Un « premier » scandale de dopage en CrossFit, et c’est tant mieux!
Plus jeudi, 19 juil. 2018. 11:37 vendredi, 13 déc. 2024. 19:46
On dit « premier », puisque comme tout sport majeur, il est déjà arrivé que quelques athlètes échouent à des tests antidopage au fil des ans. Après les championnats mondiaux de l’an dernier, Ricky Garard, qui avait monté sur la troisième marche du podium, a dû accepter d’être banni pour 4 ans à la suite d'un contrôle positif. Patrick Vellner s’est vu attribuer la troisième position.
On dit scandale, puisque le 16 juillet dernier, 14 athlètes ont été déclarés positifs aux drogues de performance à deux semaines des Jeux CrossFit, recevant tous la même sentence exemplaire que Garard. Ces contrôles auront été effectués à la suite des championnats régionaux.
La canadienne Emily Abbott est probablement le nom le plus connu de cette liste, étant une des favorites de la foule, elle qui s'est qualifiée quatre fois pour les jeux mondiaux.
J’ai longtemps été critique de la politique antidopage des Jeux CrossFit, mais il semble qu’en donnant des sanctions aussi longues, l’organisation prend TRÈS au sérieux de garder leur compétition la plus propre possible. Comparons : les autres ligues professionnelles ne donneront que quelques matchs de suspension à leurs athlètes fautifs (quatre parties de suspension dans la NFL pour une première offense). Je lève donc mon chapeau à Dave Castro, directeur des Jeux CrossFit, et toute son équipe pour le déploiement d’efforts aussi sévères.
Soyons honnêtes et lucides, dans chaque sport majeur où de grosses bourses sont en jeu, certains compétiteurs tenteront d’utiliser des raccourcis, c’est-à-dire des substances interdites favorisant les performances. Bien que ce soit malheureux et un manque flagrant d’intégrité, chaque sport doit composer avec des scandales de la sorte. Il fallait donc s’attendre que le même phénomène touche le CrossFit, une organisation encore très jeune et en pleine ascension.
Là où le bas blesse, par contre, c’est quand on ajoute l’insulte à l’injure.
Des explications douteuses
La majorité des athlètes ayant été pris en défaut lors des dernières années ont répondu de leurs actes de façon évasive: on blâme un médecin qui aurait prescrit une substance interdite, ou encore une exposition par inadvertance quelconque, par exemple due à un “contact intime” avec une personne utilisant ces substances. Oui, vous avez bien lu. On est allés jusque là!
Avant de crier au loup sur les plateformes de médias sociaux et d’autoproclamer son innocence, tous devraient comprendre une règle de base du sport: en tant qu’athlète, chacun est imputable de ce qui entre dans son corps. Cela fait partie de son devoir de compétiteur, et rien ni personne ne devrait contrevenir à cette règle.
Laura Hosier, une des membres de l’équipe torontoise East Woodbridge, a testé positif à une substance bannie qui faisait partie d’un supplément en vente libre dans une chaîne de magasins canadienne. Elle n’a pas tenté de se défiler: bien qu’elle ne croit pas que cette substance l’ait aidé dans ses performances, il était de sa responsabilité de lire la liste des ingrédients et de s’assurer qu’elle était en droit de le consommer.
Même Ricky Garard a « accepté » sa sanction en se disant “responsable de chacune des décisions que je prendrai dans ma vie, puisque c’est ce que c’est d’être un homme.”
Je persiste et signe: rien n’explique un geste aussi disgracieux que de tricher face à d’autres compétiteurs. Mais on finit par en connaître beaucoup plus sur la personne lorsque celle-ci se défile, tente de clamer une fausse innocence.
À la fin de la journée, cela revient à mentir aux supporteurs de ce sport, à ses fans… Et à soi-même.
Vous en parlerez à ces athlètes qui n’ont pu profiter de leur heure de gloire, un moment privilégié de leurs (trop courtes) carrières athlétiques. Revenons à Patrick Vellner, qui a célébré son titre du 3e homme le plus en forme de la planète assis seul dans sa cuisine, à terminer des travaux d’université, loin des applaudissements de la foule et de la cérémonie de clôture.
Dans le cas qui nous occupe, la canadienne Meredith Root s’est vue octroyer une invitation aux CrossFit Games, elle qui avait terminé 6e. Elle aura donc une chance légitime de se faire valoir, et la planète CrossFit apprendra à découvrir une nouvelle canadienne.
Soyons-en fiers!
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À propos de Greg Lanctôt : Adepte du CrossFit depuis 2011, entraîneur CF-L2 (Kids, Competitor et Mobility), aussi compétiteur aux Regionals de 2013 à 2016.