« Je suis une fille de processus. Ce qui me motive dans la vie est comment faire pour atteindre un objectif. »

Mais Martine Marois, c’est davantage. Première Québécoise à compléter le Tor des Géants, une prouesse non négligeable lorsqu’on prend conscience du coefficient de difficulté. Or,  très tôt dans sa vie, elle fut confrontée à certains obstacles.

Nous l’avons rencontrée à son domicile de Saint-Amable.

Martine Marois #4D’emblée, elle met la table et le service s’avère imposant. Déjà à 16 ans, elle se transforme en mère suite à la naissance de Kassandra âgée de 28 ans aujourd’hui et mère de Noah, six mois. Là voilà grand-maman à 45 ans, elle qui a vu le jour sous le signe du scorpion, le 5 novembre 1974 à Granby. Comme si ce n’était pas suffisant, elle en rajoute. Deux ans plus tard, naît Xavier, 26 ans actuellement. Puis, d’une autre union, il y aura Tommy, 21 ans. Wow !

Ce qui signifie que cette ex-joueuse élite de basketball traversera ses études avec la présence de ses enfants durant les séances d’entraînement dans les gymnases ! « Jeune, j’ai toujours ressenti ce désir d’explorer, de vivre à fond. C’était plus fort que moi. »

Au primaire, elle se souvient évoluer avec une équipe de balle-donnée masculine alors qu’elle était l’unique fille du clan ! Au ballon-captif, encore une fois, la seule parmi la meute masculine. « Mon frère jouait au hockey à cette époque et c’est avec une grande fierté que je trimbalais sa poche d’équipement. »

Depuis six ans seulement qu’elle court en sentiers. Sur la route, il y a eu le marathon de Montréal, 4h29 et celui de Rimouski qu’elle abandonnera au 28e km, réalisant qu’elle ne ressentait aucune forme de plaisir à y participer.

Au cégep, elle rafle tous les honneurs possibles au basketball ce qui lui facilite l’entrée à l’université de Sherbrooke à l’âge de 27 ans quand elle décide d’entreprendre une épopée qui s’échelonnera sur quatre années en kinésiologie. Elle parvient à obtenir un Bac universitaire avec ses trois enfants !

C’est à ce moment qu’un prof de l’université, Jean Hamel remarque son potentiel. « Tu es une soft leader », lui confie-t-il et dès cet instant, elle entreprend une démarche dans le but de se découvrir davantage. « J’ai décidé de copier les grands leaders de ce monde, d’essayer de résoudre mes ennuis, je me suis renseignée et je les ai imités. J’ai ainsi amélioré mes connaissances et pu parfaire mes compétences. »

Encore aujourd’hui, à chaque matin, dès 5h, elle se réserve les 90 premières minutes de la journée où elle plonge dans son soi-même.

Le Tor des Géants répondait à ses attentes. Un défi de 339 km, 30,000 mètres de dénivelé avec une limite de 150 heures pour le réaliser. Elle l’a réussi en 144 heures. Consciente qu’elle ne disposait pas d’un physique approprié, elle parvient à perdre une trentaine de livres car elle avait l’impression de traîner une ancre de bateau ! « Mon corps ne suivait tout simplement pas mon intention. »

En 2018, elle s’inscrit avec son conjoint Dany Landry et ses amis Stéphane Poulin et Maxim Simard. Ils sont tous pigés au hasard, sauf Martine. Si elle désire s’y rendre, elle devra  s’acheter un dossard d’une valeur de 3,300$. Elle n’a pas d’argent. Elle organise une levée de fonds et planifie une vente de garage. Elle amassera 2,400$. Bonsoir, elle est partie !

Il y a un problème. Elle manque d’énergie. Des prises sanguines lui confirmeront son intolérance au gluten. Puis, un médecin lui apprendra que son taux de fer est très faible. Sa participation initiale au Tor deviendra catastrophique. Mal informée, elle ne prend aucune chance et se prive de manger pour éviter d’être malade. Toutefois, au 192e km, les lumières s’éteignent. Deux responsables de la sécurité vont la ramasser. Elle parle en anglais. Complètement écartée, ils devront la redescendre sur leur dos pour être évacuée par ambulance.

Pour le Tor de 2019, même scénario. Elle n’est pas sélectionnée et doit payer 3,300$. Une autre levée de fonds s’impose et elle amasse 1300$. Elle adopte la méthode végétarienne et retrouve sa condition physique optimale. Son conjoint l’accompagne, inquiet de l’abandonner. Elle me précisera à l’oreille que même sans son appui, elle l’aurait fait quand même !

Pourquoi récidiver ? « La quête du moi intérieur, l’ouverture d’une porte car dorénavant, rien ne pourra m’arrêter. Je ne ressens plus aucune peur car le pire, c’est la mort. »Martine Marois #5

Sur 1026 participants au départ, seulement 500 ont pu conclure la distance. Cette présence lui garantissait automatiquement un laissez-passer pour l’édition de 2020 et comptez sur sa présence. « Quand ça n’allait pas bien durant le Tor, j’utilisais mes cinq sens et je faisais des High Five aux arbres ! »

Première cœliaque à conclure le Tor, considérant les 82,000 personnes diagnostiquées au Québec, Martine a une autre idée derrière la tête. Si en 2020, elle parvient à vivre le Tor des Géants en moins de 130 heures, elle se verra automatiquement éligible pour le Tor des Glaciers, une distance de 450 km avec 32,000 mètres de dénivelé.

Vous savez, on a parlé de Florent Bouguin durant l’entrevue. Vous comprenez ?