivre ça. Je suis privilégiée. Notre vitesse diminue. Au 32e km, je laisse Pat un peu derrière, j’ai besoin de poursuivre seule, je me répète que je suis choyée. Il ne me reste que 10 km, c’est une distance que j’ai presque fait à chacun de mes entrainements. J’ai mal aux jambes, mais c’est tellement rien comparativement à la douleur vécue en entraînement. J’ai de la misère à croire que rien ne coince: Bonheur ! J’écoute de la musique parce que j’en ai besoin, j’ai dansé à chaque fois qu’il y en avait sur le parcours et là, mon cerveau a besoin de danser.
Je vois une camisole grise au loin, c’est Annik. Oh je suis contente, je crie son nom, c’est rassurant pour moi de retrouver celle avec qui je partage mon quotidien, celle qui m’encourage, me conseille, celle qui fait des zippers pour venir me chercher parce que je suis une tortue. Mais là, je ne suis plus contente car si je la rejoins, c’est que pour elle, ça ne va pas. J’ai la gorge nouée. Elle me sourit et me dit : « Heille, c’est ton évènement, ne t’inquiète pas pour moi, va, continue ». Je lui tape les fesses et je continue comme si elle était toujours à mes côtés.
Un secouriste interpelle un homme âgé. Je ne me serais pas rendu compte de son état s’il n’avait pas prononcé son nom en lui demandant si tout allait bien. L’homme n’entend pas et il continue de courir lamentablement. Il a le regard livide et le secouriste le saisit par le bras afin d’obtenir une réaction, je ne sais pas comment l’histoire se terminera pour lui, mais je ne veux pas voir ça. Je continue en me disant que je suis chanceuse, je n’ai pas de douleur qui m’empêche de poursuivre. J’ai encore le sourire. Je croise au moins deux personnes allongées, qui reçoivent de l’oxygène. Je ne voudrais pas être à leur place.
Me voilà au 40e kilo. Waouh ! J’arrive !! Mes jambes sont lourdes, ma vitesse diminue, je trouve ça vraiment difficile. Je me dis : Go, ce n’est pas l’temps de lâcher. Dans 10-12 minutes, c’est fini. Je reçois un texto de Nadia : « Let’s go Mag ». J’ignore qu’elles m’attendent à l’arrivée. Petit boost ! Je franchis la ligne d’arrivée, je marche les mains sur les hanches, je ne souris plus, je suis émotive. J’entends crier mon nom, Nad et Mel sont là ! Les émotions surgissent. Pour moi, ce fut une course parfaite, ça va être difficile de revivre ça et j’en suis consciente.
Surpris de lire qu’elle décline les marathons pour le futur, elle me répondra : « Je ne crois pas courir un marathon à nouveau. Difficile de concilier travail-famille et assiduité d’un entraînement, trop exigeant. J’ai découvert le triathlon et je prends plaisir à varier les disciplines. Mais j’aime les demis par contre! »
Alors, Magali, si tu veux bien, on s’en reparle d’ici quelques années et peut-être même avant !
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