Les Alouettes auraient pu donner le ton à leur saison. La défaite aux mains du Rouge et Noir d'Ottawa jeudi est décevante. Un club veut toujours gagner son premier match à domicile pour commencer la saison contre un adversaire de section de surcroît.

Le revers est décevant, mais on comprend aussi que la partie a été marquée par quelques rebondissements comme la perte des deux premiers quarts de l'équipe. Au-delà de la défaite, il y a bien quelques aspects positifs qui méritent d'être mentionnés.

J'ose espérer que les joueurs et les entraîneurs vont tirer des leçons de cette rencontre, car il reste encore 17 parties au calendrier. Comme lors du dernier match préparatoire face à Toronto, les Alouettes ont connu un bon début de partie avec un touché rapide, mais les 56 dernières minutes du match ont été gagnées 30-3 par les Argos. Cette fois, Montréal a pris l'avance avec le majeur de Tyrell Sutton pour donner le ton à la rencontre, qui a été perdue 20-10 au cours des 56 minutes suivantes.

Les Alouettes doivent bâtir sur le fait qu'ils ont connu un bon début de match, mais ils doivent comprendre également les raisons pour lesquelles le reste de la rencontre n'a pas fonctionné.

Tyrell Sutton est un des points positifs à noter. Il a été excellent au sol. Même chose pour le botteur Boris Bede, qui était le seul en uniforme à sa position et qui a clairement aidé les Alouettes à gagner la bataille du positionnement sur le terrain. C'est une décision audacieuse des entraîneurs de laisser Sean Whyte de côté au profit d'une verte recrue. Il ne fait aucun doute que Bede a une jambe plus puissante que Whyte, mais l'ancien du Rouge e Or demeure un jeune botteur. Parfois, les équipes cherchent à bâtir la confiance d'une recrue graduellement, mais Bede a répondu à l'appel avec brio.

La moyenne nette des bottés de dégagement de Bede était de 46 verges contre seulement 38 verges pour le botteur du Rouge et Noir pour un avantage net de huit verges à la faveur des Alouettes. C'est encore plus spectaculaire avec les bottés d'envoi alors que Bede a conservé une moyenne de 77,5 verges, une performance que je ne me souviens pas d'avoir vue. À l'opposé, son adversaire a conservé une moyenne de 60 verges pour un net avantage de 17,5 verges pour Montréal à chaque botté.

Il faut lever notre chapeau à Bede pour un botté de précision de 37 verges. Il est vrai qu'il a raté une transformation d'après-touché, mais il importe de dire que le teneur Brandon Bridge a mal placé le ballon et que Bede a frappé les lacets. Il faut ajouter que Bridge est le troisième teneur dans la hiérarchie du club. Il remplace Tanner Marsh qui est sur la liste des blessés tout comme son second, Kyle Graves.

Je tiens aussi à souligner le bon travail du quart-arrière Brandon Bridge, qui est venu en relève à Dan LeFevour, qui lui remplaçait Jonathan Crompton. Il faut donner à Bridge le temps de prendre de l'expérience, mais ce qu'il a montré est intéressant étant donné qu'il n'a fait aucune répétition durant la semaine, se contentant d'observer Crompton et LeFevour en plus d'être utilisé pour préparer la défense des Alouettes en campant le rôle de quart adverse pendant les entraînements.

Bridge a démontré beaucoup de calme et de sang-froid dans les circonstances. De toute évidence, il a maximisé sa préparation mentale durant la semaine parce qu'il a été en mesure de réaliser des jeux. Il a bien distribué le ballon et il est allé chercher un peu de rythme en utilisant quatre receveurs différents, ce qu'on ne voyait pas du côté de Crompton.

Le pot

Je comprends que la perte des deux quarts a changé la dynamique de la rencontre, mais il y a des choses qui doivent être améliorées. Malgré trois interceptions en première demie, Montréal n'avait qu'une avance de huit points à la mi-temps. Ce manque d'opportunisme a fait mal au final surtout contre Ottawa qui a présenté un dossier de 2-16 l'an dernier et 0-9 sur la route. Je suis persuadé que le Rouge et Noir est une équipe où le niveau de confiance est plutôt fragile et il aurait été bon que les Alouettes passent le K.-O. rapidement. Plutôt que faire saisir à Ottawa que la soirée allait être longue, on a laissé l'adversaire s'accrocher et rester dans la partie pour se faufiler jusqu'à la victoire.

Il est clair que Crompton n'a pas été bon. Il n'a réussi que cinq de ses 17 passes pour un pourcentage de réussite de 29 %. Il a beaucoup passé à S.J. Green, mais il a forcé des ballons vers des receveurs qui étaient bien couverts alors qu'il n'en a pas lancé à des receveurs qui étaient bien démarqués. La performance de Crompton est inquiétante.

Des quarts amochés

Je m'explique mal également les choix de jeux qui ont été faits quand Bridge est entré dans la partie. Les Alouettes avaient alors l'avance, qu'ils ont d'ailleurs eue pendant 50 minutes. L'équipe ne jouait pas du football de rattrapage et ce n'est qu'à partir des dix dernières minutes de la partie qu'Ottawa a pris l'avance. Il n'y avait donc rien pour paniquer, ce qui n'a pourtant pas empêché les Alouettes de cesser le jeu au sol. Au total, les Alouettes ont tenté 28 passes et ils n'ont effectué que 14 courses durant tout le match.

Les entraîneurs vont dire qu'ils voulaient surprendre l'adversaire en demandant à un jeune quart de passer alors que tout le monde aurait été en droit d'anticiper des courses. Moi, je crois qu'il faut cesser de donner du crédit à l'adversaire et d'attendre que le jeu au sol soit stoppé avant d'envoyer des fleurs au Rouge et Noir. Dans le fond, ce sont les Alouettes qui ont arrêté le jeu au sol des Alouettes. Ce n'est pas la première fois que j'utilise cette formulation pour expliquer la situation parce que je trouve tout cela un peu décevant.

Les Alouettes, qui ont eu l'avance pendant 50 minutes et qui ont joué une partie chaudement disputée, n'ont couru que 14 fois alors qu'Ottawa, qui a tiré de l'arrière pendant 50 minutes, a couru à 29 reprises. Montréal n'a porté le ballon que quatre fois en deuxième demie contre 21 fois pour le Rouge et Noir même s'il tirait de l'arrière. À mes yeux, ce sont les statistiques les plus spectaculaires et ça me renverse. J'espère que le coordonnateur offensif, Turk Schonert, a tiré des leçons pour la sélection des jeux.

J'ai aimé les courses de Sutton. Il a toutefois connu des ennuis en protection de passes. Il s'est fait battre deux fois sur un blitz d'un demi défensif et lors de ces deux occasions, le joueur adverse a frappé solidement Crompton, dont la deuxième fois qui a mené à la blessure du quart des Alouettes. Le boulot d'un porteur n'est pas simplement de porter le ballon. Il a aussi une mission de protection.

Loin de moi l'idée de vouloir m'en prendre à l'unité défensive parce que je sais que les gars ont des attentes très élevées et qu'ils constituent la meilleure unité des Alouettes, sauf qu'il y a des situations où j'aurais aimé que cette unité soit meilleure. Au troisième quart lors du jeu truqué d'Ottawa, la défense n'a pas été en mesure de l'arrêter et il y a eu un touché. Lors d'un autre moment, le Rouge et Noir avait été stoppé profondément en zone offensive et il ne devait se contenter que d'une tentative de placement, mais Jonathan Hefney a écopé d'une pénalité stupide pour avoir nargué l'adversaire avec le résultat qu'Ottawa a obtenu un premier essai avant de réussir un touché.

En fin de partie, Ottawa a repris le ballon à sa ligne de 10 avec 3:22 à jouer et l'unité défensive n'a pas réussi à redonner le ballon à l'attaque. Le Rouge et Noir a été en mesure d'écouler tout le temps au tableau sans jamais que les Alouettes ne retouchent au ballon.

À la décharge de l'unité défensive montréalaise, elle a passé 37 minutes sur le terrain contre 23 seulement pour l'attaque. Ça n'a pas aidé, mais les attentes sont élevées. Il y a des moments dans la partie où un gros jeu se doit d'être réalisé.

*Propos recueillis par Robert Latendresse