Cinq matchs, deux objectifs
Montréal Alouettes vendredi, 4 oct. 2013. 18:41 jeudi, 12 déc. 2024. 00:50La saison des Alouettes a beau tirer à sa fin, elle n’est certainement pas dénudée d’enjeux.
Le premier est certes de participer aux séries éliminatoires. Si cela pouvait paraître hasardeux il y a quelques semaines à peine, les Montréalais pourraient faire un pas de plus en cette direction samedi après-midi, face aux Eskimos d’Edmonton.
Les hommes de Jim Popp n’ont pas le choix, ils se doivent de l’emporter. Quand on jette un coup d’œil au classement, on remarque la fiche de 5-8 des Alouettes et celle de 3-10 des Eskimos.
Malgré une saison de misère dans une section relevée (Ouest), les Albertains s’accrochent néanmoins à l’espoir d’être favorisés par la règle du croisement et de prendre part aux séries dans l’Est.
Mais pour ce faire, les Eskimos doivent conclure la campagne avec plus de victoires que les Alouettes. Une égalité ne serait pas suffisante. Ainsi, advenant une défaite samedi, les Albertains auraient ensuite besoin de quatre gains à leurs quatre derniers matchs, tout en espérant que les Alouettes s’inclinent à leurs quatre derniers duels.
Disons que ce scénario aurait peu de chances de prendre vie.
En s’imposant samedi, les Alouettes prendraient donc une sérieuse option sur le dernier billet donnant accès aux séries dans l’Est.
Ils auraient ensuite le loisir de régler le cas des Tiger-Cats – notamment lors d’une série aller-retour les 20 et 26 octobre prochains – pour s’assurer de disputer un match éliminatoire à domicile. Mais avant de s’attarder à ce deuxième défi à relever d’ici la fin du calendrier régulier, les hommes de Jim Popp ont tout intérêt à s’attarder aux Eskimos.
Quand je pense aux Eskimos, la rencontre du 25 juillet dernier entre les deux équipes me revient automatiquement en tête. Remporté 32 à 27 par les Alouettes, cet affrontement avait été chaudement disputé.
De ce match, le dernier dirigé par Dan Hawkins avant son congédiement, on se rappellera entre autres que la défense des Oiseaux avait freiné les Eskimos sur deux courses à l’intérieur de la ligne de cinq verges pour protéger l’avance et sécuriser la victoire.
Au cours de ce duel joué en deux temps, les Alouettes avaient d’abord dominé les Eskimos en première demie, si bien qu’ils s’étaient dotés d’une avance de 20-6 au moment de retraiter au vestiaire.
Mais en deuxième demie, un retour de botté ramené jusque dans la zone des buts par Cary Koch avait créé l’étincelle dans le camp des Eskimos. Ces derniers avaient ensuite ajouté un autre majeur avant de profiter d’un échappé de Brandon Whitaker – oui il jouait encore et avait notamment été élu joueur du match avec plus de 200 verges de gains – pour poser à nouveau les pieds dans la zone de but.
Soudainement, les Eskimos menaient donc 27-26 au quatrième quart. Heureusement, quelques bottés de précision réussis par Sean Whyte avaient finalement permis aux Alouettes d’arracher la victoire.
Si seulement cinq points séparaient ces deux équipes au terme de la rencontre, les Alouettes avaient néanmoins eu l’occasion d’écraser les Eskimos. Des six placements réussis par Whyte au cours de cette rencontre, quatre avaient été réalisés en deuxième demie sur des distances de 24, 24, 14 et 9 verges. C’est donc dire qu’en deuxième demie, les Alouettes ont été zéro en quatre dans la zone payante. Un manque d’opportunisme flagrant.
Un intimidant front défensif
Pour espérer distancer les Eskimos au classement, les Alouettes auront cette fois besoin d’une excellente performance de la ligne à l’attaque, qui fera face à tout un défi.
La force des Eskimos cette saison est effectivement la ligne défensive. Ce front défensif est tenace, fort, rapide et composé d’excellents joueurs. Je pense entre autres à Odell Willis, qui a réussi cinq sacs du quart en autant de rencontres, ou encore à Marcus Howard, qui a revendiqué sept sacs du quart au mois de septembre seulement. C’est sans compter le plaqueur Ted Laurent, qui est très dominant.
Bref, cette ligne défensive est très, très imposante. Si les succès passent toujours par la ligne à l’attaque, c’est encore plus le cas face aux Eskimos. Ces derniers y vont d’une pression à quatre et sont en mesure d’exercer une pression soutenue.
Quand tu as ce luxe-là, tu ne blitz pas car tu en es obligé, mais bien parce que tu veux surprendre l’adversaire. Cette défense ne ressent donc pas le besoin d’ajouter 5, 6 ou 7 joueurs pour créer de la pression car elle en génère déjà beaucoup à quatre joueurs.
Cela permet aux Eskimos d’assigner huit joueurs à la couverture du jeu aérien et d’employer des jeux plus complexes à cet égard pour menotter des receveurs identifiés comme les plus menaçants.
Plus une défense est complexe, plus un jeune quart-arrière comme Josh Neiswander a besoin de quelques secondes supplémentaires pour la décoder. Voilà pourquoi la ligne à l’attaque des Alouettes se devra d’être sans reproche. Si elle remporte cette bataille, elle offrira d’excellentes chances à l’équipe d’ajouter une précieuse victoire à sa fiche.
Reilly ou Joseph? Peu importe…
Un intéressant défi attend aussi la redoutable défense montréalaise. Peu importe contre quel quart-arrière elle est confrontée, cette unité cherche toujours à dicter le ton du match en l’attaquant à répétition.
Mike Reilly, Kerry Joseph ou Jonathan Crompton? Ce n’est pas cette incertitude qui va empêcher les membres de cette défense de dormir.
Frappé violemment la semaine dernière et victime d’une commotion cérébrale, Reilly a néanmoins pris toutes les répétitions avec la première unité offensive des Eskimos mercredi et jeudi à l’entraînement. Le quart a reçu le feu vert des médecins, mais les Eskimos refusent de confirmer qu’il sera le quart partant de l’équipe samedi.
Que les Eskimos jouent aux petits cachotiers, ça ne change absolument rien pour les Alouettes, qui ne modifieront pas leur style de jeu en fonction de l’identité du quart-arrière positionné devant eux.
Une chose est certaine, affronter la défense des Alouettes après avoir subi une commotion cérébrale il y a moins d’une semaine n’est sans doute pas l’idée du siècle. Ce serait en effet le pire scénario pour Reilly.
Les blitzs en surnombre des Alouettes ne génèrent peut-être pas énormément de sacs du quart, mais cela n’épargne pas le pivot adverse d’encaisser quantités de coups. Au contraire. Ce ne serait donc pas de tout repos pour Reilly. Sa ligne à l’attaque est certes composée de mastodontes, mais elle n’est pas la plus agile.
Bref, que les Alouettes affrontent Reilly ou Joseph, le défi reste le même et c’est de freiner deux quarts-arrières mobiles qui affectionnent particulièrement les longs jeux. Avec 31 passes de plus de 30 verges cette saison, Reilly domine la LCF à ce chapitre.
Quand Joseph est venu en relève à Reilly la semaine dernière, c’était le festival de la longue passe. Il ne les a peut-être pas toutes complétées, mais on remarque clairement la tendance.
Les Alouettes devront donc avoir à l’œil le dynamique receveur Fred Stamps. S’ils parviennent à le menotter, comme ils l’ont fait pendant trois quarts et demi lors du précédent match entre les deux équipes, les Montréalais amélioreront encore plus leurs chances de l’emporter.
Tant mieux car ils ne peuvent se permettre de l’échapper.
*Propos recueillis par Mikaël Filion