MONTRÉAL – Les éliminations sont toujours cruelles dans le monde du sport, mais celle des Alouettes de Montréal avait un cachet différent. Il ne suffisait que de quelques secondes dans ce vestiaire, après la défaite, pour confirmer que ce groupe possédait un lien spécial.

 

On ne comptait plus les joueurs qui pleuraient à chaudes larmes et ceux qui devaient recevoir de très longues accolades pour diminuer leur peine. Disons que ça n’arrive pas souvent de voir un groupe tissé aussi serré.

 

Dans le cas de John Bowman, on se doutait qu’il serait très émotif puisque ça sent – encore une fois – la fin de son magnifique parcours dans la Ligue canadienne de football.  

 

« Je suis fier de la façon dont s'est battue cette équipe. C'est l'une des pires demies que j'ai vues depuis longtemps, mais on s’est battus en deuxième demie pour nous donner la chance de gagner cette partie. On ne s'est pas écrasés et on a pu voir nos vraies couleurs en deuxième demie », a confié Bowman.


« Je ne pourrais pas être plus fier de cette équipe, de l’effort déployé par les joueurs. Je me sens privilégié d’avoir pu en faire partie. On forme vraiment un groupe de battants, de no name. Plusieurs joueurs ont gagné en notoriété avec leur travail cette année. Personne ne se pointait du doigt, on se relevait. Je suis juste heureux d’avoir vécu toute cette aventure pendant 14 ans et d’avoir pu jouer avec un groupe d’hommes comme celui-ci. Je suis fier de mes joueurs. J’ai eu un très beau parcours et plusieurs athlètes ne parviennent pas à jouer aussi longtemps. Je veux apprécier le tout », a poursuivi Bowman alors que des larmes lui coulaient sur les joues.

 

En raison de la prestation défensive, il fallait poser des questions sur le plan de match qui a été choisi par les Alouettes. Plusieurs joueurs ont supporté publiquement leur coordonnateur défensif, Bob Slowik, mais on pouvait lire entre les lignes un mécontentement de Bowman.

 

« Ce n’est pas à moi de décider, les stratégies sont sélectionnées et on doit les exécuter.  C’est tout », a-t-il réagi.

 

Matte a retrouvé le plaisir de jouer cette année

 

Quelques minutes plus tard, en arrêtant voir Kristian Matte, on ne prévoyait pas qu’il se laisserait autant envahir par les émotions, mais ça s’explique très bien.

 

« Le message que Khari nous a lancé en début d’année, c’était d’avoir du plaisir et je crois que les joueurs ont pris cela à cœur. On s’est tous amusés cette année. Ça fait quelques années que je suis ici, j’adore le football, mais parfois c’était difficile de rentrer au travail. Cette année, tout a complètement changé », a-t-il confié avant de sentir les émotions grimper.

« Quand on aime les gars avec lesquels on joue et quand on aime le coach, ça fait une grosse différence », a ajouté Matte qui a dû s’accorder une pause pour poursuivre sa pensée.

 

Les yeux rougis, il a confirmé que c’était une évidence que Khari Jones doit obtenir une prolongation de contrat.

 

« Absolument. J’ai eu beaucoup de plaisir cette année, j’adore tout le monde dans ce vestiaire. Je ne voudrais pas échanger un joueur, j’irais à la guerre avec eux. Ça fait mal, mais faut garder la tête haute », a jugé le joueur de ligne offensive qui peinait à digérer la défaite.

 

« Il n’y avait pas assez de magie cette fois à la fin. Je suis encore sous le choc parce que j’y crois encore dans ma tête même si je sais que c’est fini », a-t-il admis.

 

Le Québécois était tout de même en mesure de déceler le positif.

 

« Tous ceux qui pensaient qu’on n’avait rien ici à Montréal, on a été en mesure de prouver qu’on a une bonne équipe. On est en train de créer quelque chose peut-être comme ce qu’on avait avant. Si on continue ainsi, ce sera beau à voir dans les prochaines années », a dit Matte qui voyait enfin un meilleur rendement offensif.

 

« On voulait vraiment gagner pour nous, pour la ville et pour nous partisans. Ça fait mal au cœur, mais on doit garder la tête haute puisqu’on a effectué un grand pas dans la bonne direction », a mentionné Henoc Muamba.

 

Une mutinerie si Jones ne revient pas ?

 

On pousse un peu la note avec le mot mutinerie. Probablement qu'ils n'oseraient pas remettre leur chandail, comme dans le film Rudy, si Jones n'est pas retenu par les prochains propriétaires pour poursuivre son travail de reconstruction, mais on sent que ce serait inacceptable pour les joueurs. 

 

« C’est très important. Rien d’autre ne vendra des billets que de gagner des matchs. On l’a fait cette année et Khari sait comment gagner. Il est l’homme de la situation ! Il a bâti la fondation. Il accomplit tout un travail et tout le monde l’aime. C’est important de le garder à la barre de cette équipe », a témoigné Adams fils qui a tenu à rencontre plusieurs partisans après la partie.  

 

Laissons le mot de la fin à Jones qui a redonné vie à cette organisation.

 

« Je ne sais pas si ce groupe se compare à un autre avec lequel j’ai été impliqué. Il y a une proximité entre les joueurs qui est spéciale. C’était un honneur de les diriger et de les voir progresser ainsi. On a surmonté bien de l’adversité et plusieurs choses auraient pu faire dérailler le train, mais ce n’est pas arrivé. Je suis fier d’eux pour ça et je leur ai mentionné », a vanté Jones.  

 

« C’est vraiment poche de perdre ce match, mais ça n’efface pas la saison qu’on vient de connaître et les moments que j’ai vécus avec eux, c’était plutôt incroyable. »