C’est l’évidence même que nous sommes tous déçus de la performance des Alouettes lundi alors qu’on s’attendait à une prestation plus reluisante.

Non seulement je voulais assister à une victoire contre Winnipeg, mais je souhaitais qu’elle soit convaincante pour continuer sur l’élan amorcé afin d’augmenter la cadence ainsi que le niveau de confiance.

C’est définitivement un pas vers l’arrière qui a été effectué par les Alouettes. Ceci implique que les entraîneurs devront être plus créatifs dans leurs objectifs à court terme. On avait entendu Jim Popp dire que la saison comporte 18 matchs avant un premier segment de six premiers où l’excitation est au rendez-vous, le milieu de la saison sur la vitesse de croisière et les six derniers matchs pendant lesquels tu veux prendre ton élan pour entamer les éliminatoires avec le plein de confiance et de momentum.

Il avait lancé le message à ses joueurs que le plan était de gagner les six dernières parties parce que tout peut arriver à partir de là. Le tout avait bien commencé avec deux gains, mais ils viennent de perdre le troisième affrontement de cette séquence. Il faut donc repartir la machine et on pourra peut-être se consoler en divisant la saison en six saisons de trois matchs au lieu de trois saisons de six matchs.

Maintenant, le dernier droit s’amorce et il faut apprendre de cette performance décevante. Après tout, si les Alouettes gagnent les trois parties, ils pourront disputer un match éliminatoire à domicile. Il ne faut pas de perdre de vue ce bel objectif même si c’est frustrant de passer la saison à ajuster les objectifs du groupe. C’est une réalité du sport professionnel et il faut se concentrer sur les aspects positifs.

La petite saison de trois matchs devient donc le point de concentration de l’équipe.

Pour être honnête, j’avais l’impression d’assister à un match préparatoire lundi et j’aurais été capable d’accepter une telle performance dans ce contexte… C’était très brouillon comme rendement et le manque d’intensité était flagrant. Est-ce nécessaire de rappeler que c’était la 15e partie de la saison ?

Toujours du côté des aspects décevants, les Alouettes se retrouvent avec une fiche de 3-5 à domicile! Ça fait mal puisque Montréal était réputé comme un endroit difficile pour les visiteurs. Vous savez, le dossier pourrait être de 2-6 si Tanner Marsh n’avait pas orchestré une remontée improbable face aux Lions !

Les partisans ont raison de ressentir de la frustration, mais je vous assure qu’elle est encore plus grande chez les joueurs et les entraîneurs. Durant toute ma carrière, je n’ai jamais vu un joueur ou un entraîneur se lever le matin et se dire : aujourd’hui, je vais être mauvais ! Les entraîneurs ne veulent jamais choisir les mauvais jeux et les joueurs ne souhaitent jamais rater leurs exécutions sur le terrain.

Mais c’est clair que la préparation n’était pas adéquate. Je dis cela parce que les débuts de rencontre sont souvent une réflexion de la semaine d’entraînement. Autant le résultat avait été concluant à Edmonton, autant celui-ci a été désastreux. Le premier quart a été très brouillon avec quatre revirements et une intensité minime. Sans la défense, ce match aurait pu devenir à sens unique en faveur des Blue Bombers.

Deux mots : les revirements

Josh NeiswanderDe façon plus précise sur l’attaque, c’est inutile de chercher de midi à 14 heures, si tu ne protèges pas le ballon, tu ne peux pas gagner un match. C’était hallucinant de voir les Alouettes perdre contre les Bombers alors que toutes les statistiques semblaient jouer en leur faveur.

Les Bombers, l’équipe la plus généreuse de la LCF avant ce match avec 50 revirements, ont pourtant terminé la journée avec un ratio de +5 ce qui est épouvantable de la part de Montréal.

Quand tu regardes rapidement les chiffres du botteur Sean Whyte, tu peux présumer que l’attaque a connu une bonne journée car il n’a effectué que deux bottés de dégagement, mais c’est complètement l’inverse parce qu’elle a été victime de sept revirements.

En plus de cette facette destructrice, les Alouettes ont été amorphes en situation de premier essai. J’ai relevé 19 occasions que les Alouettes se sont retrouvés en situation de deuxième essai et sept verges ou plus à franchir. D’ailleurs, dix fois ce fut un deuxième essai et dix …

Ce n’est pas la première fois qu’on parle de cette faiblesse, mais ça prouve à quel point ça complique la tâche pour faire avancer le ballon surtout que tu deviens encore plus prévisible. Dans ce sens, je me suis amusé à regarder quand sont survenues les quatre interceptions et trois ont été commises en premier essai.

C’est important de préciser aussi que la passe de touché de Troy Smith a été réussie en deuxième essai et dix. En bout de ligne, si tu ne produis pas sur le premier essai, l’impact est énorme sur ta réussite en attaque.

Je prends quelques instants pour souligner le travail du receveur Duron Carter qui continue de s’illustrer. On l’a ciblé 11 fois et il a capté 6 ballons pour 82 verges, mais l’adversaire a également commis 2 pénalités d’obstruction menant à 62 verges supplémentaires. Il est donc à l’origine de 144 verges de production.

Il a été pénalisé une fois pour obstruction, mais il s’est immédiatement repris avec un long gain de 31 verges pour mener à un touché. Il continue de se démarquer et c’est évident qu’on le vise beaucoup, mais il répond à l’appel.

Neiswander ou Smith ?

Bien sûr, la gestion des quarts refait surface avec ce qui est arrivé dans cette partie. Les Alouettes espéraient gagner quatre ou cinq matchs d’affilée avec Neiswander et hausser la confiance de l’équipe. Un tel scénario aurait évité une multitude de problèmes, mais il a été chancelant tôt dans la partie et Popp a envoyé Troy Smith dans la mêlée pour fouetter sa troupe et surtout son offensive. C’est le message le plus clair et drastique et la stratégie a fonctionné.

Il a rapidement redonné son poste à Neiswander après une interception et ça laisse planer des points d’interrogation à cette position. Troy SmithÀ mon avis, c’était clair que les Alouettes voulaient employer Smith (photo à droite) à un certain point dans les matchs afin jouer de prudence. Après tout, Calvillo et Marsh sont blessés donc c’était important de lui donner un peu d’expérience puisque Neiswander n’est pas à l’abri d’une blessure.

Par contre, jouer au yo-yo ça soulève des doutes et on ne peut qu’imaginer les discussions qui surviennent entre les entraîneurs pendant les journées de préparation.

Avec trois matchs à disputer, ce n’est pas très agréable de se poser encore des questions sur le quart à employer pour maximiser les chances de réussite. C’est clair que cette situation sera à suivre de près.

On ne peut nier que Smith a créé une étincelle en entrant dans le match et tout le monde réalise qu’il possède le meilleur bras parmi les quarts des Alouettes. Mais ceux qui réclament qu’on lui confie l’attaque devraient réfléchir à un élément : les entraîneurs ont entraîneurs ont sans doute une raison de ne pas le faire.

Dans le fond, ce sont eux qui assistent à tous les entraînements et toutes les réunions. On ne possède pas l’ensemble des informations et ils sont payés pour prendre les décisions pour le bien de l’équipe.

Il faut toujours avoir en tête que ce n’est pas seulement la performance en situation de match qui dicte l’utilisation des joueurs. Ça dépend aussi de la réponse au quotidien dont dans les séances vidéos et ses interprétations des situations de jeu.

Le cruel contexte de la défense

Marc-Olivier BrouilletteC’est le même refrain qui se répète avec l’unité défensive… Malheureusement pour elle, si l’attaque ne contribue pas, elle se retrouve sans aucune marge d’erreur. On l’a constaté une fois de plus alors qu’elle a concédé seulement 309 verges sur 47 jeux offensifs de l’adversaire, mais 175 verges ont été obtenues sur 5 jeux…

C’est donc dire que 5 jeux ont mené à 57% des gains des Bombers ! C’est dommage pour la défense parce qu’elle se démène sans aucune marge de manœuvre quand l’attaque et les unités spéciales ne contribuent pas.

La preuve commence par cet exemple : avant la passe de touché de 40 verges concédée à Clarence Denmark en fin de première demie, les Bombers avaient récolté 96 verges d’attaque et seulement 28 au premier quart !

Ça s’est poursuivi en deuxième demie avec la course de 69 verges de Will Ford menant à son touché deux jeux plus tard. C’est frustrant puisque ces cinq jeux ont fait la différence et procuré la victoire à Winnipeg. Il faut aussi rappeler que deux pénalités imposées à la défensive ont annulé deux interceptions de sa part.

En conclusion, j’ai l’impression que ce match était le monde à l’envers !

Montréal se mesurait à l’équipe qui commet le plus de revirements et cet adversaire gagne la bataille sept à deux.

De plus, les Bombers étaient au septième rang pour les sacs alloués et les Alouettes n’ont pas trouvé le moyen d’en réussir un.

Ce n’est pas tout, les visiteurs étaient au septième rang pour le rendement par la course contre les Alouettes qui dominent la LCF en défense à ce chapitre. Malgré tout, Winnipeg enregistre 98 verges même s’il faut préciser que 88 sont survenues au dernier quart dont sur un gain de 69 verges.

Pour finir, ce match imprévisible confie maintenant le statut de l’équipe la plus généreuse aux Alouettes. Ils ont commis un total de 53 revirements cette saison en 15 matchs pour une moyenne de 3,5 par partie !

Chers amateurs, je vous donne un conseil, ne vous cassez pas la tête à chercher les problèmes, voilà où ils se situent.

Au moins, les Alouettes peuvent encore se reprendre avec trois matchs à disputer dont deux contre Hamilton. La troupe de Jim Popp a failli battre les Tiger-Cats lors de leur dernier affrontement si les unités spéciales avaient été à la hauteur. Bref, ils peuvent croire en leurs moyens contre eux.

Mais on peut bien y aller des plus beaux énoncés, le match de lundi a encore prouvé que tout se joue sur le terrain et non sur papier.

*Propos recueillis par Éric Leblanc