Grand Prix du Canada : attention au contrat

Tout le monde l'affirme, de Bernie Ecclestone au ministre Raymond Bachand en passant par le maire Gérald Tremblay : l'aspect financier du prochain contrat du Grand Prix du Canada est réglé, ne manque plus qu'à finaliser quelques “points de détail”.

Il y a pourtant un aspect du contrat qui inquiète : les 4e et 5e années du contrat.

Depuis le début, les rumeurs font état d'un contrat de 5 ans. Le problème, c'est que les écuries, cet été, ont signé un nouvel Accord Concorde pour trois ans seulement (2010-2011-2012).

L'Accord Concorde est un document fort complexe qui lie les écuries, la FIA et le détenteur des droits commerciaux (en l'occurrence la compagnie CVC, représentée par Bernie Ecclestone). Ce document régit à la fois les règlements et les aspects commerciaux de la F1.

Le dernier Accord datait de 1998 pour 10 ans. Les écuries ont donc disputé les saisons 2008 et 2009 sans contrat formel.

Entre-temps, et c'est très important, les écuries se sont officiellement regroupées au sein de la FOTA (Formula One Team Association) afin de faire front commun face à la FIA et Ecclestone.

C'est cette absence d'Accord Concorde qui a permis à la FOTA, au plus fort de la guerre qui l'opposait à la FIA le printemps dernier, d'envisager la création de son propre championnat parallèle pour 2010.

Finalement, un nouvel Accord Concorde a été signé, mais pour une période relativement courte. Et pour la Formule Un, 2010-2011-2012, c'est demain, ce n'est pas l'avenir à long terme !

Que va-t-il se passer à partir de 2013: les écuries vont-elles vouloir continuer de fonctionner dans le cadre (carcan) actuel, ou vont-elles à nouveau songer à reprendre leur liberté avec leur propre championnat? Impossible de deviner ce qui va se passer d'ici là.

Avoir un contrat avec le DCC (détenteur des droits commerciaux) pour 2013, c'est un pensez-y bien. Si jamais la FOTA devait organiser son propre championnat, quelles voitures le DCC offrira aux promoteurs sous contrat? Qui achèterait des billets pour une épreuve ne regroupant pas les meilleurs pilotes ni les grandes écuries?

Devant tant d'incertitude, nos politiciens peuvent-ils prendre le pari de s'engager par contrat pour 2013-2014?

En juin dernier, le maire Tremblay avait manifesté une certaine inquiétude à cet égard, alors que circulait l'idée d'un championnat parallèle FOTA. Monsieur Tremblay avait alors affirmé qu'une éventuelle entente serait assortie de clauses stipulant que les grandes écuries seraient présentes à Montréal.

Cela serait bien gentil de la part de Bernie Ecclestone, alors qu'il semble prêt à accepter une offre raisonnable pour la tenue d'un Grand Prix du Canada. Raisonnable par rapport à ce que certains pays acceptent de payer (Chine, pays du Moyen-Orient).

Une bonne entente

Sur le plan financier, le contrat discuté avec le DDC est tout à fait acceptable pour les politiciens, qui ne devraient pas avoir de la difficulté à vendre le projet aux citoyens.

Selon les chiffres du ministre des Finances du Québec, Raymond Bachand, l'entente sera rentable pour les citoyens. Oui, rentable.

L'entente prévoit un versement de 15 millions au DDC: 10 millions : gouvernements
5 millions : Tourisme Montréal

De ce montant de 15 millions, il faut déduire un pourcentage de 30% sur la billetterie, ce qui représenterait 10 millions de dollars selon le ministre.

Donc, le véritable montant versé reviendrait à seulement 5 millions de dollars.

À ce montant, le ministre Bachand oppose des revenus en fiscalité directe (et non indirecte, soit les 75 millions de retombées économiques que l'on évoque habituellement) de 15 à 18 millions.

Le retour du Grand Prix du Canada à Montréal serait donc une affaire rentable pour Montréal, Québec et Ottawa.

Je vous entends dire: Bernie Ecclestone ne fait pas de mécénat! Un Grand Prix à 15 millions par année, c'est bien peu compte tenu de ses exigences actuelles.

Le contrat qui est sur la table offre au DDC, outre la somme fixe de 15 millions, 70% de la billetterie, soit un montant estimé à 23 millions par le ministre Bachand. Pour un total de 38 millions.

Bien sûr Ecclestone devra maintenant s'occuper de l'organisation de l'événement, ce qui requiert un budget de 10 à 15 millions. Donc un bénéfice net de 23 à 28 millions. L'an passé, il exigeait 35 millions alors que nos gouvernements lui offraient 22 millions.

Le DDC recevrait donc un montant acceptable, en plus de répondre aux vœux des écuries/constructeurs de disputer une course en Amérique du Nord. Cela ferait aussi le plaisir des télévisions européennes qui pourraient ainsi diffuser une course aux heures de grande écoute.

Tout le monde est content !

Si seulement il n'y avait pas cette question épineuse de 2013-2014