MONTRÉAL – « Quand tu gagnes, c’est grâce au quart-arrière et quand tu perds, c’est la faute du quart-arrière. Voilà ce que j’ai appris de mon expérience dans la LCF. » Kevin Glenn le dit avec un sourire en coin, mais surtout avec un fond de vérité.

À 37 ans, ce n’est pas la première fois – et peut-être pas la dernière – que Glenn perd son poste de numéro un au profit d’un coéquipier.

Cette fois, il a dû céder son privilège à Rakeem Cato puisque les Alouettes recherchent à tout prix un vent de fraîcheur pour relancer leur attaque moribonde.

« C’est une décision d’organisation. Ça ne se limite pas au remplacement d’un quart-arrière, on veut observer ce qu’on possède pour l’avenir à cette position. On doit aussi instaurer de la compétition sur la ligne offensive et partout aux autres positions. En écartant nos performances de 41 et 43 points, on marque en moyenne 15,1 points par match alors que la moyenne tourne plus autour de 26 ou 27 points. On ne fait pas assez bien, on doit trouver des façons de créer des étincelles », a expliqué Jim Popp, qui demeure aux commandes comme entraîneur-chef et directeur général.

Si Popp est critiqué pour sa gestion, force est d'admettre qu'Anthony Calvillo n’a pas encore pris son erre d’aller avec son nouveau chapeau de coordonnateur offensif. Il n’est pas gêné de l’admettre, mais il désire aussi trouver les meilleures combinaisons pour étaler ses stratégies.

« On a évalué toutes les positions en attaque puisqu’on a une fiche de 3-7. Je tiens à dire que tout commence par moi par rapport à nos problèmes à marquer des points. On essaie de voir ce qu’on peut changer et on veut évaluer notre jeune quart-arrière. On connaît aussi des problèmes sur la ligne offensive donc a procédé à une certaine rotation (à l’entraînement lundi) pour que les gars réalisent qu’ils doivent mieux jouer », a détaillé Calvillo avec humilité.

Les prochaines rencontres permettront donc de déterminer si la présence de Glenn freinait les ailes de l’offensive montréalaise. Par contre, selon des confidences recueillies par le collègue Didier Orméjuste, quelques joueurs doutent qu’un changement à cette position soit la solution aux déboires du club.

À ce propos, les joueurs consultés à micros ouverts ont marché sur la pointe des pieds quand on leur a demandé si un changement était nécessaire au poste de quart-arrière.  

Jeff Perrett, l’expérimenté garde à droite, a eu besoin d’un long silence avant d’offrir cette réponse.

« Ça me semble évident que notre attaque a plus de problèmes qu’à la position de quart-arrière uniquement. Toute notre attaque éprouve des ennuis », a reconnu Perrett.

« Je suis un joueur, je suis là pour jouer, c’est ce que je peux dire », s’est limité à dire le receveur Samuel Giguère qui avait déjà exprimé son appréciation face au retour, en 2016, d’un vétéran comme Glenn.

Luc Brodeur-Jourdain, qui travaille à retrouver l’ensemble de ses capacités, a présenté une réponse plus exhaustive.

« On ne contrôle pas ça, mais je ne pense pas que Kevin constituait un problème pour nous, absolument pas même. Par contre, quand ça ne va pas bien, tu dois essayer des choses. C’est la décision de l’organisation et avec une fiche de 3-7, il faut secouer le pommier! », a consenti le costaud joueur de ligne offensive.

On pouvait ainsi sentir que la plupart des joueurs ont besoin d’être convaincus par l’idée même s’ils reconnaissent le talent de Cato. En raison de sa querelle avec Duron Carter, Cato n’a pas discuté longuement de sa nouvelle occasion comme partant.

« J’ai passablement de temps pour me préparer et étudier. Je veux écarter le négatif et accomplir mon travail. Je veux mener cette équipe à la victoire et lui permettre de s’amuser de nouveau », a proposé Cato qui n’a pas été surpris par la nouvelle apprise dimanche.

Glenn encaisse et épaule Cato

Puisque 10 parties ont déjà été jouées, Glenn comprend très bien qu’il pourrait ne pas reprendre son poste de partant cette année. La rétrogradation n’est pas facile à accepter, mais il en a vu d’autres dans sa carrière.  

« Comme n’importe quel compétiteur, je ne voulais pas que ça se produise, mais je comprends que je fais partie d’une équipe et que c’est ce qui importe. De la même manière qu’il m’a supporté quand j’avais la chance de jouer, je vais l’aider à mon tour », a assuré Glenn qui a déjà contribué à tempérer le caractère de Cato, lundi.

Bon politicien, Glenn n’a pas voulu lancer la pierre à Calvillo qui n’a certainement pas toujours sélectionné les jeux qu’il aurait aimé exécuter.

« Ce n’est pas mon travail. Quand je serai entraîneur, je pourrai le faire », a noté le vétéran quart.   

Glenn tentera d’offrir des outils à Cato pour qu’il puisse démêler les nœuds qui ralentissent le talent de l’unité offensive. D’ailleurs, Glenn a admis que le contexte du moment pourrait être périlleux pour un jeune athlète comme Cato.

« La situation actuelle pourrait être difficile sans support. Ça peut être exigeant et s’accompagner de degrés supplémentaires de pression et de stress », a admis Glenn.

Le quart-arrière de 37 ans aurait aimé relancer l’attaque, mais le changement était devenu inévitable en raison des récentes performances du club. Popp a tout de même voulu préciser ce point.   

« Notre choix n’est pas un désaveu directement envers Kevin, il faut voir ce qu’on possède derrière lui. Ça ne veut pas dire non plus que les joueurs qui ne seront pas à leur poste ne reviendront pas sur le terrain », a relevé Popp sur les choix qui seront axés sur le rendement.

D’ailleurs, Vernon Adams fils pourrait également être envoyé dans la mêlée à court terme. Jonathan Crompton n’a pas été écarté de l’équation non plus s’il démontre de l’aplomb à son retour de la liste des blessés.

Jeff PerrettAu sujet de la ligne offensive, Jacob Ruby et Philip Blake semblent sur la corde raide. Jake Piotrowski et Michael Bamiro semblent les candidats les plus susceptibles d’obtenir un essai sur cette unité qui ne répond pas aux attentes.

Ce n’est pas pour rien que Perrett a été le joueur qui s’est adressé à tous les membres de l’attaque en début d’entraînement. Le garde à droite est frustré par la glissade de sa formation.

« C’est le temps qu’on prenne les choses au sérieux, on doit commencer à gagner des matchs. J’aurais probablement dû le faire avant, mais je voulais insister sur le fait que c’est important la manière dont on s’entraîne. Il faut investir le travail et pas seulement le jour du match », a raconté Perrett qui n’est pas du style à parler pour rien.

Les modifications sur la formation partante servent à relancer les Oiseaux, mais également à préparer l’avenir puisque l’organisation ne pourrait pas se permettre une autre saison similaire l’année prochaine. Popp a tenu à affirmer que la concentration n’est pas déjà orientée vers 2017.

« Absolument pas! On essaie de gagner des matchs de football chaque semaine donc on essaie de déterminer la meilleure combinaison », a conclu Popp.

En terminant, Corbin Louks a été libéré à la suite de ses performances décevantes dans les matchs. Les dirigeants ont déterminé qu’ils préfèrent accorder des occasions à d’autres receveurs dans les prochaines semaines.