Richard Sandark, ce phénomène qui a fait l’objet du documentaire “The World’s Strongest Boy” en 2004 a fait courir les médias et les commanditaires lorsqu’il a débuté sa carrière en culturisme à l’âge de… 8 ans. Posant régulièrement pour montrer ses abdominaux, sa flexibilité maximale, ou une force anormale pour son âge - il avait même réussi un développé couché de 3 fois son poids corporel.

Mais le phénomène a tôt fait de tourner au cauchemar, quand son père a été condamné à une peine de prison pour violence conjugale, alors que Richard avait 11 ans. De plus, il a été révélé qu’il soumettait - sans surprise - son fils à un régime alimentaire strict et jusqu’à 7 heures d’entraînement par jour, incluant 600 pompes et redressements assis, et 300 squats. En plus d’autres disciplines.Mini hercules grand

Aujourd’hui âgé de 29 ans, Mini-Hercules ne fais plus du tout de musculation, encore moins de culturisme, et sans se défiler de son passé, avoue ouvertement qu’il est passé à autre chose. Il est maintenant cascadeur sur des plateaux de tournages, effectuant des sauts de près de 50 pieds, ou encore en mettant le feu à lui-même.

 

Aussi folle qu’elle puisse paraître, cette histoire n’est pas si étrangère de celle de plusieurs jeunes athlètes qui se retrouvent dans un contexte de haute performance à un jeune âge, et donc à une surspécialisation qui mène à - pour utiliser une expression bien de chez nous - une “écoeurantite aigüe”.

Afin de faire un portrait de la situation, RDS s’est entretenu avec des préparateurs/trices physiques de différents milieux.



La solution: l’éducation

 

Un vieux dicton mentionne que cela prend un village pour élever un enfant. Cela est encore plus vrai dans le cas d’un athlète. Ses entraîneurs/euses, parents, coéquipiers comptent tous et toutes énormément à chaque étape du développement athlétique d’un enfant. Et ce, peu importe le sport.

 

“C’est une des plus grandes réalités au hockey, des jeunes qui arrivent au niveau midget et ne veulent plus jouer. Le sport n’est pas bien enseigné aux parents, et que les sports d’équipe sont des sports à développement tardif. Les jeunes ont déjà plusieurs années de pratique du sport avant même d’arriver à un âge pour se développer convenablement. C’est très fréquent, c’est même un fléau” explique Gabriel Hardy, kinésiologue et co-propriétaire du Gym Le Chalet et Tonic CrossFit.

Selon lui, la solution passe par l’enseignement, ainsi que d’informer les parents sur les dangers de la surspécialisation. Au hockey, notamment, beaucoup plus de pays misent sur une approche multi-sports et sur un développement à long terme, plutôt que de tenter de gagner à chaque saison.

 

La kinésiologue Valérie Milton, du Centre Performe Plus à Boisbriand, abonde également en ce sens. Provenant du milieu de la gymnastique, un sport ou le développement est un peu plus hâtif et les entraînements intenses débutent à un jeune âge, elle a pu elle-même s’initier à plusieurs sports avant de choisir ce qui la passionnait: “les parents doivent être alertes du niveau de plaisir et de fatigue de leur(s) enfant(s) après les pratiques et les matchs. Les jeunes sont moins appelés à questionner ce que les entraîneurs leur disent. J’ai pour mon dire que quand un jeune trouve l’activité qui lui fait le plus plaisir, on continue à le pratiquer pour être actif et en santé, ça ne devient jamais une punition! Souvent, les ados nous posent des questions et on doit garder l’oreille ouverte, en leur expliquant les faits de façon neutre, sans toutefois tracer le chemin pour eux.”

Le préparateur physique Olivier Giard confirme que l’approche multi-sports est bénéfique dans le développement de ses athlètes. “Je suis généralement contre la spécialisation hâtive. Il est préférable de vivre des expériences variées, cela apporte de meilleurs résultats sportifs à long terme, peut même augmenter les chances de se développer à un plus haut niveau, et diminue les risques de blessures causées par le surmenage spécifique. Ils seront plus efficaces à apprendre et exécuter des mouvements dans la vie quotidienne, car on favorise leur développement moteur.” analyse-t-il.

 

“Laissons le soin aux professionnels de développer nos jeunes, et évitons de prioriser la victoire. Chaque saison devrait être vue comme une étape, et non une finalité. Misons plutôt sur le plaisir et l’excellence à long terme. Tout le monde y gagne.” conclut Gabriel Hardy.

De sages paroles.

 

Pour plus de contenu dans ce genre, abonnez-vous au groupe RDS | En Forme

Aussi à lire : 8 mars: trois coaches inspirantes!